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Royaume-Uni : Vers un référendum sur l’UE dès 2016 ?

David Cameron pourrait avancer la tenue du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE à 2016. © BEN STANSALL / AFP

Écartelé entre l’aile eurosceptique des conservateurs et Bruxelles, David Cameron pourrait avancer le vote du référendum sur le maintien dans l’Union Européenne dès 2016.

« Oui, nous aurons bien un référendum sur l’Europe ». Sur le perron du 10, Downing Street, David Cameron n’a pas caché ses intentions vendredi, après avoir été reconduit à son poste de Premier ministre par la Reine, comme l’exige l’usage. Une annonce qui n’a pas surpris grand monde, tant le leader conservateur avait martelé qu’il organiserait ce référendum en cas de victoire. Toute la question, désormais, est de savoir quand il se tiendra. D’ici 2017 à coup sûr, mais peut-être avant, si, comme le prédisent nombre d’analystes, David Cameron abrège les négociations qu’il s’est engagé à mener avec les institutions européennes avant d’organiser le vote. « Si nous pouvons le faire plus tôt, nous le ferons. Il n’y a pas eu de changement de position. Le Premier ministre l’a dit à de nombreuses reprises », a déclaré son porte-parole en ajoutant que Cameron souhaitait bel et bien une modification des traités européens dans le cadre d’une renégociation des relations entre Londres et l’UE.

>> Pourquoi David Cameron aurait-il intérêt à avancer la date du référendum ? Quels sont les enjeux des négociations qu’il va engager avec l’UE et quel est le rapport de force au sein du parti conservateur sur la question européenne ?

• Pourquoi il aimerait avancer la date du référendum

C’est donc un rapport de force tendu qui se noue entre l’aile eurosceptique du parti conservateur, sortie renforcée des élections générales de jeudi, David Cameron et la City, pour qui la sortie du Royaume-Uni de l’UE serait un coup dur. La première place financière d’Europe aimerait surtout dissiper au plus vite l’incertitude qui entoure le sort du pays, préjudiciable pour ses affaires. C’est pourquoi le Premier ministre britannique « pourrait opter pour une courte renégociation (avec l’UE, ndlr), à boucler d’ici la fin 2015, de manière à tenir le référendum en 2016 », avance John Springford, consultant au Center for European Reform à Londres.

Il faut dire que David Cameron et les conservateurs ont tous en tête le souvenir des années 90, durant lesquelles les Tories se sont entredéchirés autour de la problématique européenne. Sous John Major (Premier ministre conservateur de 1990 à 1997). C’est entre autres à cause de ces dissensions autour du maintien dans l’UE qu’il avait perdu les élections de 1997, permettant à Tony Blair de gouverner 10 ans durant. « Cameron est condamné à une double négociation, avec ses partenaires européens et avec son propre parti », analyse John Springford. Au sein des députés Tories, « un tiers des 331 élus sont favorables au maintien mais conservent profil bas, un tiers sont partisans du maintien seulement en cas de réformes profondes et un tiers veulent partir à tout prix », conclut le chercheur.

• Ce que Cameron aimerait obtenir de l’UE

David Cameron devra donc jouer l’équilibriste, et surtout parvenir à obtenir des concessions de la part de l’UE qui semblent aujourd’hui bien illusoires. De nombreux membres de son parti exigent notamment qu’il obtienne le gel des allocations sociales aux nouveaux arrivants en provenance de l’UE pour les quatre prochaines années. Mais le Premier ministre semble bien décidé à donner la primeur aux eurosceptiques, la nomination de l’anti-européen Michael Gove à la Justice en est un signe indéniable. Ce proche de Cameron sera en effet chargé de faire voter « une loi britannique sur les droits de l’Homme » censée remplacer la Convention européenne des droits de l’Homme qui prévaut actuellement en la matière. Mais pas sûr que la perspective d’un référendum et le spectre du « Brexit »  (la sortie de l’Europe, contraction de British exit, ndlr) soit suffisante pour faire plier Bruxelles devant les exigences des conservateurs.

Et pour cause, « dans un référendum, ce sont les électeurs qui votent, pas le parti », explique Iain Begg, du European Institute. Effectivement, l’Europe n’arrive qu’au septième rang des préoccupations des Britanniques, qui, selon les sondages, sont majoritairement pour un maintien dans l’UE. Mais les derniers scrutins, que ce soit le référendum sur l’indépendance de l’Écosse (où le « oui » devait l’emporter) ou les élections générales (où les travaillistes devaient faire jeu égale avec les Tories), ont prouvé que les prévisions ne se vérifiaient pas toujours.

Source : Europe1