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Rétro 2021 : crise économique, épisode 2

L’actualité économique de l’année 2021 a été fortement marquée par l’actualité sanitaire. Quand les variants Covid venaient perturber la reprise… Malgré les difficultés, des projets aboutissent avec la réouverture du Hilton Tahiti ou encore la rénovation de deux hôtels à Papeete. Par contre, toujours pas de ferme aquacole à Hao ni même de Village Tahitien. L’actualité a aussi été marquée par l’adoption des premières réformes fiscales et sociales. Un moyen d’enrayer un emprunt qui explose ?

L’emprunt explose à la Caisse de prévoyance sociale d’abord, où une convention de prêt de 7,4 milliards de francs est signée après un premier prêt de 9,6 milliards en 2020. Il faut assurer le paiement des prestations et en attendant les effets de la réforme, l’emprunt permet de faire face aux dépenses. Mais le ministre des Finances et ancien directeur de la CPS, Yvonnick Raffin, entend bien limiter les dépenses. Dans une lettre de cadrage aux dirigeants de la Caisse, il souhaite limiter la hausse mécanique des dépenses de santé à 1% pour l’année 2022.

Du côté d’Air Tahiti Nui, une subvention assurera l’équilibre financier de la compagnie. 8,1 milliards de francs seront versés par le Pays en contrepartie d’un plan de redressement 2021-2025. En 18 mois de crise, ATN a perdu 30 milliards de recettes, soit l’équivalent d’une année d’activité. Et prévoyait de finir l’année 2021 avec une perte nette de 7,4 milliards.

Enfin le Pays emprunte également… 2,5 milliards à la banque de Polynésie et la même somme à la banque de Tahiti, et 2 milliards à la Socredo… Selon le rapport d’orientation budgétaire remis aux élus de l’assemblée, l’extinction de la dette recule à 2047. La dette du Pays se chiffrera à 152,15 milliards de Fcfp, soit un peu moins de 25% de son PIB 2020, un ratio raisonnable si l’on considère que la France prévoit un taux d’endettement de 121% à la fin de l’année.

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Des projets qui aboutissement, d’autres non

L’hôtel Hilton Hotel Tahiti, qui avait fermé en 2010, a été rénové de fond en comble et rouvert le 15 novembre. Une vaste salle de réception, trois restaurants et 200 chambres 5-étoiles, que le groupe Wane compte bien remplir dès 2022. La rénovation de l’hôtel Kon Tiki de Papeete avance à grand pas. Il devrait abriter, dès avril 2022, un « appartement hotel » de 34 clés et 48 chambres capsules, ainsi que deux étages de restaurant. Cela faisait 10 ans que le bâtiment était à l’abandon. L’ancien hôtel Prince Hinoi à Papeete, construit au début des années 1980 et également à l’abandon depuis les années 2000, est aussi en rénovation : l’établissement hôtelier portera le nom Maitai Express Tahiti. Par contre, le complexe touristique de Punaauia, le fameux Village tahitien, a connu un nouveau revers. La dernière procédure en date d’attribution de lots a été déclarée infructueuse, dans des conditions opaques. Un autre projet prend l’eau : celui de la ferme aquacole de Hao. Un rapport de la Chambre territoriale des comptes souligne les zones d’ombre qui subsistent toujours sur la faisabilité du projet et son impact aussi bien environnemental que social. Sans compter qu’Emmanuel Macron s’est clairement positionné contre le projet. L’investisseur aurait pourtant déjà dépensé 500 millions de Fcfp, selon son mandataire : si c’est vrai, où sont-ils passés ? A Moorea, ce sont les riverains du motu Temae qui s’inquiètent du rachat par le groupe Wane du domaine Enany. Côté Pays, les premières pierres du futur bâtiment administratif sur l’avenue Pouvant a Oopa et du parking situé sur l’emprise de l’ancien hôpital de Vaiami ont été posées au 4e trimestre et les travaux doivent s’achever en 2023. Et l’appel d’offres pour la construction des fermes solaires a trouvé son public avec 17 offres déposées pour des centrales qui pourraient être reliées au réseau dès 2023.

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Le feuilleton de la péréquation

5% de hausse, soit 1,8 franc par kilowatt/heure en plus sur les factures des usagers de Tahiti-Nord et de l’ensemble des concessions EDT, à partir du 1er janvier 2022. C’est le résultat de la hausse des cours des hydrocarbures et de la mise en place de la péréquation à l’échelle de la Polynésie. La mairie de Bora Bora, le Pays et EDT-Engie ont signé une convention pour l’application de la loi sur la solidarité dans le domaine de l’électricité. Une première d’une longue série : la plupart des communes sont appelées à rejoindre le dispositif avant la fin de l’année pour une application du nouveau système de péréquation.

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… Et celui des concessions

Les communes de Huahine, Tahaa, Taputapuatea et Tumaraa ont créé la société qui prendra la suite d’EDT-Engie pour la production et la distribution d’électricité, et signé avec le Pays la convention qui leur donne accès au Fonds de péréquation. Te Uira Api no Raromatai prendra les commandes le 1er avril prochain. Mais EDT continuera à assurer la production et la distribution d’électricité pendant encore deux ans aux Marquises : un accord a été trouvé à quelques heures de l’échéance de la concession. Quant aux 39% de parts de la TEP détenues par EDT, elles ont été rachetées par le Pays en septembre. La TEP a désormais la charge depuis le 1er janvier, de l’équilibre du système électrique de Tahiti.

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Aérien : des vieux débats et des petits nouveaux

De nouvelles compagnies ont été lancées en 2021 : Natireva, qui opérera sous le nom d’Air Moana, a obtenu sa licence de transporteur aérien ; elle attend désormais son certificat de transporteur aérien, et prévoit un démarrage de ses opérations au deuxième trimestre 2022.

La compagnie aérienne Motu Link Airline, qui se décrit comme une compagnie « low-cost », desservira six aérodromes : Huahine, Raiatea, Bora Bora, Rangiroa, Tikehau et Fakarava, à des tarifs « très bas ».

Côté aéroport, ça bouge aussi. La bataille pour la concession de l’aéroport de Tahiti-Faa’a sera de retour devant la justice après le recours de la CCISM, candidat malheureux. Le ministre du Logement et de l’Aménagement et vice-président, Jean-Christophe Bouissou, a présenté l’étude préliminaire du futur aéroport de Bora Bora. Il sera dimensionné pour accueillir dix jets privés et quatre hélicoptères.

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Et côté maritime…

Le nouveau ferry de 77 mètres de long a fait son entrée, au mois de mai, dans le port de Papeete. Le Terevau Piti concurrence désormais l’Aremiti sur la ligne de Moorea et des Raromatai. Mais le navire et sa société d’exploitation, distincte de celle du Terevau, sont aussi au milieu d’une bataille d’actionnaires qui ne profitera pas aux passagers.

À l’international, c’est l’embouteillage maritime ! La surconsommation, notamment par le biais de commandes en ligne, a troublé le trafic maritime mondial en pleine période de pandémie, créant un embouteillage de conteneurs, de bateaux, de trafic… et de tarifs. Le fenua, dépendant des importations, connaît également des retards sur un grand nombre de commandes depuis le début de la crise sanitaire.

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Restrictions et pass sanitaire

Difficile de réussir un événement dont l’accès est soumis à la présentation du pass sanitaire. La foire agricole se réorganise pour ouvrir sans, tout comme le salon de Noël et le marché de Noël de Papeete centre-ville.

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La guerre des opérateurs continue

En interne d’abord avec du changement à l’OPT en juillet. Les présidents de Onati (télécoms) et de Fare Rata (poste et banque postale) sont démis de leurs fonctions. Benjamin Teihotu est remplacé par Bruno Arbonel à la tête de Fare Rata, et Yannick Teriierooiterai par Thomas Lefebvre-Segard, l’ex directeur général de Vodafone, à la tête de Onati.

Et avec les autres opérateurs : Viti et Vodafone estiment que la filiale de l’OPT facture trop cher les droits d’utilisation de ses antennes et de son réseau. En décembre, le tribunal administratif leur a donné raison en demandant au Pays d’adopter de nouveaux tarifs d’interconnexion sous quatre mois. Et quand Vodafone présente une nouvelle série d’offres, Onati annonce la fin du contrat d’itinérance signé avec Vodafone pour les îles de Huahine et Raiatea.

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Ce qui a aussi marqué l’actualité économique

Des secteurs économiques s’organisent, d’autres émergent et d’autres encore espèrent. Des réflexions sont menées par le Pays : stratégie de l’innovation, stratégie de développement économique partagée du Pays… Des feuilles de route s’écrivent pour les prochaines années.

La forêt de pinus de Toovi à Nuku Hiva va faire l’objet d’une exploitation, une convention a été signée entre la société d’exploitation des bois marquisienne (SEBM) et le Pays pour une durée de 25 ans. Toujours à Nuku Hiva, une usine de transformation de fruits et d’huile vierge de coco a été créée. Certains luttent pour que le cannabis thérapeutique soit légalisé.

Les communes s’organisent pour mutualiser leurs moyens comme Papeete, Pirae et Arue qui ont signé une « charte de partenariat relative à l’assainissement des eaux usées ».

En septembre, les habitants de la Polynésie française ont découvert les nouvelles pièces du Franc Pacifique. Les anciennes sont encore acceptées jusqu’au 31 mai 2022.

Après l’éviction de son ancien président et un rapport de la CTC pointant son fonctionnement erratique, l’Autorité polynésienne de la concurrence affiche une « sérénité retrouvée », avec sa nouvelle présidente.

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La réforme fiscale pour Noël

Les fêtes de fin d’année ont été denses pour le gouvernement et les élus de l’assemblée avec le débat et l’adoption de la réforme de la fiscalité et celle de la gouvernance de la Caisse de prévoyance sociale.

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Un budget en hausse pour 2022

Et on termine avec les finances publiques. Présenté en novembre 2021, le budget 2022 atteint 212,8 milliards de Fcfp, soit une augmentation de 9,7% par rapport à 2021. Dans un communiqué, le gouvernement se félicite d’inscrire ce budget dans une « continuité cohérence-volontarisme-réalisme » avec la relance en ligne de mire.

Fin décembre, ce sont 52 projets d’investissements du Pays et 6 projets d’abris anticycloniques qui ont été sélectionnés pour bénéficier du cofinancement de l’État pour l’année 2022, soit au total plus de 15 milliards d’investissements. Toujours du côté du porte-monnaie, la Banque des Territoires, branche de la caisse des dépôts, un des grands pôles financiers de l’État, a ouvert une antenne à Papeete.

• À lire :

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