ACTUS LOCALESJUSTICE Six ans ferme pour le chauffard Pascal Bastianaggi 2020-10-15 15 Oct 2020 Pascal Bastianaggi Teva G. a été condamné à six ans de prison ferme pour avoir renversé une cycliste, alors qu’il conduisait une voiture sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants et sans permis. Sa victime dont le pronostic vital avait été engagé doit subir de nombreuses interventions chirurgicales. Teva G. a 28 ans et va passer six ans de sa vie derrière les barreaux. Temehau M. a 24 ans et va passer au moins une année à l’hôpital en métropole et deux ou trois années de soins. Deux vies fichues en l’air à cause de l’alcool et du paka et de l’irresponsabilité de Teva, qui sous l’emprise de ces deux substances, a percuté en voiture Temehau qui s’entrainait à vélo. Elle s’était prise de passion pour le triathlon. « S’était », car au vu de ses nombreuses fractures et du pessimisme affiché par les chirurgiens il n’est pas certain qu’elle récupère complètement l’usage de ses membres. Lorsqu’elle a été transportée à l’hôpital, son pronostic vital était engagé. Une nuit blanche passée à boire et fumer du paka Les faits se sont déroulés le 23 août à Mahina. Teva revenait d’une nuit blanche passée à boire et fumer du paka. Sans permis de conduire, il avait emprunté la voiture de sa mère qu’elle-même s’était fait prêter par une amie. Sur le chemin du retour, au petit matin, alors qu’il comptait aller se coucher, il rencontre l’un de ses amis qui lui demande s’il peut le déposer au magasin. Il l’embarque et prend aussi à son bord une autre de ses connaissances. Tous trois prennent la direction de Papeeno. « Il roulait vite, trop vite et je lui ai fait remarquer, l’aiguille était sur 120 » déclare l’un des passagers. Trop tard, Teva fait une embardée dérape et s’en va percuter Temehau qui arrivait en vélo sur la voie d’en face. Son père qui l’accompagnait a pu éviter la voiture, il ne sait trop comment. « Elle a été éjectée à une hauteur d’au moins 10 mètres » raconte un témoin. La voiture, avant de finir sa course dans le fossé, percute aussi un autre véhicule. Pris de panique Teva sort de la voiture et tente de s’enfuir à pied, mais il est rattrapé par des passants. Le pronostic vital engagé Sur place le Smur prend en charge la victime dont le pronostic vital est engagé. Elle a des traumatismes crâniens, de multiples fractures aux bras, aux jambes, aux côtes, mais aussi au bassin ainsi qu’une artère sectionnée. L’éthylotest pratiqué sur Teva révèlera une forte absorption d’alcool, 2,28 grammes par litre de sang – la limite autorisée est de 0,80 -, mais d’autres tests révéleront aussi une forte teneur en THC. À la barre, Teva n’en mène pas large. Bras croisés, tête baissée, il ressasse ces instants qui ont failli coûter la vie à une jeune femme mais qui risquent de la laisser avec des séquelles à vie. Il semble KO debout. « Je m’en veux, je regrette ce qu’il s’est passé, je m’excuse auprès de la victime et de sa famille. J’en assumerai les conséquences. » Dans la salle, la famille de Temehau l’observe sans rien laisser transparaitre, si ce n’est quelques regards embués de larmes. « J’essaie de me repasser le film, mais je n’y arrive pas » Interrogé sur les circonstances de l’accident, il explique, « je n’ai pas réfléchi, je pensais être en état de conduire (…) j’essaie de me repasser le film, mais je n’y arrive pas. » À son casier judiciaire, quelques condamnations pour stups et vols. Sur son enfance on apprend qu’il a été élevé à gauche et à droite et qu’à 14 ans il a commencé à fumer du paka car, « je n’étais pas bien dans ma vie ». Il a fait aussi plusieurs tentatives de suicide, dont une par pendaison où il a été sauvé in extrémis par sa mère. Pour l’avocate des parties civiles, « Temehau voulait venir pour dire sa colère d’avoir croisé sa route ce jour-là (…) C’est dramatique pour elle, elle doit subir de nombreuses interventions en métropole sans avoir la certitude de récupérer l’usage de ses bras. Rouler à cette vitesse-là, c’est au-delà de l’irresponsabilité, c’est un inconscient ! » Une plaidoirie reprise en partie par le procureur qui martèle, « ce n’est pas la faute à pas de chance ! C’est bien lui qui a pris le véhicule, c’est bien lui qui a bu et fumé, c’est bien lui qui a appuyé sur l’accélérateur. » Il poursuit, « certes, il a eu des accidents de vie, mais ce n’est pas le seul ! Compte tenu des faits et des conséquences corporelles sur la jeune femme, je requiers cinq années de prison dont un an avec sursis, avec son maintien en détention. » « Mon client aurait préféré que ce soit lui à la place de la jeune femme » De son coté la défense estime que « c’est un gâchis pour plusieurs personnes (…) mon client aurait préféré que ce soit lui à la place de la jeune femme. Il est là avec ses regrets qui sont sincères et il regrette amèrement d’avoir gâché la vie de cette jeune femme et de sa famille. Je demande la plus grande clémence par rapport à son attitude qui est vraiment sincère. » Avant de rendre son jugement, le juge donne la parole à l’accusé. Et ce sont les larmes aux yeux qu’il prend la parole en regardant la famille de sa victime. « Je sais que mes mots ne changeront rien. Mais je suis sincèrement désolé. J’aimerais être à la place de votre fille, je regrette sincèrement. J’en assume les conséquences. » Le tribunal ne lui a pas accordé la clémence réclamée par son avocate. Il a été au-delà des réquisitions en condamnant Teva à six ans de prison ferme. Son avocate compte faire appel de la décision. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)