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Séminaire de la perliculture : « un règlement de comptes entre membres de la même famille »

©Presidence

Le séminaire de la perliculture s’est ouvert ce matin à la présidence. Deux jours de réunion entre acteurs professionnels et institutionnels du secteur, qui doivent aboutir en 2021 à un document de politique publique. Si la crise sanitaire et économique a des effets délétères, c’est surtout « l’indiscipline de la production » qui a précipité la chute de la perle de Tahiti. Et c’est toute une profession qui doit « se remettre en cause », a déclaré Édouard Fritch.

« L’avenir de la perle dépend uniquement de nous », a déclaré le président Édouard Fritch en ouverture du séminaire de la perliculture ce lundi matin, qui rassemble une vingtaine de personnes à la présidence et plus d’une centaine d’autres qui participent au débat par Internet.

Avec un prix au gramme en dégringolade, la perle de Tahiti a perdu de son éclat. Et ce n’est pas l’effondrement de la demande mondiale dont elle souffre. « Problèmes structurels récurrents, greffeurs, déclarations de personnel, organisation des ventes », toute la chaîne a été pointée du doigt par le président du Pays, qui a dit sa « tristesse de constater que certaines orientations stratégiques n’ont pas été prises. (…) C’est un échec collectif, un échec public et privé ».

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« En 2020, poursuit Édouard Fritch, nous avons mis une très petite quantité de perles sur le marché. Et pourtant, nous avons sorti un nombre de perles important. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Le cours de la perle qui était autour de 2 000 Fcfp est passé en-dessous de 500 Fcfp alors que l’offre était très petite et que la demande est toujours la même. En d’autres termes, on défie même les lois du commerce ! Le problème ce sont les ventes sauvages. Et ceux qui font ce genre d’opérations, ils sont présents, là, ils vont écouter… »

Vers une réduction des surfaces perlicoles ?

Aujourd’hui, sur le papier, environ 10 000 hectares de lagon sont consacrés à la perliculture. En pratique, seulement 5 000 seraient exploités – en tout cas si l’on en croit les déclarations officielles. « Il y a un grand ménage à faire à ce niveau-là », dit Édouard Fritch, qui rappelle le drame de Takaroa, dont le lagon est « tapissé de plastique » et qui ne produit plus rien.

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« Aujourd’hui, les clients à l’international se méfient de la perle de Tahiti »

Ce n’est pas l’avis du perliculteur Franck Tehaamatai : « La production n’est pas à son maximum, affirme-t-il. Le premier gros problème ce sont les emplois non déclarés. C’est pas parce que c’est mon fils, ma cousine ou ma nièce qu’on ne doit pas les déclarer. » Le producteur, qui dit avoir jusqu’ici évité les réunions du conseil de la perliculture, espère que cette fois-ci « ça ne va pas être que de la théorie. »

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Pour lui, « le produit de qualité se vend toujours bien. Tous les gens qui demandaient le droit d’exporter du bas de gamme, vous dites quoi aujourd’hui ? En octobre il y a eu 4 millions de perles exportées, un ‘vide-grenier’ sur le marché ! Aujourd’hui les clients à l’international se méfient de la perle de Tahiti. Tout vient de l’indiscipline de la production. »