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Séminaire de la perliculture : « tout le monde va jouer le jeu de la qualité »

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Le séminaire de la perliculture qui s’est tenu sur deux jours a abouti à une sorte de consensus qui paraît encore fragile, sur la façon de conduire les exploitations perlicoles alors que les effets de la crise sanitaire ont mis en évidence les problèmes, déjà anciens, qui plombent la filière. Comment arriver à plus de qualité, plus de transparence, une amélioration des prix et les lagons plus sains ? Le Pays, qui ne cesse de rappeler que la perliculture est composée d’acteurs privés, renvoie chacun à ses responsabilités.

Ambiance thérapie de groupe lors du séminaire de la perliculture, qui s’est achevé mardi soir. « Depuis lundi matin, je ne me suis pas exprimé jusqu’à cet après-midi, disait le vice-président Tearii Alpha, en charge de l’économie bleue. J’ai laissé les professionnels, les représentants des comités de gestion, s’exprimer sur tous les sujets. Je n’ai pas dit un mot depuis hier, il fallait qu’on les écoute. »

Le ministre rappelle que la perliculture est une activité privée, et que c’est aux acteurs de la filière de trouver des solutions, et au Pays de les accompagner « dans un cercle vertueux » composé de « plus de qualité, plus de transparence, une amélioration des prix, parce que tout le monde va jouer le jeu de la qualité. »

Gel des concessions et quota de commercialisation de 2 500 perles par hectare

Parmi les décisions pour sauver les meubles, le gel des concessions perlicoles. Les comités de gestion de chaque île seront partie prenante des décisions d’attribution, de renouvellement ou d’agrandissement des concessions. Après plusieurs mois de discussions, les perliculteurs se sont mis d’accord sur un quota de commercialisation de 2 500 perles par hectare. « On ne mettra pas sur le marché toutes les perles qui sont produites », résume le vice-président, qui espère ainsi à court terme « une amélioration de la qualité des lots ».

Lutter contre le travail au noir

Les producteurs de perles ont également décidé de rendre plus vertueuse l’emploi dans les îles. « Et donc, pour chaque greffeur qui interviendrait dans une ferme, il faut qu’en face il y ait un minimum de trois employés salariés, résume Tearii Alpha. C’est aussi ça le mal de la perliculture, et on a fermé les yeux pendant des années. C’est l’une des filières qui permet de garder les familles dans les îles. »

Le nettoyage des lagons, responsabilité des perliculteurs

La perliculture est-elle une économie durable ? Les déchets plastiques que l’on trouve dans les lagons, et qui se transforment en micro-plastiques que l’on retrouve dans les huîtres, sont de la responsabilité des producteurs. Les estimations placent à 30% la proportion des plastiques dans les lagons qui sont d’origine perlicole. « Mais ce n’est pas l’administration qui ira plonger » pour les collecter, dit Tearii Alpha. Le Pays promet cependant son appui pour le rapatriement des déchets plastiques.

Sur le sujet de la bonne santé des lagons, « on commence à avoir un partenariat qui se dessine, » dit Cédric Ponsonnet, directeur des Ressources marines, qui assure que « les professionnels sont déjà bien sensibilisés, mais là on a commencé à discuter de la mise en œuvre. Le problème est très complexe, il va se résoudre au cas par cas, on a des communes qui sont mieux équipées que d’autres, il y a des inégalités dans le coût du fret. » Mais il note que « les comités de gestion, et notamment les jeunes générations qui arrivent, on a vu que c’était leur principale préoccupation, et ça c’est vraiment un signe positif. »

La problématique de la qualité face à la demande mondiale

Du côté des producteurs, on est parfois perplexe. « Je n’en retire pas grand-chose, » dit Aline Baldassari qui estime que dans les échanges au cours de ces deux journées, les intérêts particuliers ont souvent pris le pas sur l’intérêt général, notamment de la part des « jeunes syndicats qui débarquent ».

Si elle affirme que la Polynésie produit davantage de belles perles qu’autrefois, elle défend aussi une production variée, qui correspond à la demande des différents marchés : « On n’y peut rien, nous on subit les cours mondiaux. Ça fait partie du jeu, c’est comme ça. »

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