Robert, 70 ans, est un gendarme à la retraite qui n’apprécie pas beaucoup qu’on lui refuse quoi que ce soit. Deux vigiles et deux policiers en ont fait l’amère expérience. Il a été condamné pour violences sur personnes et rébellion à six mois de prison avec sursis.
Nous sommes le 3 avril, au début du confinement et des mises en place des gestes barrières et de la distanciation à l’OPT, lorsque Robert, 70 ans, ancien gendarme à la retraite, veut pénétrer dans les locaux de la poste pour y retirer du liquide. Il n’a pas d’autre solution, sa carte de retrait a été avalée car il était trop lent pour composer son code.
Mais à l’entrée, deux vigiles, dont l’un entièrement bâti en muscles, lui demandent gentiment de patienter car il y avait déjà du monde, et distanciation sociale oblige, il doit attendre que l’un des clients sorte de l’OPT afin qu’il puisse y pénétrer à son tour. « Je lui ai dit qu’il y avait des gestes barrières et il m’a dit que c’étaient des conneries, que le coronavirus c’était une maladie inventée », explique le vigile à la barre.
Le gendarme à la retraite, légèrement psychorigide et peu habitué à ce qu’on lui dise « non », hausse le ton et force le passage. La discussion s’envenimant, les vigiles décident de sortir le récalcitrant des locaux. S’en prenant alors au plus fluet des deux hommes, Robert le bouscule et lui montre le poing. 70 ans mais même pas peur. Le plus costaud s’en mêle pour tenter de le calmer mais il n’obtient de lui qu’un coup de coude dans les côtes qui force le vigile à le maîtriser « de façon professionnelle », relève le juge, en le plaquant au sol. Mais Robert continue à insulter copieusement les deux hommes.
L’enregistrement de vidéo surveillance ? Trafiqué, dit le prévenu
C’est alors que deux agents de la DSP interviennent et essaient de le calmer. Mais rien n’y fait, Robert continue de s’énerver. Ils tentent de le menotter mais celui-ci se débat et porte un coup de genou à l’entrejambe de la policière. Ils parviennent toutefois à le menotter et à l’embarquer. L’incident a été immortalisé par une caméra de surveillance placée à l’intérieur de l’OPT dont les images ont été diffusées dans la salle d’audience. Mais pour Robert, le film a été trafiqué. Affirmation qui a fait bondir la procureure.
Ne reculant devant rien, Robert avait aussi demandé à sa femme, présente lors de l’empoignade, de témoigner dans son sens lors de son audition à la DSP. Mais celle-ci a dit aux policiers qu’elle n’avait nullement l’intention de camoufler la vérité – « je ne vais pas raconter n’importe quoi » – et a appuyé le témoignage des vigiles et agents de la DSP, même si, a-t-elle ajouté, « je vais prendre derrière », laissant entendre que son mari employait parfois la manière forte avec elle. Ce qui a fait sourire l’ex gendarme à la barre et énervé le juge. « Cela vous fait rire ? » « Oui, c’est n’importe quoi. »
« Manifestement il ne tolère pas qu’on lui dise non »
Pour la procureure, « c’est le procès de la mauvaise foi et de la toute puissance manifestée par le prévenu. Il dit à sa compagne de mentir, conteste la véracité des images, manifestement il ne tolère pas qu’on lui dise non. (…) Il n’est pas au-dessus des lois ni des normes, et ses violences sont caractérisées, images à l’appui. Je demande quatre mois ferme. »
Pour la défense, les faits se sont passés au début du confinement, « une période où les tensions sont exacerbées (…). Il a été plaqué au sol et sa dignité a été touchée. » Son avocat estime qu’une peine avec sursis suffit amplement. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis.