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Santé : comment éviter la pénurie de soignants ?

Plusieurs représentants des soignants ont, ces dernières semaines, tiré la sonnette d’alarme sur le manque de moyens humains et les difficultés de recrutement dans les établissements de santé publics. Pas encore une « pénurie », mais elle est à craindre s’y rien n’est fait, reconnait le ministre de la Santé. Cédric Mercadal dévoile donc sa stratégie à court, moyen et long terme pour l’éviter. Au programme : réforme des statuts, réévaluation des moyens dans les îles, travail sur les délais de recrutement et réouverture de l’institut Mathilde Frébault, qui fera aussi office de centre de formation médical.

« Le CHPF est dans une situation plus inquiétante qu’en janvier 2023. C’est la CRISE ! ». C’est ce qu’écrivait il y a quelques jours le Syndicat du personnel du centre hospitalier du Taaone (SPCHDT). « Nous voulons une qualité de soins…nous voulons le respect de la dignité de la personne…nous voulons des conditions de travail normales…nous voulons des moyens et des effectifs constants…nous ne sommes pas en guerre contre la direction »… Mais comme plusieurs autres prises de parole dans le secteur de la santé ces derniers temps, le discours a de quoi alarmer.

« Manque de moyens matériels et humains, dégradation de l’état médical des patients entraînant une saturation des lits hospitaliers, accroissement des « files d’attente » avant de pouvoir consulter un professionnel, déport de consultations vers les urgences médicales, augmentation de l’agressivité des usagers, détérioration des conditions de travail, risques psychosociaux intensifiés, moindre reconnaissance du travail, doute de capacité d’exercer le métier jusqu’à la fin de la carrière, tensions multiples », liste le communiqué. Au centre hospitalier, le turn-over des professionnels est toujours plus grand, et l’attractivité fait défaut, expliquent les professionnels. Le soignants de la Direction de la Santé se plaignent, eux, fréquemment, de postes non pourvus ou d’effectifs insuffisants.

Attirer les soignants dans les îles et leur donner les moyens de rester

Cette inquiétude, le ministre de la Santé ne l’ignore pas. Mais difficile, d’après lui, de parler aujourd’hui de réelle « pénurie de soignants » sur le territoire. Le 29 novembre, à la Direction de la santé (hôpitaux périphériques, dispensaires… soit 126 structures), sur les 1 134 postes ouverts, 1 107 étaient pourvus. 40 autres doivent être créés dans les mois à venir. Mais Cédric Mercadal reconnait que la situation pourrait devenir critique dans les dix années à venir si rien n’est fait.

Au-delà du problème d’attractivité, c’est la fidélisation des professionnels qui fait défaut dans le secteur public, estime Cédric Mercadal. Le membre du gouvernement explique avoir fixé avec ses équipes plusieurs objectifs pour éviter que la situation ne dérape. Et il se tourne en tout premier lieu vers les îles. « Il faut une vraie politique », insiste-t-il. Pour éviter l’engorgement au centre hospitalier, il faut maintenir une offre convenable dans les archipels, attirer les soignants et leur donner les moyens de rester. « Il y a une politique d’attractivité qui va être au niveau du Pays, mise en œuvre qui va tourner autour de trois axes, d’une part la création de postes pour pouvoir soulager l’ensemble des équipes soignantes. C’est ce que l’on a fait dans le cadre du budget, cela va venir soutenir au niveau des îles toutes une population médicale qui avait du mal. »

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Un budget qui a été étudié les 13 et 14 décembre, à Tarahoi. « Toutes les lignes de la santé ont été validées à l’unanimité », note Cédric Mercadal.

Un institut Mathilde Frébault redimensionné et qui fera de la formation médicale

Parmi les évolutions attendues, un programme de construction de logements de santé qui a été validé aux Marquises, à hauteur de 60 millions de francs. Il est de 25 millions aux Australes. « Le deuxième axe sera la formation c’est permettre aux gens de se former tout au long de leur vie, reprend le ministre. Quand on commence infirmier, aide-soignant on peut voir sa carrière se développer, quand on est médecin on doit pouvoir se former tout au long de sa carrière, comme les autres soignants. Ce sera dans le cadre de l’évolution de l’institut Mathilde Frébault, qui demain sera un institut de formation médical. »

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Un recensement est en cours pour redimensionner l’institut médico-social Mathilde Frébault au regard des besoins des dix prochaines années. Côté formation, il y en aura, des besoins : depuis 2004, 140 étudiants polynésiens sont partis pour suivre des études de médecine.

Séminaire intergouvernemental en janvier

« La troisième chose c’est fidéliser les gens en poste. Et donc travailler avec eux pour améliorer leurs conditions de vie dans leur travail. Les difficultés que l’on rencontre dans le recrutement et la fidélisation doit être prise en compte de manière globale. »

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Un séminaire intergouvernemental est prévu en janvier pour réunir les différents acteurs. L’objectif ? travailler sur la politique d’attractivité, les délais de recrutement. Il sera question de la réforme du statut des médecins pour laquelle les travaux ont démarré depuis plusieurs mois. Le ministre ajoute vouloir revoir le conventionnement pour valoriser celles et ceux qui « s’impliquent sur le territoire en allant travailler dans les îles ».