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Séquestré et tabassé pour de l’ice de mauvaise qualité

Séquestration, tabassage en règle, menaces de mort, de torture et simulation de roulette russe, voilà ce qu’a enduré pendant plusieurs heures, un intermédiaire dans un trafic d’ice. Les trois hommes auteurs de ces faits qui passaient en comparution immédiate ce jeudi, ont demandé un renvoi de l’affaire. Elle sera jugée le 2 mars. En attendant les trois hommes resteront en détention.

 Si les affaires de séquestration se comptent sur les doigts d’une main en Polynésie, le hasard de l’actualité judiciaire a fait que cette semaine, deux affaires de ce type se télescopent. Si l’une, révélée mercredi, est toujours en cours d’instruction, celle qui passait ce jeudi en comparution immédiate remonte à la fin du mois de janvier.

Le 2 février, un individu se présente à la gendarmerie de Faa’a pour déposer une plainte. Il dit avoir été victime de trois hommes qui l’ont séquestré.

Celui-ci explique qu’il agissait alors comme intermédiaire dans un trafic d’ice, et qu’il avait été chargé par ses trois bourreaux, de trouver une autre source d’approvisionnement de meth. Il s’exécute et se fait remettre, par « Patron », désigné comme étant à la tête d’un réseau de revendeurs, une somme de un million Fcfp.

Mais l’ice qu’il ramène n’est pas du tout au goût de « Patron » et de ses deux sbires, dont l’un d’entre eux est son frère. Ceux-ci trouvent la marchandise « merdique » et décident alors de le séquestrer au domicile familial pour se faire rembourser le million investi.

Menaces et tabassages en règle

Et c’est là que le calvaire commence pour l’intermédiaire. Agitant une paire de tenaille devant lui, l’un des trois lui explique, « je vais te crever les yeux, te couper les doigts pour que l’on ne puisse pas t’identifier quand on trouvera ton corps. » Patron renchérissant, « je vais dire aux gars qu’ils creusent ta tombe pour qu’on te mette dedans. » Puis comme si cela ne suffisait pas pour l’effrayer, Patron lui montrant des balles de revolver, lui dit, « il y en a une pour toi et une pour celui qui t’as refilé l’ice. ». Car ils sont armés. Des armes de défense, certes, mais comme l’a souligné le procureur de la République, « difficile pour un novice de faire la différence. »

Armes à feu et munitions

Lors de la perquisition, la Brigade de recherche de la gendarmerie a trouvé deux armes. Un revolver à grenaille et un pistolet à air comprimé. Les gendarmes ont aussi mis la main sur des munitions de marque Luger de 9 mm, mais n’ont pas trouvé l’arme à laquelle ces balles sont destinées. C’est avec le revolver qu’ils ont fait un mauvais remake de « Voyage au bout de l’enfer » en faisant des simulacres de roulette russe sur la victime.

Six scooters en échange de sa liberté

La victime qui a eu le droit à plusieurs passages à tabac, passe alors un deal avec ses bourreaux. Il leur propose d’aller à son domicile pour y récupérer six scooters, un groupe électrogène et un boombox qu’ils pourront garder en garantie le temps qu’il réunisse le million pour les rembourser. Le deal est conclu, les objets récupérés et le créancier libéré.

Ce que les apprentis mafieux n’avaient pas prévu c’est qu’à peine libéré, il s’est présenté dans les locaux de la gendarmerie pour déposer plainte.

« Je ne pensais pas trouver ce type de faits en Polynésie »

Entendus à la gendarmerie, ils reconnaîtront les faits, mais les minimiseront. Les trois hommes ont tous eu maille à partir avec la justice. « Patron », 23 ans, a à son actif sept condamnations pour vols, stup et effractions. Son frère « Kirikou »,36 ans, quatre condamnations pour recel de vol, violence sur conjoint et conduite en état d’ivresse et le troisième, 31 ans, sept condamnations pour stup, vols et violences.

Pour le procureur de la République, Hervé Leroy, les cas de séquestration, « sont des faits que l’on connait en métropole et plus particulièrement dans le sud.», et de citer « Nice, baie des anges, où les anges sont dans la mer et les requins sur terre. » poursuivant, « je ne pensais pas voir ce genre de faits ici en Polynésie. » il assure, « la raison , on la connaît, c’est l’ice. » et de requérir la détention provisoire pour les trois prévenus en attendant la date de leur jugement prévu pour le 2 mars. Réquisitoire que le tribunal a suivi à la lettre.

À noter que les prévenus risquent 5 ans de prison pour séquestration.

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