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Ronny Teriipaia mis en examen pour « provocation à la haine raciale »

Après un interrogatoire de première comparution devant deux juges d’instruction, ce vendredi, le ministre de l’Éducation s’est vu notifier sa mise en examen pour « provocation publique à la discrimination ou haine raciale par personne dépositaire de l’autorité publique ». Une information judiciaire avait été ouverte à la suite de ses propos dans le pages de Tahiti Infos, où il légitimait la sortie de Mitema Tapati sur le « blanchiment » de la population en la comparant aux « invasions de communautés arabes » en métropole.

Deux juges, un rendez-vous au Palais de justice, et une décision, notifiée au ministre de l’Éducation ce vendredi matin. Comme le rapporte Tahiti Infos, Ronny Teriipaia a été mis en examen pour « provocation à la discrimination ou haine raciale par personne dépositaire de l’autorité publique », après un interrogatoire de première comparution. Une procédure qui fait suite à une plainte déposée par Édouard Fritch fin décembre, puis une ouverture d’information judiciaire.

Elles étaient orientées d’abord vers la sortie en reo tahiti de Mitema Tapati qui mettait en parallèle, en séance de l’assemblée le 26 octobre dernier, la « France qui noircit » et le fenua qui « blanchit ». Des propos que l’ancien pasteur et représentant Tavini a confirmés, traduits lui-même, et appuyés dans un communiqué, mi-janvier. La plainte et l’instruction qui a suivie visaient aussi la réponse apportée par Ronny Teriipaia à Tahiti Infos sur ces mêmes propos quelques jours plus tard. Le ministre de l’Éducation jugeait qu’il ne s’agissait « pas de racisme » mais « de la réalité ». « On parle d’invasion quand la population autochtone n’est plus visible sur son territoire », expliquait-il dans le quotidien, précisant : « En France, on dit bien qu’il y a l’invasion de toutes ces communautés arabes. C’est exactement pareil”. Là encore, le membre du gouvernement n’est pas revenu sur cette analyse, et avait expliqué quelques semaines plus tard, sur le plateau de Polynésie la 1ere, qu’il souhaitait exprimer ce que « certains, pour ne pas dire la majorité, pensent tout haut ».

Cette mise en examen n’est pas en soi « surprenante » pour Philippe Neuffer, qui a assisté le ministre durant son interrogatoire ce vendredi matin. L’avocat rappelle bien sûr que ce statut n’enlève en rien la « présomption d’innocence » de son client dans cette affaire qui touche « à la liberté d’expression » et donc au « subjectif », ainsi qu’à la question des limites du débat politique. Il promet de « mener toutes les actions possibles » et utiliser toutes les voies de recours pour « prouver que M. Teriipaia n’a jamais eu l’intention d’enfreindre la loi ». Et évoque la possibilité de faire « évoluer » le statut de son client durant l’instruction qui se poursuit. Le Code pénal prévoit, pour ce délit de « provocation publique à la discrimination ou haine raciale par personne dépositaire de l’autorité publique », une peine maximum de trois ans de prison et 8,9 millions de francs d’amende.