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Scission de la SNC Aremiti : Tuanua Degage s’explique

©CP/Radio1

Suite à des désaccords avec ses parents, Tuanua Degage leur a rendu la gérance des navires Aremiti 5 et 6, et conserve celle du reste des entités qu’il a créées, et qui sont à présent réunies dans le groupe renommé « Tuatea ». Le Aremity Ferry 2 va devenir le Tau’ati Ferry. Il a accepté de revenir pour Radio1 sur les événements qui ont mené à cette situation, mais estime que c’est le prix de « la paix familiale ».

La scission du groupe Degage, effective depuis lundi dernier, résulte de différences de vues entre Eugène Degage et son fils Tuanua, notamment sur la gestion de la ligne Papeete-Moorea, mais pas seulement. Le père reprend a la gestion des deux navettes rapides Aremiti 5 et 6, tandis que le fils conserve la gérance des autres entités du groupe, renommé « Tuatea » et reprenant le logo du double tiki de l’Apetahi Express, dont il conserve également le contrôle. Le Aremiti Ferry 2, lui, sera rebaptisé Tau’ati Ferry, explique-t-il.

Un management « plus collégial »

Tuanua Degage travaille dans le groupe familial depuis le début des années 2000, gérant d’abord le Aremiti Ferry 2, avant de prendre les rênes de la majorité des entités du groupe il y a une douzaine d’années. « En 2018, on a entamé un changement managérial. Nous avions un management assez austère, assez sévère, reconnaît Tuanua Degage.  C’est devenu plus collégial, je ne prends plus de décisions unilatérales. Pour éviter de me tromper, mais aussi pour motiver les équipes, pour qu’ils se sentent vraiment inclus dans les décisions. » Une réponse indirecte aux reproches que lui a publiquement adressés son père, par exemple sur les augmentations et les primes accordées aux employés.

Sa gouvernance a été marquée par de nombreux investissements : « L’Aremiti Ferry 2, l’Aremiti 6, l’Apetahi Express, c’est sorti de ma petite tête », dit-il en souriant, mais « c’était déjà dans notre ADN ». L’arrivée du Terevau sur la ligne de Moorea, en 2012, a déclenché « des déficits chroniques » pour l’Aremiti 5, mis en exploitation en 2004. C’est ainsi qu’il a lancé la construction d’un navire plus rapide, l’Aremiti 6, mais sans véhicules. Un choix à l’origine du désaccord avec ses parents, mais qu’il assume, avec des arguments économiques et écologiques.

L’Aremiti 5 au cœur de la discorde

« Je suis d’autant plus content d’avoir pris cette décision que depuis, le prix du gasoil a juste explosé, poursuit-il. L’Aremiti 6 aujourd’hui consomme 20 à 25 % de moins que l’Aremiti 5. Avant le Covid ce poste-là c’était à peu près 30% de notre exploitation, là on est passé à 45%. » Et il considère que l’exploitation en parallèle des deux navettes, qui semble être l’option retenue par Eugène Degage – la plus rapide matin et soir et celle qui peut embarquer 30 véhicules en journée – n’est pas un projet  viable.

Le fossé entre père et fils s’est accentué quand Eugène Degage a refusé de mettre en location l’Aremiti 5, qui coûte « une cinquantaine de millions par an » en restant à quai. La location aurait soulagé les finances tendues de la société, dont Tuanua Degage ne fait pas mystère.

« Je n’ai pas envie de critiquer mon papa »

« Je leur ai donc rendu la gérance de fait de leur entreprise pour qu’ils puissent dérouler leur stratégie, conclut-il. Il y a un amalgame, mais ce n’est pas une mésentente familiale, c’est une mésentente sur la stratégie à mettre en œuvre. Il ne devrait plus y avoir de rebondissements, chacun va développer ses entités comme bon lui semble. »  Pas encore de décompte final des ressources humaines des deux nouvelles sociétés : « Chacun a pu choisir l’entité où il se sentait le mieux, dit Tuanua Degage, il me semble que ça s’est bien équilibré. » Enfin, le Tau’ati Ferry est en train d’étudier des tarifs d’abonnements mensuel et annuel qui seront très rapidement proposés à ses clients.

Reste quelques points noirs dans la relation père-fils, sur lesquels Tuanua Degage ne veut pas s’exprimer : « Je n’ai pas envie de critiquer mon papa », dit-il quand on évoque la question des épaves. Des problèmes qui semblent relever de la même difficulté paternelle à se séparer d’un navire, quel qu’il soit. Mais de façon plus générale, le jeune armateur, qui est aussi président du Cluster maritime depuis 2020, déplore que le Pays n’aide pas la profession à recycler ses bateaux, alors qu’il perçoit une taxe environnementale sur chaque nouvel achat et que ce serait un réservoir d’emplois.

Le projet de navette Taiarapu-Papeete toujours d’actualité

Et Tuanua Degage dit avoir « beaucoup de projets. Pas question d’attendre, pour moi la situation est stabilisée. On est en train de travailler sur la possibilité d’utiliser des énergies renouvelables. Et surtout il y a un sujet qui nous tient à cœur, c’est celui de Taiarapu. Mais il faudra un bateau adapté à cette ligne », dit-il.

 

 

 

 

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