Nuihau Laurey et Sylviane Terooatea ont officiellement présenté vendredi matin leurs candidatures aux élections sénatoriales du 27 septembre prochain. Sans étiquette officielle, les deux candidats ont le soutien de Gaston Flosse et l’assentiment d’Oscar Temaru. Ils se posent en défenseurs des communes face aux candidats du Tapura.
« Notre pays part à la dérive, le président n’a pas de cap », déclare le sénateur sortant qui conteste depuis deux mois les mesures économiques prises par le gouvernement. L’un de ses arguments majeurs pour convaincre les grands électeurs, majoritairement des tavana et des conseillers municipaux, est bien sûr la baisse mécanique attendue du Fonds intercommunal de péréquation (FIP) qu’il aurait voulu voir compensée par une augmentation de 17 à 20% du prélèvement sur les recettes fiscales du Pays. Il critique l’alternative proposée aux maires par Édouard Fritch, la création d’un fonds spécial, « et nous sommes contre les fonds spéciaux, parce que (…) finalement ce sera le fait du prince. » « Les choix, ou les non-choix, qui sont faits par le gouvernement, ne sont pas les bons. Ce sont des mesurettes extrêmement classiques. La crise sociale, on va l’avoir », dit le sénateur sortant.
Nuihau Laurey accuse le gouvernement, comme tout candidat dans toute élection, de faire campagne dans les communes en « faisant miroiter aux uns et aux autres des milliards d’investissements. » Il reproche à Édouard Fritch « d’être tétanisé par cette crise », de ne « plus savoir quoi faire », et de « trop écouter ses conseillers qui le conseillent mal. »
Il met en avant son expérience et son assiduité, au cours des 5 dernières années, en tant que rapporteur spécial du budget des outre-mers au Sénat. Et rappelle que le Sénat est un contre-pouvoir face à une Assemblée nationale plus monolithique.
Sylviane Terooatea, maire sortante de Uturoa, élue Tahoeraa à l’assemblée de la Polynésie et ancienne présidente de l’ACC’DOM, l’association des communes et collectivités des outre-mers, est particulièrement critique de la sénatrice sortante. Elle rappelle que Lana Tetuanui, au Sénat, a été à l’origine de la mise à l’écart des maires délégués dans les communes associées, contre laquelle son propre mari avait déposé un recours. « En matière de bilan, on peut faire mieux, » grince la candidate.
Christiane Kelly suppléante de Nuihau Laurey
Sans étiquette officielle, les deux candidats bénéficient de l’œil bienveillant Gaston Flosse et d’Oscar Temaru, même si le Tavini doit encore, selon Nuihau Laurey, réunir ses instances et officialiser sa position. Sylviane Terooatoa et lui ont rencontré Oscar Temaru pour lui demander son soutien : « C’est la première chose qu’on a demandée parce que, au-delà des points sur lesquels on peut se rencontrer, il y a une réalité qui est une élection dans laquelle on a en face de nous deux candidats dont on ne partage pas du tout les orientations politiques aujourd’hui dans cette situation de crise ». Mais d’ores et déjà, la suppléante de Nuihau Laurey est choisie, ce sera Christiane Kelley, élue Tavini au conseil municipal de Moorea. Sylviane Terooatea n’a pas encore nommé son suppléant, mais elle annonce toutefois que ce sera une personnalité des Tuamotu.
Avec quel groupe siéger au Sénat ? Le choix n’est pas encore fait
S’ils sont élus, les deux candidats « libres » devront décider où ils siégeront (les sénateurs polynésiens sont actuellement accueillis par le groupe Union centriste au Sénat). « C’est une discussion que nous devrons avoir avec Sylviane, dit Nuihau Laurey, parce que comme elle l’a bien expliqué, nous sommes des candidats ‘libres’ mais qui sommes soutenus par des partis politiques. Moi j’ai une vision de l’évolution statutaire de la Polynésie qui n’est peut-être pas partagée par tout le monde, et donc là on va devoir en discuter avec les groupes nationaux aussi. » Nuihau Laurey est partisan d’une plus grande autonomie dans la gestion de sa trésorerie par le Pays, et souligne « qu’on est la seule collectivité à avoir ce plafonnement des dépenses des cabinets ». Pourraient-ils siéger dans des groupes différents au Sénat ? « J’allais dire que tout est possible, répond le sénateur, mais on va essayer de discuter comme c’est le cas depuis le début du travail de réflexion qu’on a mené, pour avoir un point de vue commun et proposer une orientation cohérente devant nos grands électeurs. »