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Six ans ferme pour vols à main armée

Au tribunal ce mardi, une affaire de vols sous menace d’une arme. Les faits se sont déroulés sur deux jours, courant du mois d’octobre 2018. Deux jours durant lesquels David R. alors sous l’emprise de stupéfiants, a commis trois vols à l’aide d’un revolver à grenaille. Une épopée pour laquelle il a pris six ans ferme.

David R. a 36 ans et un lourd passé de voleur, auquel vient s’ajouter une certaine addiction aux stupéfiants en général et à l’ice en particulier. En août 2018, c’était lui qui avait cambriolé la maison du défunt maire de Punaauia, Rony Tumahai, alors que la famille du tavana était à la veillée mortuaire. Avec la somme qu’il a retiré de son méfait, 600 000 Fcfp, il a acheté de l’ice. En octobre, il est à cours de méthamphétamine et se lance alors dans une folle équipée pour s’en procurer. Á l’aide d’une arme, un revolver à grenaille qu’il a dérobée sur un bateau, il s’en va en scooter braquer des gens qu’il rencontre au hasard de ses pérégrinations.

« Il a sorti un revolver qu’il a pointé sur ma tête. » 

Ses deux premières victimes, c’est dans la nuit du 15 octobre qu’il les rencontre, dans le col du Tahara’a, alors qu’elles revenaient à vélo de Papeete. « Un gars en scooter s’est arrêté et il a sorti un revolver qu’il a pointé sur ma tête », racontera l’un d’eux, auditionné chez les gendarmes. « J’ai ouvert ma sacoche, et il m’a demandé de lui donner mon vini. Puis il a tiré quatre fois en direction de l’hôtel et ce n’est qu’à la cinquième reprise que l’arme a fait feu. (…) J’ai vraiment eu peur pour ma vie. » Les gendarmes lui montrent un trombinoscope dans lequel il reconnait David R.

Il met en cause un négociant d’or

Dans la foulée, cette fois sur le parking de la plage Lafayette à Arue, il s’en prend à l’une de ses connaissances, un jeune homme qui tient commerce de rachat d’or. Appelé à la barre, le négociant indiquera que David lui a braqué l’arme sur la tête. « On aurait dit un fou ! Je lui ai donné 10 000 Fcfp. Il m’a dit qu’il allait tirer dans mon pied et il a menacé ma famille. Il connaissait le prénom de ma mère. (…) Je me suis vu mourir ! » Selon lui, il ne connaissait David que de la veille, il lui aurait proposer de racheter des diamants, « ce que je n’ai pas fait car on aurait dit des diamants de Monopoly. »

C’est là que David intervient du box des accusés. « Les deux frères sont des grands receleurs. Ils savaient que les bijoux que je leur proposais étaient volés. » Puis s’adressant au jeune homme, « Assumes que tu achètes mes bijoux et même que tu me proposes de les échanger contre de l’ice. »  S’adressant au tribunal, « Il essaie de se cacher, mais lui et son frère, ils ont tout le temps acheté mes bijoux volés. » À la barre le négociant est déstabilisé, « À cause de lui, j’ai été suivi par un psychologue et j’ai dû fermer ma société . » « Parce que tu fumes de l’ice aussi !» s’exclame alors David.

À Taravao, il braque un passant

Dernier fait d’armes, le 16 octobre à Taravao. David cette fois n’est pas seul. Il est accompagné de deux de ses amis, Luc N. et Rodrigue F. Ce qui devait être un simple trip entre potes s’est terminé par un braquage. La victime, un passant en vélo. Celui-ci a eu la malchance de croiser la route de David, alors sous ice, et de ses deux acolytes, sous l’emprise de l’alcool.

Même modus operandi. Mais cette fois, le passant après avoir recu des coups de poing et de pied de la part d’un des collègues de David, réussit à prendre la fuite en laissant son vélo et son téléphone entre les mains de ses agresseurs. À la barre les deux complices diront qu’ils ne savaient pas que David était armé, et Rodrigue F. qui a porté les coups expliquera avoir été « choqué quand j’ai vu l’arme, et que c’est pour cela que j’ai frappé le gars. Il était traumatisé et je l’ai frappé pour accélérer les choses. »

Une enfance d’errances et de vols

Sur son enfance, David explique qu’il a été livré à lui-même à l’âge de 14 ans. Ses parents l’ont abandonné et depuis, il n’a pas de chez lui. Il vit à droite et à gauche et de temps à autre chez sa copine. Sa façon de vivre, il la doit à la prison. Du moins c’est ce qu’il tente de faire croire au tribunal « Avant j’étais un petit voleur, mais à force d’aller en prison, tu rencontres des gens qui t’expliquent comment faire et qui te poussent à le faire. J’ai été six fois en prison et on ne m’a jamais aidé. Pas de travail, pas de suivi … » Puis faisant son mea culpa, il affirme « Je vais essayer de m’en sortir et arrêter de voler. Depuis l’âge de 14 ans je vole. C’est peut-être une maladie ? » Puis sur les raisons qui le poussent à agir de la sorte, « Depuis que je suis en prison, (NDLR : un an) je me suis rendu compte que c’était l’ice qui me rendait comme cela. »

Huit ans de prison ferme requis

Pour le procureur de la République, Hervé Leroy, David R. est en état de récidive légale,  il a fait usage de son arme à trois reprises et « ces faits doivent être conjugués à son casier qui comporte 25 condamnations (…). Ce qui m’importe, c’est que la sécurité de nos contemporains soit préservée sur le territoire. C’est pour cela que j’insiste sur la gravité des faits. Ainsi je requiers à son encontre huit ans de prison ferme et son maintien en détention. » Quant à ses deux complices, Rodrigue F. qui a frappé la victime de Taravao, quatre ans ferme ont été requis avec maintien en détention, et pour l’autre, Luc N., quatre ans dont un an de sursis.

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné David R. à six ans de prison et son maintien en détention, Rodrigue F à deux ans ferme et maintien en détention et Luc N, à deux ans dont un de sursis.

Pour l’avocat de David, Me Chouini,  la peine prononcée contre son client est « plutôt juste ».

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