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Ronny Teriipaia veut « rassurer » les enseignants avant le grand saut vers les écoles d’immersion

©CP/Radio1

Ronny Teriipaia, ministre de l’Éducation, était L’Invité de la rédaction de Radio1 ce jeudi. Il prend la défense des enseignants contre les accusations d’absentéisme, explique l’évolution souhaitée des classes bilingues vers des écoles d’immersion en tahitien et espère y parvenir en 5 ans, au cours desquelles il faudra former tous les enseignants. Il remet en question le projet « pharaonique » de lycée à Moorea.

Deux mois après la rentrée, Ronny Teriipaia affirme disposer de tous les effectifs enseignants nécessaires, y compris dans les îles éloignées qui rebutent certains enseignants : « dès lors où on s’inscrit à ce concours, on est conscient qu’il faut forcément partir dans les îles, puisqu’on connaît le contexte géographique et donc forcément, on ne peut qu’accepter de s’y rendre. »

Contrairement à la métropole, les enseignants en Polynésie ont majoritairement adhéré au Pacte enseignant, une réforme qui prévoit, contre rémunération, des heures supplémentaires pour assurer des remplacements ponctuels, mais aussi la participation au dispositif « devoirs faits » et des projets éducatifs que proposent les enseignants. Mais il prend soin de défendre les professeurs, parfois accusés d’absentéisme excessif : « Il faut rappeler qu’il y a des formations et qu’ils ont aussi des responsabilités en tant que parents. »

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Le soutien scolaire supplémentaire ainsi prévu est particulièrement intéressant pour les internes, précise le ministre. Et pour les internats les plus vétustes, il affirme mettre en place un « plan Marshall » de rénovation, à commencer par l’internat du lycée Diadème.

Écoles bilingues et écoles d’immersion

Les classes bilingues en français et tahitien à parité horaire, qui entrent dans leur 5e année – elles ont aujourd’hui 17 – sont vouées à être étendues, confirme le ministre, pour qui elles représentent une étape vers les écoles immersives dans lesquelles l’intégralité de l’enseignement se fera en reo tahiti.

Reste à mettre en place la formation des enseignants, qui ne maîtrisent pas tous les langues polynésiennes, et faire reconnaître par l’État les diplômes que ces écoles dispenseront. Ronny Teriipaia espère voir les premiers résultats d’ici 5 ans. « La difficulté première c’est au niveau du lexique, et plus on monte dans les classes, plus le lexique est élaboré et technique. » Et s’il estime qu’il n’y a pas de professeurs réfractaires à cette réforme, il reconnaît que certains souffrent, comme les élèves, « d’insécurité linguistique », et qu’il faut les «rassurer ».

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Pour y parvenir, les programmes de l’École supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) seront renforcés dès l’année prochaine, dit-il. Ronny Teriipaia se rendra en métropole en novembre, pour le « dialogue de gestion » avec l’Éducation nationale, et il en profitera pour visiter des écoles Diwan (en langue bretonne) vantées par Moetai Brotherson durant la campagne électorale. À la question de savoir si on ne court pas le risque de créer une école à deux vitesses ou de créer des difficultés supplémentaires pour les élèves qui souhaiteront poursuivre des études supérieures, le ministre répond « Je ne suis pas devin. On verra bien. » Nous voilà donc tous rassurés.

Lycée de Moorea : « le coût est exhorbitant »

Le gouvernement remet en question le campus-lycée de Moorea, dont la première pierre avait été posée en mars dernier par le précédent gouvernement. Ronny Teriipaia le qualifie de « pharaonique » – le coût annoncé était de 6 milliards de Fcfp, lui affirme qu’il est de l’ordre de 8 milliards – et dit ne pas avoir « envie qu’on impose ça à la population ».

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Mais il serait toutefois envisagé d’accueillir des lycéens dans des locaux existants à Moorea, pour répondre à la problématique du transport et du décrochage.

Enfin le ministère de l’Éducation aura besoin de moyens financiers supplémentaires, notamment pour assurer les formations des enseignants. Ronny Teriipaia ne dit pas quel est le montant qu’il voudrait voir inscrit au budget 2024, mais il serait question d’au moins 200 millions de Fcfp supplémentaires.