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Sarah Nui 2 : Touf, ou la « Huahine connection »

La quatrième journée d’audience de l’affaire Sarah Nui 2 a débuté comme elle s’est achevée hier. Avec un prévenu, Heiarii Tepea dit « Touf », qui soutient mordicus qu’il n’a rien à voir dans cette affaire, malgré moult témoignages et écoutes téléphoniques qui tendent à prouver le contraire.

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Heiarii Tepea dit « Touf », a 39 ans et l’air d’un dur, d’un gars qui n’a pas froid aux yeux. Et son attitude à la barre ne dément pas cette impression. Il est considéré par la justice et par ses pairs comme étant « le dealer d’ice de Huahine en lien avec Alfonsi ». Des éléments à charge, la justice en a, et le juge brosse son portrait en quelques mots : « délinquant chevronné et réfléchi, possède beaucoup de numéros de téléphone [16], des complicités dans la gendarmerie qui le préviennent en cas de perquisitions et il paie ses ‘saira’ [travailleurs] pour qu’ils se taisent. » Il regarde Touf et lui dit, « si c’est vrai, cette attitude courante en métropole est plutôt rare par ici. » Une façon de faire comprendre que l’on a affaire à quelqu’un de plutôt discret et précautionneux et qu’il ne fallait pas s’attendre à un grand déballage. La suite lui donne raison.

Des gendarmes prévenants

« Touf » a été mis au courant par un réserviste de la gendarmerie d’une perquisition imminente à son domicile, et un autre gendarme serait également impliqué, ce qu’il reconnait sans pour autant citer leurs noms. Il fait « le ménage » puis dit à sa femme de plier bagage avec son enfant. Il se réserve une place sur plusieurs vols en partance de Huahine et planque près de l’aéroport pour voir si des gendarmes arrivaient. « Pourquoi vous surveillez l’aéroport ? » « Il y avait des rumeurs comme quoi j’étais un chimiste, que j’avais un labo, et c’est pour cela que je surveillais pour voir si les gendarmes arrivaient. » Il fini par se rendre tout seul à la gendarmerie de Huahine, un samedi matin.

Comme Calmajis, malgré témoignages et écoutes, il nie tout. Alors que le juge lui fait part de nombreuses conversations téléphoniques mentionnant un certain « Touf », et que de nombreuses personnes reconnaissent sa voix, une voix particulière, grave et légèrement éraillée, il maintient : « ce n’est pas moi et je n’ai pas de téléphone. » « Pourtant après investigations, on a constaté que vous possédiez 16 numéros de téléphone. » « Le téléphone appartient à mon père. » « Donc c’est votre père, 75 ans et atteint d’Alzheimer, qui appelle les dealers ? » « C’est pas ma voix, c’est pas moi », affirme-t-il sans se départir de sa morgue. « Donc si nous avons bien compris, à Huahine il y a un gars qui comme vous est surnommé Touf, il a la même voix et vos numéros de téléphone, mais ce n’est pas vous. » « Non. »

Le juge fait alors état de ses relevés détaillés d’appels téléphoniques et lui fait remarquer qu’il a appelé Danielson 88 fois en l’espace de 10 jours. « C’était pour une planche de surf, je lui avais demandé de m’en trouver une », assure-t-il regardant le juge d’un air las.

D’autres transcriptions d’écoutes révèlent ses relations avec Francis Tarano, [ancien président de la FTF et condamné dans le 1er volet] ; celui-ci assure d’ailleurs lui avoir acheté 50 grammes, une première fois, mais aussi 700 grammes, « à des gars de Huahine tous cagoulés ». « Connais pas Tarano » répond laconiquement Touf, nonchalamment appuyé sur la barre.

« En tous les cas, le Touf qui n’est pas vous est un trafiquant bien organisé. »

Le juge énumère ceux qui ont reconnu formellement sa voix, son père adoptif, son ex-compagne, des revendeurs etc… « Donc des proches vous reconnaissent et vous niez ? » Pas de réponse. « M. Tepea, en ce qui vous concerne on va s’en tenir là. Vous dites que tout est faux, si le tribunal considère que c’est vrai, vous serez relaxé, en revanche s’il ne vous suit pas, vous risquez gros. » Il marque un temps : « En tous les cas, le Touf qui n’est pas vous est un trafiquant bien organisé. » À noter qu’une enquête est en cours pour violation du secret professionnel à la gendarmerie de Huahine.

L’audience s’est poursuivie dans la journée avec les auditions d’autres revendeurs en lien avec Tamatoa Alfonsi ou Maitai Danielson et là aussi entre aveux, demi-vérités et vérités les seules preuves tangibles sur lesquelles la justice peut s’appuyer raisonnablement pour avoir une bonne idée de l’implication des acteurs de ce dossier, ce sont les écoutes téléphoniques. D’autant que Tamatoa Alfonsi, s’il a parfois concédé du bout des lèvres des relations avec quelques-uns des prévenus, est revenu plusieurs fois sur ses dépositions. Quant à Maitai Danielson, depuis le début sa ligne de conduite est claire, il nie tout.

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