Une quarantaine de jeunes Polynésiens décolleront ce vendredi pour l’école de la gendarmerie de Rochefort où ils représenteront près d’un tiers de leur promotion d’élèves sous-officiers. Un record, comme les 464 inscrits au prochain concours du corps technique et administratif. Parmi les lauréats l’année dernière, une vaste majorité de jeunes femmes.
« Vous avez signé votre contrat, maintenant veillez à être exemplaires ». Début d’une nouvelle vie pour 39 jeunes Polynésiens, qui ont signé, à la gendarmerie de Faa’a ce jeudi, leur engagement dans le corps de soutien technique et administratif de la gendarmerie nationale (CSTAGN). « Administration et gestion du personnel » pour l’essentiel de la salle, « gestion logistique et financière » pour d’autres, « affaires immobilières » ou encore « armurerie et pyrotechnie » pour certains de leurs camarades… Des rôles de soutien, dans les bureaux plus que sur le terrain, mais des fonctions « tout aussi importantes » et dont ont « absolument besoin les gendarmes opérationnels », comme le répètent les gradés présents lors de la cérémonie.
Près de 4 fois plus de lauréats polynésiens qu’en 2019
Avant de signer cet engagement, tous ces futurs élèves sous-officiers, la vingtaine d’années pour la plupart, ont été admis à un concours national. Les épreuves, mêlant épreuves écrites, physiques, et orales, se sont étalées de septembre à janvier. « Il n’y pas de places réservées à la Polynésie, juste des jeunes gens motivés, qui ont su travailler, s’accrocher », précise le maréchal des logis-chef Thibault Miège. Des efforts couronnés de succès : au total, 74 candidats polynésiens ont été admis en 2020, contre 19 seulement l’année précédente. « Du jamais vu pour la Polynésie française et pour les territoires d’outre-mer » reprend le chef du centre de recrutement pour le fenua. Autre fait exceptionnel : la proportion de femmes, qui représentent 85% du groupe ce jeudi. Elles viendront grossir les rangs des 21% de personnel féminin de la gendarmerie ; le CSTAGN accueille une proportion encore supérieure de femmes. « Elles sont fières de représenter leur pays, leur fenua, de porter l’uniforme et elles ont vraiment à cœur de prendre leur avenir professionnel en main », reprend Thibault Miège.
Une vingtaine des lauréats de septembre sont déjà partis à l’école de la gendarmerie de Rochefort, une dizaine d’autres les rejoindront d’ici quelques mois… Les signataires de ce jeudi prendront eux l’avion ce vendredi soir. Un groupe « qui se connait déjà » et qui permettra d’amortir, un peu, le choc du déménagement en métropole. « Vous allez représenter près d’un tiers de la promotion, c’est un record », note le général Frédéric Saulnier, commandant de la gendarmerie au fenua, et qui fait passer à chacun des élèves sous-officier une petite feuille plastifiée à glisser, pourquoi pas, sous leur képi à l’avenir. Dessus, une citation du général McArthur sur la jeunesse et la force des idéaux censée leur « remonter le moral » si besoin.
Un travail stable… mais loin du fenua
La formation initiale, militaire et théorique, durera 6 à 12 mois, avant une première affectation en métropole pour 4 à 6 ans. Des perspectives qui, pour ces jeunes gens, dont beaucoup n’ont jamais quitté le fenua, engendrent un mélange d’excitation et d’anxiété. Comme pour Donae, jeune maman célibataire, attirée « depuis longtemps » par les forces de l’ordre, mais qui cherchait surtout « une carrière stable » et un « changement de vie ». Quitte à être loin de Tahiti, où « c’est pas qu’il n’y pas de travail, mais… »
Beaucoup, dans la salle espèrent tout de même retrouver le fenua avant la fin de leur carrière. « Ils pourront faire une demande au bout de quelques années, et en tant qu’originaire, ils auront une possibilité, reprend le maréchal des logis-chef Thibault Miège. Mais on ne peut pas leur garantir à 100% qu’ils reviendront, parce que les postes de techniciens, il n’y en a pas énormément ».
Un fonctionnement que n’ignore pas le vice-président Tearii Alpha, venu saluer la promotion, et qui a surtout appelé le groupe à ne pas oublier « leur culture, leur famille, et là d’où ils viennent ». Malgré ces contraintes, le succès du recrutement de la gendarmerie au fenua ne se dément pas. 464 candidats polynésiens sont déjà inscrits au prochain concours du CSTAGN aura lieu le 23 mars. « Ce qui fait encore pour la deuxième année consécutive de la Polynésie le plus gros centre d’examen de France », note Thibault Miège.