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Rixe familiale sur fond de schizophrénie

Absent à l’audience ce mardi, Tarano a été condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour avoir en 2014, frappé son frère Turo à coups de marteau, lui occasionnant 30 jours d’ITT.

 C’était un peu le procès de la schizophrénie ce mardi matin au tribunal de Papeete où victime et agresseur étaient tous deux absents. Les faits se sont déroulés le 7 septembre 2014 à Mahina.

À 14 heures les gendarmes sont appelés pour mettre fin à une rixe familiale opposant deux frères. Tarano, alors âgé de 36 ans, et Turo âgé de 34 ans.

À leur arrivée ils trouvent Tarano à califourchon sur son frère, le plaquant au sol. Turo a la tête couverte de plaies, auréolée d’une flaque de sang. À coté, un marteau et un peu plus loin, une prothèse de jambe. Spectacle quelque peu inhabituel, même pour les forces de l’ordre.

« Il a pris ma prothèse de jambe et l’a jetée »

Interrogée la victime raconte : « J’écoutais de la musique fort sur la télé et j’essayais d’attraper un coq. Comme je n’y arrivais pas, je me suis énervé, j’ai pris un marteau et j’ai fracassé mon téléphone. Puis, j’ai brulé des papiers sur la gazinière, je ne voulais pas mettre le feu à la maison, même si une fois j’ai mis le feu aux rideaux. Puis après j’ai insulté mon frère et j’ai monté encore plus le son de la télé. »

Tarano jusqu’alors impassible se lève. Et, selon Turo, « Il a cassé le décodeur de la télé, m’a frappé avec le marteau puis a pris ma prothèse de jambe en carbone et l’a jetée dans le jardin. » Il avait été amputé d’une jambe suite à une gangrène.

Turo se relève, va dans le jardin, et sur une jambe se met en garde face à son frère. Tarano le frappe encore avec le marteau puis l’immobilise au sol, tandis que Turo tente de lui arracher les yeux. C’est peu après que les gendarmes débarquent, appelés à la demande de Tarano et qu’ils découvrent la scène.

« Je suis fou »

Turo, lors de sa déposition indique que lui et son frère s’entendent bien, et reconnaît qu’il est lui-même un peu perturbé. « Je suis fou, schizo, je me suis déjà donné des coups à la tète. » Ce que l’expert psychiatrique confirmera, indiquant que Turo a des antécédents médicaux et qu’il est soigné pour sa schizophrénie. Il souffre de troubles mentaux avec des syndromes délirants, il est érotomaniaque et mystique. S’il n’exprime aucune rancœur envers son frère, il se demande toutefois s’il n’est pas en droit de le tuer.

Conséquences des coups de marteau à la tête, un traumatisme crânien, des points de suture, des pertes de mémoires et des céphalées.

Alcool, paka et violences

La mère de famille expliquera que Turo depuis son adolescence mène la vie dure à tout le monde. « Il a grandi avec moi et en 2012 suite à une gangrène on l’a amputé de la jambe. Il était terrible. Il n’écoutait pas, se foutait de tout. Son père le frappait. »

Alcool, paka et violences, sont les mots qui pourraient résumer son adolescence. « Il fait chier tout le monde, il est violent, menace tout et rien et il est suivi depuis 2011 par un psy. Tout cela à cause du paka et de l’alcool. Il a même voulu mettre le feu à la maison en brûlant les rideaux », précise la mère, à bout.

 «Il emmerde tout le monde depuis deux mois.» 

Entendu à son tour, Tarano, l’agresseur, explique le déchainement de violence envers son petit frère. « Je voulais le tuer. Il emmerde tout le monde depuis deux mois. Il insulte les voisins, met la musique à fond pour les emmerder et il a même menacé la voisine de l’empaler et voulait brûler leur maison. Il me cherche tout le temps me demandant si je veux me battre avec lui. »

C’est en voyant Turo bruler les papiers sur la gazinière qu’il a cru qu’il allait mettre le feu de nouveau et qu’il est passé à l’acte. « Je lui ai pris le marteau des mains j’ai cassé le décodeur, il m’a sauté dessus et je l’ai frappé en visant la tète. Je me suis mis en colère. Je voulais le tuer. » Il ajoutera qu’il a mordu le bras de son frère, voulant le lui arracher.

« J’entendais des voix qui me disaient ‘tue-le’ » 

Il faut dire que Tarano souffre lui aussi de schizophrénie. «Il a des hallucinations, il entend des voix qui lui disent, ‘Tarano n’est qu’un plouc’ et il est sous traitement neuroleptique. Son discernement était altéré au moment des faits», dira le psychiatre, qui précisera « la violence est le seul moyen de régler les conflits dans la famille.» Tarano reconnaitra qu’il ne voulait pas tuer son frère, mais « j’entendais des voix qui me disaient ‘tue le’» 

Contrairement à Turo, sa mère expliquera qu’enfant, Tarano travaillait bien à l’école, qu’il ne posait pas de problème et n’était pas violent, même s’il voyait son père battre régulièrement sa mère et la tromper ouvertement. « Quand son père est mort, c’est lui qui s’est occupé de nous, mais en 2011, il a eu un problème psychiatrique et a sombré dans l’alcool et le paka et s’est mis à sortir tous les soirs. »

Quatre ans de prison dont deux avec sursis

En l’absence des deux frères à la barre, le procureur n’a pu que constater la gravité des faits, même si « les rôles des deux frères auraient pu être inversés. ». Pour les faits qui étaient reprochés à Tarano, à savoir violence sur  personne vulnérable ayant entraîné plus de huit jours d’ITT, le procureur a requis à son encontre une peine de quatre ans de prison dont deux avec sursis avec une obligation de soins et mise à l’épreuve de deux ans. Réquisitoire validé par le juge et ses assesseurs.

 

 

 

 

 

 

 

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