Christian Vernaudon et Lydia Nouveau ont déposé ce vendredi leurs candidatures pour les élections sénatoriales. Soutenus par aucun groupe politique, le membre du Cese national et l’ancienne directrice de l’OPT disent vouloir défendre les intérêts des maires et des élus locaux, dont les demandes ne seraient aujourd’hui relayées « ni par le gouvernement, ni par les parlementaires ».
Sa candidature, Christian Vernaudon y réfléchissait « depuis un moment », mais les réunions du SPC, début août, l’ont décidé. « Il suffit de discuter avec les maires pour se rendre compte de leur besoin de se faire entendre à Paris« , insiste le conseiller municipal de Punaauia. Réélu, cette année, sur la liste Te Hotu Rau, menée par Simplicio Lissant face à Teva Rohfritsch, il insiste sur une candidature « entièrement indépendante » des groupes politiques. Par choix, ou par défaut ? « Je n’ai pas cherché à me faire adouber », assure-t-il et c’est d’ailleurs son principal argument de campagne. « Les autres candidats portent chacun le programme de leur groupe politique : celui du Tapura et du gouvernement pour Teva Rohfritsch et Lana Tetuanui, celui du Taohera’a et de Gaston Flosse pour Nuihau Laurey et Sylviane Terooatea, le projet du Tavini pour Oscar Temaru… Lydia et moi-même, nous voulons porter la voix des communes ».
Moins de « copié-collé », plus d’autonomie
L’ancien dirigeant d’Air Tahiti n’est pas le seul, bien sûr, à se poser en porte-voix des élus locaux, essence même de la fonction de sénateur. Mais pour Christian Vernaudon seuls des élus « totalement libres » peuvent défendre les dossiers chers aux tavana au Palais du Luxembourg. Au programme : réforme « profonde et pas seulement cosmétique » du CGCT « qui fixe des obligations absurdes » aux municipalités, « clarification » de la loi organique « pour que le FIP ne soit pas privé de certaines recettes fiscales auxquelles il a le droit » – et bien sûr révision du statut des communes avec « clause de compétence générale »… Autant de questions qui ont fait l’objet d’une prise de position « claire et de longue date » de la part du SPC. Si les dossiers « n’ont pas avancé », « c’est parce qu’ils n’ont pas été relayés par les parlementaires » ou été activement défendus par le Pays et le Tapura, appuie le candidat.
Si le Sénat est l’assemblée maîtresse des questions d’organisation institutionnelle, le candidat veut aussi y pousser vers « une indemnisation plus juste du fait nucléaire » – en remplaçant la Loi Morin « qui a montré ses limites » et obtenant l’indemnisation de la CPS -, y demander l’extension de la CSPE à la Polynésie pour faire baisser le coût de l’électricité, y mettre en avant ses idées sur la réforme du statut d’autonomie… « On a un discours qui est résolument différent de celui qui est porté aujourd’hui par les parlementaires », explique l’ancien conseiller du gouvernement Flosse. Un discours qui milite pour une « beaucoup plus grande décentralisation » et donc une autonomie poussée des communes. « Ce que veulent les élus c’est être moins contraints de faire du copier-coller et ne plus avoir à demander systématiquement l’autorisation du gouvernement » pour agir, assure le candidat.
Les Républicains plutôt que la République en Marche
Un programme ambitieux mais impossible à porter en état d’isolement politique. Si en Polynésie, les soutiens officiels se font attendre, Christian Vernaudon et Lydia Nouveau assurent qu’ils ne se sentiront pas seuls à Paris en cas d’élection. Après deux mandats au CESE national (1994 – 1999 et depuis 2014), après avoir « accompagné Gaston Flosse et les élus polynésiens à Paris » en tant que secrétaire du Pacte de progrès, l’ancien conseiller du gouvernement dit avoir « des relais importants » au niveau national. « Sans vouloir me vanter, je suis, de tous les candidats, celui qui a pu se former le meilleur carnet d’adresse à Paris aussi bien à droite qu’à gauche qu’au niveau de la haute fonction publique », assure-t-il. Et si les candidats Tapura, favoris de ces sénatoriales, peuvent revendiquer des facilités de discussion avec la majorité présidentielle (La république en Marche), le ticket Vernaudon – Nouveau vise les bancs des Républicains, parti de droite aujourd’hui majoritaire au Sénat.
Reste à convaincre les quelques 700 grands électeurs du fenua. Lors de sa candidature avec Sylviane Terooatea en 2014, Christian Vernaudon déjà « candidat des communes », n’avait recueilli que 62 voix. La faute, selon lui, à des « pressions » qui ne « font pas partie du passé ». Quand chaque famille politique prend soin de rappeler ses membres à leur « devoir de loyauté », Christian Vernaudon, lui rappelle que l’élection sénatoriale « se fait à bulletin secret ».
Lydia Nouveau en binôme, Marguerite Lai en suppléante
Les candidatures au sénatoriales peuvent se faire de manière groupée, même si les grands électeurs peuvent ensuite choisir de ne désigner qu’un des deux candidats d’un ticket. Christian Vernaudon a proposé à Lydia Nouveau de « l’accompagner dans cette élection » et donc, pourquoi pas, à Paris. Mal connue du grand public, Lydia Lorfèvre épouse Nouveau a pourtant suivi un « parcours exceptionnel ». D’abord à la Socredo, dont elle fut une des cadres, notamment sous la direction de Jean Vernaudon, le père de Christian. En 2002, elle est la première Polynésienne diplômée du centre d’étude supérieur des banques, « summum de la profession ». Lydia Nouveau a aussi fait son chemin dans l’administration, en tant que conseillère technique auprès du ministre du budget sous la première mandature d’Oscar Temaru, puis en temps que directrice générale de l’OPT entre 2006 et 2008 puis directrice de cabinet de Teura Iriti en 2010, sous la présidence de Gaston Flosse. Résidente de Makemo depuis lors, elle était ajointe du maire Félix Tokoragi lors de la dernière mandature, et a présenté sa propre liste, arrivée deuxième lors des municipales 2020. Au Sénat, elle dit vouloir défendre les grands dossiers des communes, « qu’elle connait bien », mais aussi « les problématiques qui concernent la Polynésie ». Lydia Nouveau est suppléée par Tama Aumeran, officier de sécurité au port. Christian Vernaudon a quant à lui sollicité Marguerite Lai, figure du milieu culturel polynésien. Si la fondatrice de la troupe O Tahiti E a accepté, c’est parce qu’elle « connait depuis longtemps l’efficacité » de l’ancien directeur d’Air Tahiti, et dit avoir « des messages à porter à Paris ». « Nous devons travailler plus pour faire avancer notre pays », insiste-t-elle. |