Après le rejet du tracé de la route du Sud par le conseil municipal de Paea, et la levée de boucliers des habitants de la commune, le Pays abandonne ce premier tracé. Une étude qui devrait rendre ses conclusions sur un tracé alternatif est attendue pour juillet prochain.
Le ministre de l’Aménagement Jean-Christophe Bouissou et le ministre de l’Équipement René Temeharo ont annoncé ce lundi, à l’issue d’un conseil interministériel, que le Pays allait procéder à une révision du tracé de la future Route du Sud sur la commune de Paea.
Un tracé que le conseil municipal avait rejeté à l’unanimité le 9 décembre dernier, suivant ainsi l’avis défavorable rendu sur ce point par le commissaire-enquêteur à l’issue de l’enquête publique. « Je pense qu’il y a eu de la précipitation au niveau de la révision de ce PGA, déclarait ce matin René Temeharo. La situation se doit d’être revue plus sagement. On comprend le sentiment très fort des familles, le désarroi qu’ils peuvent ressentir ».
Une nouvelle étude attendue en juillet 2020
Une étude pour un nouveau tracé à Paea a donc été commandée, et ses conclusions sont attendues en juillet. Sur un terrain plus escarpé, il faut donc s’attendre à des coûts de réalisation plus élevés pour cette Route du Sud que les premières études chiffraient à 180 milliards de Fcfp, soit plus que le budget annuel du Pays.
Le ministre de l’Équipement ne s’est pas risqué à dire combien de personnes ou de foyers pourraient être touchés par ce futur tracé, qui devra nécessairement être situé plus haut sur le flanc de montagne. « Nous ferons en sorte d’impacter le moins possible », assure-t-il. Il dit aussi voir reçu « pas mal de grands propriétaires qui n’ont pas les moyens de désenclaver leurs terres tout seuls. » Enfin il ajoute que la proposition souvent entendue parmi les opposants, à savoir l’élargissement de la route actuelle, n’est pas une option : « ça a déjà été étudié, c’est trop difficile. »
Mais, dit Jean-Christophe Bouissou, le gouvernement est également « certain que la population comprend la nécessité » de faire cette Route du Sud, et il n’a pas manqué de rappeler qu’en dernier recours, « le conseil des ministres a toute l’autorité pour décider de cette question-là » et que « tout retard dans la réalisation d’un tel projet impacte toute la population. »
Une circulation plus lente sur la route de ceinture
En revanche, les travaux qui ont commencé, notamment devant la mairie, ne vont pas faire le bonheur des automobilistes. Des travaux qui vont se poursuivre cette année, et qui répondent à la demande de la commune, pour réguler la vitesse sur cette route très accidentogène.
De son côté, Gilles Parzy du collectif Mata Ara, qui s’oppose au projet de la Route du Sud, n’est pas convaincu. Il ne voit dans cette annonce qu’un simple report car, dit-il, le tracé alternatif évoqué ce matin va encore alourdir la facture.
Le collectif Mata Ara reste donc extrêmement méfiant et vigilant : « On va se mobiliser pour les élections et on est à l’écoute des listes municipales pour savoir quelle sera la plus claire vis-à-vis de bons projets, c’est-à-dire de solutions pour les problèmes de circulations et en même temps, qui fassent en sorte de décentraliser l’activité économique de façon à ce que tout ne s’engorge pas sur Papeete, » dit Gilles Parzy.