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Schéma directeur de l’action sociale : le Cesec en demi-teinte

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De l’ambition, mais des moyens insuffisants. C’est ce que retient le Cesec du schéma directeur de l’action sociale et médico-sociale du Pays. Un texte que les conseillers n’ont pas eu le temps d’étudier dans toute sa profondeur, en seulement quinze jours, selon une procédure d’urgence qui irrite. Ils ont toutefois rendu un avis favorable à l’unanimité.

Les conseillers du Cesec n’en peuvent plus d’être sollicités par la procédure d’urgence. Ce dispositif permet au gouvernement de leur faire examiner un texte en quinze jours, ce qui est bien trop peu pour mener à bien tous les entretiens et travaux nécessaire à la rédaction d’un avis abouti. Le procédé est récurrent, mais ses contrariétés ont particulièrement été visibles ce mardi matin, au moment d’examiner le projet d’avis sur le schéma directeur de l’action sociale et médico-sociale du pays : les rapporteurs ont ainsi eu toutes les peines à répondre à bon nombre de questions de leurs collègues, expliquant que ces points n’avaient pas pu être débattus en commission.  « Arrêtez de nous saisir en urgence sur des dossiers aussi cruciaux, cela rajoute de la difficulté à la difficulté », exhorte Jean-François Benhamza. « Peu de choses ont été débattues, ça entraîne des doutes et des suspicions, on embarque un peu sur un bateau troué », remarque Makalio Folituu, avant de préciser qu’il rendra « un vote favorable, par nécessité ».

Ambition « contrastée » par des « délais très courts » et une enveloppe « modeste »

Un vote favorable par nécessité, c’est en substance l’avis du Cesec sur ce schéma directeur qui porte sur la période 2025-2030. Destiné à des publics vulnérables (sans-abris, victimes de violences intrafamiliales, personnes âgées dépendantes, personnes en situation de handicap…) il est constitué de 27 « fiches actions », dont une liste d’actions prioritaires à cocher dans ses deux premières années de mise en application et une feuille de route détaillée en sept axes. Ceux-ci concernent la protection des sans-abris et personnes économiquement faibles, la prévention des violences intrafamiliales, la diversification de l’offre du bien-vieillir, le renforcement de la protection de l’enfance, l’amélioration de la prise en charge et l’insertion des personnes en situation de handicap, un accès facilité aux aides sociales et le déploiement d’un plan de formation initiales et continues pour les travailleurs sociaux. Les actions pourront évoluer au fil des années, avec des arbitrages annuels concernant les actions à mettre en oeuvre.

Ce schéma, comme le relève le Cesec, avait été initié par la précédente mandature, « ce qui lui confère une dimension consensuelle ». Les rapporteurs du Cesec y voient « un plan utile d’actions » et « une amélioration à saisir ». Mais notent surtout « une ambition contrastée » par « des moyens insuffisants ». L’institution se questionne notamment sur « la faisabilité des délais très courts pour la réalisation des actions envisagées ». Autre point évoqué, « la cohérence du projet de schéma directeur », qui ne fait pas suffisamment « apparaitre la dépendance de certaines actions les unes avec les autres ». Enfin, les finances allouées pour la première feuille de route 2025, 187 millions de fracs, « apparait somme toute modeste pour le démarrage d’un schéma directeur ». Dans la durée, l’institution regrette aussi que les 27 « fiches actions » listées par le Pays ne fassent « pas l’objet d’une estimation complète des moyens financiers comme humains correspondants ». Ce qui, par manque d’anticipation, « fragilise le projet ».

Déployer des formations diplômantes 

Les rapporteurs du projet d’avis ont aussi insisté sur le dernier axe de la feuille de route. Il concerne le développement de la formation des travailleurs sociaux. Le Cesec demande de privilégier les formations diplômantes pour permettre à ces professionnels qualifiés de toucher une rémunération adéquate. « Nous préconisons que l’accessibilité de ces métiers soit améliorée et soutenue, notamment à travers la mise en place d’une école dédiée, al création de brevets polynésiens et le développement de la validation des acquis et de l’expérience (VAE) ».
Les conseillers rappellent certaines de leurs recommandations précédentes, relatives à la mise en place d’un statut particulier pour les travailleurs sociaux. En termes de personnel, le Cesec rappelle que la DFSE a besoin de 60 travailleurs sociaux, tout en constatant que le projet de budget 2025 ne contient la création que de 11 postes supplémentaires. « L’un des objectifs du gouvernement est de combler le déficit de moyens humains dans le domaine du social. Le Cesec considère que le projet de schéma est trop incomplet à ce sujet. »