Alors que l’association 193 de défense des victimes du nucléaire a annoncé jeudi la création de sa cellule d’accompagnement et de réparation des victimes liées aux essais nucléaires (CARVEN) « Te Pu papa ti’a ora », Radio 1 revient en détails sur les chiffres des indemnisations de victimes du nucléaire à partir des dossiers montés en Polynésie. Sept ans après le vote de la Loi Morin, 84 dossiers de Polynésiens ont été présentés au Civen et 14 personnes ont reçus une indemnisation en relation avec les essais nucléaires.
Au 1er janvier 2017, pas moins de 84 dossiers en provenance de Polynésie française ont été reçus et pris en charge par le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen). En comparaison, le Civen a reçu 49 dossiers d’Algérie et 973 de métropole ! Pour autant, les 84 dossiers polynésiens correspondent seulement à 75 personnes. En effet, 6 personnes ont déposé des demandes pour des doubles cancers et 2 pour des triples cancers. Près de 85% des dossiers envoyés au Civen (71) proviennent du Centre médical de suivi (CMS) placé sous l’autorité de la Direction de la Santé de Polynésie. Le reste (13) ont été montés par des particuliers ou avec l’aide des associations de vétérans du nucléaire comme Moruroa e tatou. Sur ces 84 dossiers, 40 ont été rejetés principalement en raison du « risque négligeable » d’irradiation. 13 dossiers ont reçu un avis favorable d’indemnisation, dont 3 en passant par un recours devant la justice administrative. Enfin, 33 dossiers sont toujours en attente de réponse du Civen. A cela il faut ajouter le cas spécifique d’un ancien travailleur du nucléaire indemnisé sans passer par la Loi Morin, mais à travers des recours devant le tribunal du travail, puis le tribunal administratif.
Quatorze indemnisations pour des maladies liées aux essais nucléaires
Quatorze dossiers polynésiens ont donc reçu une indemnisation en relation avec les essais nucléaires. Six d’entre eux concernent d’anciens travailleurs de Moruroa ou leurs ayants-droits, touchés respectivement pour deux d’entre eux par une leucémie, trois pour un cancer du poumon et un cancer de la vessie. Les huit autres sont dans le détail un habitant de Tureia atteint d’un cancer du poumon, cinq personnes atteintes de cancers de la thyroïde à Mangareva, une habitante de Pukarua atteinte d’un cancer de la thyroïde et une habitante de Tahiti décédée d’un cancer du sein puis d’un myélome à 44 ans.