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Secrets, mensonges et matahiapo au festival Te vevo

La troisième édition du festival Te vevo démarre ce jeudi au Petit théâtre de la Maison de la Culture. Pièces, cinéma et débat… La recette a déjà fait ses preuves et la compagnie du Caméléon veut en profiter pour « s’interroger ensemble » sur des sujets comme l’accompagnement des matahiapo, l’histoire du nucléaire. Ou le poids des secrets familiaux, au centre de la nouvelle création de la compagnie : Keshi, dont la première aura lieu jeudi.

Des pièces de théâtre, des films et des débats, c’est le principe de ce festival qui en est à sa troisième édition. Comme lors des précédentes, la compagnie du Caméléon a choisi plusieurs thèmes de société sur lesquelles elle propose au public de se pencher au travers de fictions et de discussions. Le premier d’entre eux : les « secrets de famille », sujet de la nouvelle pièce de la compagnie et qui est ressorti « de lui-même » lors de ses interventions de terrain.

Collecte de « récits de vie »

Comme avec les Champignons de Paris, les comédiens du Caméléon – Tuarii Tracqui et Tepa Teuru auxquels s’ajoute Justine Moulinier – ont fait appel à des « regards extérieurs », ceux de Solenn Denis et d’Antonin Chalon, pour écrire et mettre en scène la pièce. Mais les deux professionnels métropolitains ont suivi les Polynésiens dans leurs ateliers d’écriture dans les maisons de quartiers, les prisons ou auprès des jeunes de la PJJ, avec à chaque fois des restitutions devant un public… « Ça a permis de collecter des récits de vie et d’influencer notre imaginaire, de nourrir pleinement notre réflexion sur la famille, explique Guillaume Gay, le directeur de la compagnie. On savait dès le départ qu’on allait s’interroger sur le fonctionnement de la cellule familiale en Polynésie, mais on savait pas trop par quelle porte d’entrée. Et ce sont tous ces récits qui nous ont permis de la choisir ».

Dans Keshi, on suit ainsi le jeune Hereau, qui en plein passage à l’âge adulte, qui tente de se faire une place au milieu de pesants secrets familiaux.  Une histoire universelle mais qui concerne particulièrement le fenua. La pièce parle de « ces non-dits, ces silences, ces mutismes, qui viennent entourer des évènements ou des drames familiaux et qui peuvent créer des mal-être, des tensions, des trauma, reprend Guillaume Gay. C’est peut-être aussi une suite logique de notre travail avec les Champignons de Paris où on parlait d’un mensonge d’État, une nécessité de libérer la parole. Là, c’est une autre problématique, mais on est à cet endroit aussi : les mensonges dans une famille, les bienfaits de libérer la parole pour aller vers justement une réparation de chacun ».

Avant la grande première de Keshi, jeudi 3 mars devant des scolaires, et les représentations publiques de vendredi, samedi et dimanche, c’est le film britannique Secrets and lies, Palme d’or à Cannes en 1996, qui ouvrira le débat sur les secrets de famille jeudi soir.

« S’interroger ensemble »

La deuxième semaine de festival sera consacrée au nucléaire, sujet sur lequel les acteurs veulent « pousser le débat un peu plus loin ». D’abord avec la projection de La Terre outragée, un drame familial ukrainien dont l’action se situe dans les environ de Tchernobyl. Mais aussi avec une nouvelle présentation des Champignons de Paris, pièce jouée plus de 125 fois, des Marquises à Bora Bora, en passant par Limoges, les Antilles ou le festival d’Avignon, où elle a été primée. La compagnie veut prendre garde à « éviter la politisation du débat » sur ce sujet. Mission forcément périlleuse à deux mois des élections. Enfin, place, à partir du 15 mars, à une semaine dédiée aux matahiapo et à leur accompagnement. C’est Anthony Hopkins, acteur principal du film The Father aux côtés d’Olivia Colman, qui la lancera la thématique, avant de laisser la place, le lendemain, à la troupe Belge de Home. Une pièce saluée par la critique européenne qui se base sur de longues observations et surtout des enregistrements sonores dans des maisons de retraite. Les « voix de vieux » ainsi récoltées sont diffusées au public et les comédiens y « prêtent leur corps ».

À chaque soirée, bien sûr, ses intervenants et son débat. Pendant une heure – pas plus cette année – les spectateurs sont invités à y participer et à donner leur avis sur le sujet du jour. « Si ce n’est donner un avis, c’est s’interroger ensemble sur ces sujets de société, précise Guillaume Gay. On passe par les films ou les œuvres théâtrales pour ressentir, rire, pleurer être ému, bouleversé… et fort de ces émotions, on partage, on échange, avec nombre d’intervenants locaux qui connaissent le sujet, de par leur activité associative, professionnelle, leur histoire ou leurs responsabilités, et qui vont pouvoir y donner un éclairage particulier ». 

Le festival Te vevo, c’est du 2 au 18 mars au Petit Théâtre de la Maison de la Culture. Les billets et les pass (à tarifs réduits pour les familles ou les étudiants ) pour les représentations et les films sont en vente sur ticket-pacific. pf, dans les magasins carrefour et à l’accueil de radio1 et Tiare FM à Fare Ute.

Guillaume Gay entouré du Metteur en scène de Keshi et des acteurs de la troupe du Caméléon Tepa Teuru, Justine Moulinier et Tuarii Tracqui.

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