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Sept ans ferme pour un père et grand-père incestueux

Non dénonciation de mauvais traitements, agressions sexuelles incestueuses, telles sont les faits reprochés à une mère et un père de famille. Celui-ci a été condamné à 7 ans ferme et sa femme à 18 mois avec sursis.

Des faits étalés sur près d’une trentaine d’années durant lesquels le père a tour à tour agressé sexuellement ses deux filles, sa petite-fille, mais aussi son fils adoptif qui étaient tous mineurs au moment des actes. Pénétration digitale, simulacre d’acte sexuel, fellation, cunnilingus, rien ne leur aura été épargné. Quant à sa femme, qu’il battait régulièrement en véritable tyran domestique, la justice la soupçonne d’avoir fermé les yeux sur les déviances de son compagnon, tout au moins sur les actes commis sur leur petite-fille, les plus récents.

Dans la salle, l’homme âgé de 60 ans, placé sous contrôle judiciaire après avoir passé un peu plus d’un an en détention provisoire, semble se demander ce qu’il fait là. Enfermé dans sa tête, il parcourt la salle d’un regard noir intense, qu’aucune étincelle de lucidité ne vient éclairer. De petite taille, plutôt trapu, son élocution hésitante est à l’image de ce qu’il dégage, celle d’un esprit primaire. Et ses actes le démontrent. Quand ça ne va pas, il tape, et quand il a des pulsions sexuelles, il prend ce qu’il a sous la main pour les satisfaire : sa descendance.

« Quand j’étais plus jeune je prenais ma femme tous les jours »

Car l’homme est addict au sexe, il le reconnait et peut-être même en retire-t-il une certaine fierté. « Quand j’étais plus jeune je prenais ma femme tous les jours, matin, midi et soir, et quand elle ne voulait pas, je la battais et la forçait. Après quand ça ne me disait plus rien, je me masturbais. » Niant être attiré par les enfants, il explique ses attouchements par le fait « qu’ils ne savaient pas se défendre » du moins le suppose-t-il. Et s’il n’est pas passé à l’acte, ce n’est point par remords ou autre prise de conscience, mais tout simplement parce que « la poupoune était trop petite. » Autre détail scabreux, pour éviter qu’il ne recommence ses agissements, la petite urinait sur ses doigts quant il tentait de la toucher. « Vous ne vous êtes pas dit que ce pouvait être traumatisant pour une petite fille ? » l’interroge le juge, qui s’il en a vu d’autres, semble abasourdi par ce qu’il entend. L’accusé hésite et bout d’un temps qui semble interminable hoche la tête, sentant instinctivement que c’était la réponse que le juge espérait.

« Papou a piqué ma poupoune »

Si les faits ont été dénoncés, ce n’est pas grâce à la mère, mais à l’une de ses filles qui, devenue mère à son tour, à dénoncé les agissements de son père quand il s’en est pris à sa propre fille. Elle relate dans sa déposition, « je cherchais ma fille qui n’était pas dans sa chambre, alors je l’ai appelée. Elle est arrivée toute tremblante en me disant : pardon maman, j’étais avec papou et il a piqué ma poupoune avec ses doigts et il m’a demandé de lécher son zizi. » Elle décide de se rendre à la gendarmerie, car « moi aussi quand j’étais petite, il me touchait et ma mère était au courant. » En pleurs à la barre, elle se confie. « C’est pas facile d’être là, je suis face à un combat de solitude. Ce n’est pas simple de porter plainte contre ses parents, son père, je savais que ça allait être difficile. Je me sens coupable de ce qui est arrivé à ma fille, je savais ce qu’il m’avait fait et je ne la laissais jamais seule avec lui. Il y avait toujours ma mère. »

«Je me rends compte que si j’avais porté plainte à l’époque, on ne serait pas là aujourd’hui. »

Cette plainte a libéré la parole dans la famille car tour à tour, l’autre sœur et le fils adoptif déclarent avoir aussi été victimes de leur père. Quant à la mère, celle-ci nie avoir été au courant des attouchements sur ses enfants, seulement sur sa petite fille. Si elle s’est rendue une fois à la gendarmerie, c’était pour se plaindre que son mari la frappait, c’est tout. Toutefois, selon elle, alors qu’une de ses filles, désormais âgée de 34 ans, s’était plainte des agissements de son père, celle-ci aurait été avec son mari rencontrer le bishop de son église afin de le faire rentrer dans le droit chemin. « Ma fille ne voulait pas porter plainte, et je pensais qu’il allait changer. » Puis, prise de conscience tardive, « je me rends compte que si j’avais porté plainte à l’époque, on ne serait pas là aujourd’hui. »

« C’est le déni complet, elle n‘a aucune empathie, ni compassion »

Une réflexion qui a fait réagir la procureure lors de son réquisitoire. « C’et effrayant. Comment des choses pareilles peuvent se passer dans une famille, et en plus durant près de trente ans. Les faits sont gravissimes et que madame ne vienne pas nous faire croire qu’elle ne savait rien ! C’est le déni complet, elle n‘a aucune empathie, ni compassion. Je réclame un an de prison ferme à son encontre et pour son mari qui ne conteste pas les faits, 7 ans avec mandat de dépôt. »

Pour la défense de la mère, celle-ci « est aussi une victime. Elle s’occupe de la famille et ne peut être partout. » Sur la peine réclamée, elle estime « un an ferme c’est dur à l’égard de la maman. Je demande la clémence ou alors un sursis. Elle est divorcée de ce monstre depuis le début de l’année. Elle n’en pouvait plus. »

L’avocat du père, quant à lui, s’est attaché à soulever des arguments de prescription, concernant les attouchements les plus anciens. Technique classique des défenseurs qui savent que leur client est indéfendable sur le plan moral, mais que juridiquement parlant, il y a peut-être moyen de faire quelque chose pour diminuer la peine. Faisant remarquer que son client a été exemplaire durant sa détention provisoire et que désormais il vit dans un cabanon sur le terrain d’une de ses filles qui lui a pardonné, il estime que quatre ans de prison avec deux de sursis serait bien car, « je voudrais qu’il bénéficie d’un aménagement de peine. » Un aménagement possible car il a déjà passé un an en détention provisoire et du coup il ne lui resterait qu’une année à purger ; il aurait donc la possibilité d’être placé sous bracelet électronique.

« J’ai pris de mauvaises décisions, mais cela ne fait pas de moi une mauvaise mère »

Avant d’aller délibérer, le juge demande aux deux accusés s’ils ont quelque chose à déclarer à la cour ou aux victimes. « Non » se borne à marmonner le père, quant à la mère elle pleure. « Je voulais demander pardon à mes enfants, j’ai pris de mauvaises décisions, mais cela ne fait pas de moi une mauvaise mère. »

L’homme a été condamné à 7 ans de prison ferme assorti d’un mandat de dépôt, avec inscription au fichier des délinquants sexuels,  et interdiction de rentrer ne contact avec sa petite fille et d’exercer une profession en contact avec des mineurs. À noter que la prescription des faits a été retenue pour les agressions sexuelles exercées sur ses filles, celles-ci datant de 1992. Quant à la mère, elle a écopé de 18 mois de prison avec sursis.

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