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Ricky passera Noël derrière les barreaux

Ricky a 30 ans et un casier qui compte neuf condamnations dont six pour des faits de violences, et c’est pour ce type de faits qu’il comparaissait devant le tribunal en cette veille de Noël. Il a écopé d’un an de prison ferme avec mandat de dépôt pour avoir frappé sa concubine et l’avoir menacée de mort.

Ricky, c’est un peu Docteur Jekyll et Mr Hyde. Tous s’accordent à dire qu’il est gentil et serviable en temps normal, mais dès qu’il s’adonne à la boisson, ce qui lui arrive fréquemment, il laisse libre court à son côté sombre. Ce qui se traduit par des coups sur sa compagne, sur son beau-père, à qui il a brisé le bras, le tout assorti de menaces de mort et de mettre le feu à la maison.

Ce qui l’a mené à la barre ce jeudi, ce sont trois coups de poing au visage qu’il asséné à sa concubine, le 20 décembre dernier, alors qu’elle allait le récupérer à trois heures du matin chez des proches car il était ivre mort. Il avait bu une bouteille de rhum à lui seul.

« Tout le monde vit dans la peur de Ricky »

C’est la tante de sa concubine qui a signalé les faits aux services sociaux, s’inquiétant pour ses neveux et nièces car le couple à trois jeunes enfants. « Elle est régulièrement frappée par Ricky, il la menace de mort, elle et ses enfants (…) tout le monde vit dans la peur de Ricky, nous avons peur de lui », déclarait la tante aux services sociaux. Un témoignage renforcé par celui du père de la jeune femme, « ma fille est régulièrement victime de violences. Elle porte des tricots à manches longues pour cacher ses bleus, et il nous a menacé de mort plusieurs fois et de mettre le feu à la maison. Il l’a même menacée de l’attacher à son scooter et de la trainer sur la route. Quand il boit, il est incontrôlable. » Depuis la jeune femme et les enfants ont été placés en foyer d’accueil.

Devant le juge, Ricky qui arbore un tatouage « Revenge » sur le bras droit reconnaît les faits d’une voix à peine audible. « Je les ai menacés, mais je n’avais pas l’intention de le faire. » « Pourquoi tu es si violent ? » l’interroge le juge. « C’est l’alcool.»  « tu as essayé d’arrêter ? » « J’ai signé la croix-bleue et j’ai arrêté trois ans. » « Comment tu vois ton futur ? » « Arrêter de boire de l’alcool. » « Et sinon, tu comptes revivre avec elle ? » « Cela dépend d’elle, mais moi je veux. »

Appelée à la barre, la concubine explique, « il faut qu’il se fasse soigner, car des fois, il n’est pas comme ça. » « Tu as peur de lui ? » « Non. » « Même quand il a bu ? » « Quand il a bu, j’ai peur de lui. »

« La question est, est ce que l’on peut te protéger malgré toi ? »

Le juge réfléchit à voix haute : « La question est, est ce que l’on peut te protéger malgré toi ? » De fait, la jeune femme a longtemps tergiversé avant de se décider à témoigner à la gendarmerie. « Si tu es libre de supporter la violence de ton concubin, on peut s’interroger sur le danger que courent tes enfants, et le juge peut décider de les placer. » Il la regarde fixement et assène, « si tu veux retourner avec lui, ce n’est pas dit que tes enfants te suivent. »

Pour la procureure, Ricky est conscient de son problème, « de sa violence quand il boit, pour autant il ne se contrôle pas, il continue à boire… C’est uniquement de sa faute, le seul coupable, c’est lui. » Puis elle s’adresse à la concubine. « C’est à notre juridiction d’éviter que les prochains coups soient fatals, et s’il faut l’incarcérer le jour de Noël, on le fera… Et là, peut-être qu’il comprendra. » Elle marque un temps, histoire de voir si le message est bien passé, et conclut, « aujourd’hui, il est de mon devoir de faire en sorte qu’elle soit à l’abri avec ses enfants et la solution, c’est l’incarcération. » Elle requiert 18 mois de prison dont neuf avec sursis assortis d’un mandat de dépôt, avec obligation de soins et interdiction de se présenter au domicile des victimes et de rentrer en contact avec sa concubine.

Un réquisitoire que le tribunal suivra en faisant passer toutefois le sursis de neuf à six mois. Ricky passera donc un an derrière les barreaux. « Cette violence est inacceptable. Il faut que tu passes par la case prison pour que tu prennes conscience de ton problème. On doit protéger ta concubine et tes enfants. » Ce sont les dernières paroles qu’il entendra avant de passer du statut d’homme libre à celui de prisonnier et de passer les fêtes à l’ombre.

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