RAPPORT – 8 femmes sur 10 y sont régulièrement confrontées. Un stress qui a un effet sur leur performance au travail.
Votre collègue s’adresse à vous en vous appelant « Ma belle » ? Un autre vous lance, en blaguant : « T’es une femme, tu ne vas pas y arriver ! » Même sur le ton de la plaisanterie, ces phrases relèvent du sexisme ordinaire.
Le chiffre. 80% des femmes salariées sont régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes. Huit femmes sur dix et autant d’hommes interrogés ont notamment été témoins de blagues sur les femmes et 50% des femmes en ont été la cible, souligne un rapport du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle (CSEP) remis vendredi à la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine.
Une détresse psychologique. Or, ces remarques à répétition ont un impact direct sur la santé physique et mentale des femmes. Moins de confiance en soi, de bien-être au travail et de performance : 93% des femmes salariées estiment que cela peut amoindrir leur sentiment d’efficacité.
Un sexisme passif. Plus étonnant, on apprend dans ce rapport qu’il existe un sexisme passif, un peu comme le tabagisme passif : la victime de remarques sexistes souffre mais ses collègues aussi, comme des victimes collatérales. L’impact est quasiment le même sur eux que sur la victime principale, selon les chercheurs.
Difficile à définir… Le rapport d’une centaine de pages s’attèle donc à définir ce qu’est le sexisme. Les auteurs en distinguent trois formes : le sexisme « hostile » du type « les femmes sont nulles en mathématiques », le « sexisme subtil ou masqué », qui passe notamment par l’humour ou le « sexisme ambivalent, voire bienveillant » comme le paternalisme infantilisant. Les auteurs du rapport reconnaissent que le phénomène est compliqué à définir, car « la limite entre les actes, propos, attitudes acceptables et ceux qui ne le sont pas, (…) entre les propos blessants et humiliants et les propos humoristiques » n’est pas évidente.
… et à sanctionner. Les auteurs du rapport notent aussi la « quasi-inexistence » du sexisme dans la loi. Le seul outil efficace aujourd’hui, c’est la bonne volonté de l’employeur qui peut sanctionner les comportements sexistes.
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