ACTUS LOCALESSANTÉSOCIALSOCIÉTÉ Retours de résidents, arrivées de fonctionnaires… La quatorzaine fixe le tempo Charlie Réné 2020-05-07 07 Mai 2020 Charlie Réné ©Charlie Réné Six semaines après la suspension des vols commerciaux, la Polynésie peut « raisonnablement envisager » le retour de ses résidents bloqués à l’extérieur. Des retours qui devront être étalés dans le temps, faute de capacités de quatorzaine suffisantes. C’est ce qu’a annoncé le président Édouard Fritch, qui s’est déplacé à la cellule de crise sanitaire, ce jeudi soir, pour s’exprimer sur ce sujet « sensible ». Pas de « faux espoirs » : dans une allocution diffusée le 7 avril, Édouard Fritch annonçait aux Polynésiens bloqués en métropole ou à l’étranger qu’ils devraient probablement attendre la fin du confinement pour rentrer chez eux. Un mois plus tard, pendant lequel le président ne s’est que peu exprimé sur ce sujet « difficile et sensible », certaines barrières semblent s’être levées. Présent pour la première fois au point presse de la cellule Covid-19, le responsable a estimé ce que le Pays pouvait « raisonnablement envisager de rapatrier ses résidents et étudiants en attente en métropole ». Seules quelques dizaines de personnes, principalement des évacués sanitaires ont pu revenir de métropole ou de Nouvelle-Zélande depuis le 28 mars et l’arrêt du trafic commercial. Mais si le Pays à l’air décidé à passer à la vitesse supérieure, les rapatriements vont encore prendre plusieurs semaines, comme les rotations de fonctionnaires d’État. Car l’important est de « continuer à maîtriser la propagation du Covid-19 ». « Une seconde vague de contamination serait insupportable aux yeux de l’opinion et placerait, en plus, le pays et son économie en situation de faillite, insiste Édouard Fritch. C’est pour cela que nous devons être rigoureux dans le protocole sanitaire et dans le confinement ». Un protocole sanitaire appliqué « à la lettre » Ce « protocole sanitaire », déjà connu, a été « défini d’un commun accord avec l’État ». « Chaque passager entrant en Polynésie, qu’il soit résident, fonctionnaire, militaire sera obligatoirement testé du Covid-19 et devra présenter nécessairement un résultat négatif avant l’embarquement à Paris, répète le président. Une fois arrivé à Faa’a, il sera pris en charge dès sa descente d’avion, embarqué dans des bus, et confiné dans des centres définis, durant 14 jours ». Édouard Fritch insiste : ce protocole « sera appliqué à la lettre ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/05/FRITCH-1-protocole-sanitaire-a-la-lettre.mp3 1 000 résidents et 1 500 fonctionnaires à acheminer Combien de personnes devront passer dans ce « sas » de sécurité sanitaire ? Les chiffres ont beaucoup varié. À ce jour, la délégation de la Polynésie française aurait recensé « 351 étudiants et 647 résidents, soit un total de 998 résidents de Polynésie en attente de retour ». Un chiffre qui ne prend pas en compte les arrivées de fonctionnaires « près de 1 500 personnes à acheminer vers Tahiti, entre fin mai et fin juillet, pour nécessité professionnelle » estime Édouard Fritch. Les capacités de quatorzaine ralentissent la marche Entre les appels à l’aide des résidents bloqués, les sorties de certains élus, dont la député Nicole Sanquer, et la comparaison défavorable avec la Nouvelle-Calédonie, qui continue son programme de rapatriement, la pression s’accentue de jour en jour sur ce dossier. Qu’est-ce qui freine le gouvernement ? Édouard Fritch a clairement indiqué ce soir que le rythme d’accueil dépendait des lieux d’hébergements disponibles pour effectuer les quatorzaines. « À ce jour, nous avons réservé une capacité de 346 chambres pour 770 lits répartis dans différents lieux », détaille-t-il. Chambres universitaires à Outumaoro, logements loués au diocèse dans la zone urbaine de Papeete ou à Mitirapa… « Cette capacité est déjà, en partie, occupée », pointe le président. Au 7 mai, et alors que certains rapatriés sanitaires vont pouvoir retourner à leur domicile, la disponibilité serait de 183 chambres. « Nous sommes aujourd’hui et nous serons toujours contraints et limités, à chaque vol de continuité, par cette capacité d’accueil », insiste le président. Des négociations seraient tout de même en cours « avec des hôtels de la place pour une capacité supplémentaire d’environ 300 chambres ». L’État pourrait développer ses propres moyens de quatorzaine pour les enseignants – avec des hôtels par exemple, ou pour les gendarmes – « sous contrôle » insiste Édouard Fritch. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/05/FRITCH-2-contraint-par-les-capacite-daccueil.mp3 Un vol supplémentaire, principalement pour le fret Un nouveau Paris – Tahiti doit se poser à Faa’a dimanche. D’après la cellule de crise sanitaire, 80 places seraient disponibles à bord, dont, encore quelques évacués sanitaires. Plusieurs dizaines de résidents bloqués devraient tout de même, si leur test Covid-19 leur permet, pouvoir embarquer. Les autres devront attendre 10 jours pour la prochaine rotation de continuité territoriale. Il n’est pas question pour le Pays, à l’heure actuelle, d’affréter des vols supplémentaires, pointe Édouard Fritch, qui renvoie encore vers le manque d’hébergement. Le président reconnait tout de même que les capacités de transit de passagers étaient elles aussi « problématiques ». « C’est un vol qui est avant tout mis en place pour le fret. J’ai dû insister auprès du Haut-commissaire pour qu’on mette un peu plus de malades dedans lors du dernier vol, mais ça a coûté la vie à plus de fret », notamment postal, explique-t-il. Raison pour laquelle le Pays envisage la possibilité d’affréter un vol d’ATN pour aller chercher ce fret. « Bien sûr que nous embarquerons dans la mesure du possible certains de nos compatriotes, reprend le président du Pays. Dans la mesure des capacités d’accueil en Polynésie ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/05/FRITCH-3-vol-ATN-supplementaire-pour-la-poste.mp3 Édouard Fritch a au passage annoncé qu’un nouveau vol vers la Chine aurait lieu le 25 mai, pour approvisionner le pays en équipements de protection, et notamment en masques. « Pas de favoritisme », mais des critères de priorité encore flous Qui embarquera en premier ? La question est posée depuis plusieurs semaines parmi les résidents bloqués mais la cellule de crise sanitaire doit encore terminer son travail sur les critères de priorités. Âge, moyens financiers, disponibilité de bourses… « Ce que j’ai demandé au PC de crise, c’est qu’il n’y ait pas de favoritisme, insiste Édouard Fritch. Il faut que les critères soient réalistes et qui nous permettent de décider sans même regarder le nom qui pourra embarquer ou non ». D’après la cellule de crise, une liste de critère est déjà établie, mettant en avant après les évacués sanitaires et équipes médicales, le handicap, la maladie, les grossesses et familles nombreuses, puis les situations de précarité. Restent tous ceux qui ne rentre pas dans ces cases, soit la majorité des candidats au Paris-Papeete. Jacques Raynal avait déjà indiqué, lundi, que la date d’inscription sur les listes de la délégation polynésienne à Paris serait prise en compte. Quant aux fonctionnaires d’État, Édouard Fritch a suggéré que la réouverture probable d’une partie du trafic aérien en juillet permettrait d’éviter de devoir choisir entre des métropolitains ou des résidents. Difficultés financières Interrogé sur les difficultés dont témoignent de nombreux résidents, le président ne s’est pas montré très inquiet. « Lorsque vous décidez de partir hors du Pays, vous prenez vos précautions », lâche Édouard Fritch, estimant peu probable le cas de figure d’un résident qui n’aurait « plus rien en poche ». Le responsable concède tout de même que cette très longue attente pouvait poser des difficultés financières à certains. « La déléguée de la Polynésie à Paris a à sa disposition de l’argent pour venir en aide de ces personnes », indique le responsable. Un « fond pour gérer les urgences », dont le montant n’a pas été précisé, est évoqué. Il serait prioritairement destiné à assurer des besoins alimentaires et d’hébergement. « Mais la très grande majorité des personnes sont logées », assure le président. 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