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« Six mois, pas un jour de plus » : la commission d’enquête sur le nucléaire sera lancée le 30 avril


Députée depuis moins d’un an, Mereana Reid-Arbelot, qui n’a pas et n’a jamais eu d’autres mandats, a eu l’occasion de s’investir sur plusieurs sujets ces derniers mois. Notamment celui du nucléaire, avec une commission d’enquête parlementaire qui doit être lancée dans quelques jours. Invitée de la rédaction de Radio1, la remplaçante de Moetai Brotherson à l’Assemblée nationale a aussi lancé un appel au témoignage en Polynésie sur les conséquences du changement climatique, et « fait le forcing » pour faire avancer ses propositions sur la retraite des fonctionnaires d’État.

Voilà un peu plus de dix mois, maintenant, que Mereana Reid Arbelot a pris ses fonctions au Palais Bourbon. La suppléante de Moetai Brotherson aux législatives de 2022 avait été appelée à prendre le relais du député devenu président lors de sa victoires aux territoriales de mai dernier. « Pas prévu » pour celle qui est alors ingénieur en chef du contrôle de la navigation aérienne de la tour de Tahiti – Faa’a, mais qui, après quelques hésitations, finit par se lancer. « Ça a été un petit peu brutal parce que la vie à l’Assemblée nationale, c’est à 200 à l’heure, beaucoup plus rapide qu’à la tour de contrôle, je trouve, note la parlementaire. Mais je m’y fais ». Steve Chailloux et Tematai Le Gayic, qui n’avaient qu’un an d’expérience à l’Assemblée nationale lors de sa prise officielle de fonction, ont « tout fait pour l’accompagner ». Et elle est depuis « certainement celle qui est le plus à Paris » puisque contrairement à ses deux collègues Tavini, elle ne siège pas à Tarahoi.

« Six mois et pas un jour de plus » pour la commission nucléaire

Ce temps, Mereana Reid-Arbelot l’a investi sur plusieurs dossiers, à commencer par celui du nucléaire. Déjà auteure d’une question au gouvernement sur la question l’année dernière, elle avait annoncé début mars la création d’une première commission d’enquête sur la « Politique française d’expérimentation nucléaire ». Un intitulé « volontairement large », pour inclure les questions des conséquences humaines, sanitaires ou environnementales, sans « fermer la porte » aux questions sociétales liées à l’installation du CEP. Objectif : faire des recommandations pour « toiletter » ou refondre la loi Morin – Moetai Brotherson s’était attaqué au sujet avec une proposition de loi en fin de premier mandat, sans succès -, mais « pas seulement ».

Car en 6 mois « et pas un jour de plus », « on ne peut pas prétendre solutionner les conséquences du fait nucléaire en Polynésie, c’est irréalisable », explique l’élue. « Je souhaite que cette commission soit une articulation, peut-être, vers une mission plus large. Il y a eu par exemple la mission Duclert sur le génocide du Rwanda qui a produit 1200 pages avec  beaucoup d’historiens et ce rapport est devenu une référence mondiale lorsque un état ou une entité veut se saisir d’un fait historique. Je pense que le fait nucléaire en Polynésie, l’installation du CEP mériterait peut-être ça, mais c’est la commission d’enquête qui le dira ».

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L’appel aux parlementaires pour occuper les 30 sièges de cette commission sera passé le 30 avril. La première réunion, elle, devrait avoir lieu le 7 mai. Les élus pourront ensuite convoquer à des auditions toutes les personnalités qui leur semblent pertinentes : historiens, scientifiques – Mereana Reid-Arbelot pense notamment à des chercheurs qui ont travaillé sur la très débattue transmission intergénérationnelle -, mais aussi dirigeants du CEA, anciens cadres du CEP, ou représentants du pays et de l’État.


Climat : traités, mémoires et témoignages

La députée s’est aussi investie, ces derniers mois, sur les sujets climatiques et environnementaux. Pour preuve : son rapport auprès de l’Opecst, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, sur la protection de la biodiversité marine en haute mer. Sur la base d’auditions de chercheurs, l’ingénieure de formation y recommande à ses collègues d’œuvrer, comme l’exécutif français, pour une entrée en vigueur rapide du traité des Nations-Unis sur la haute mer. Mais aussi d’imposer le moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins, de mieux impliquer les outre-mer, d’intensifier la recherche ou de multiplier les démarches pédagogiques sur le sujet…

Mereana Reid-Arbelot s’est plus récemment investi dans les démarches internationales en cours sur la question climatique. Après une demande du Vanuatu en 2023, l’Onu a saisi la Cour internationale de justice sur les obligations des États à l’égard du changement climatique. Chaque pays, petit ou gros, a déposé ces derniers mois un premier mémoire concernant ses actions et sa vision de sa responsabilité. Un deuxième round de dépôt de documents se prépare, et la députée aimerait que l’expérience concrète des collectivités d’outre-mer, et notamment du fenua, face à ces changements, soit intégrée dans le dossier français. Elle recueille donc des témoignages en Polynésie sur l’évolution de la chaleur de l’air ou de l’eau, ou bien sûr le recul du trait de côte, sujet qui fait d’ailleurs l’objet d’une proposition de résolution qu’elle a cosignée à l’assemblée. Au bout de ce travail, un avis de la Cour internationale de justice mais surtout l’opportunité de réflexions entre États :

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Les témoignages sur les effets du changement climatique en Polynésie peuvent être adressés à l’équipe de la députée à l’adresse mereana.reidarbelot@assemblee-nationale.fr.

Retraites des fonctionnaires : « faire le forcing » pour avoir un « chiffrage »

Enfin – et ça n’est pas un sujet mineur pour la parlementaire qui a déjà posé trois questions au gouvernement sur le sujet – Mereana Reid-Arbelot est mobilisée sur le dossier des retraites des fonctionnaires d’État. Et pas seulement parce qu’elle en est une. Avec la disparition progressive de l’ITR, jusqu’à 2028, les fonctionnaires nationaux de Polynésie ont accès à une pension « injuste et inéquitable » par rapport à leurs collègues métropolitains, insiste-t-elle. 43% de taux de remplacement – c’est à dire une pension plus de deux fois inférieure au dernier revenu en activité – contre 73,8% pour une carrière dans l’hexagone. La différence, déjà pointée à de multiples reprises par les syndicats, s’explique par le fait que seule la « partie indiciaire de base » du traitement, et donc pas le complément issu de l’indexation, est prise en compte pour le calcul de ces pensions.

Parce que la part indexée ne fait pas l’objet de cotisation ? « Faux », répond-elle, en précisant que les coefficients de majoration ont été calculés « après la déduction des retenues sociales ». Une « double peine » assure la parlementaire, qui estime, comme la CSTP-FO notamment, que le mécanisme de complément de retraite par capitalisation voté à Paris l’année dernière ne résout rien. Sa demande à Paris : « élargir le calcul de la pension civile à tout le traitement indiciaire pour harmoniser la pension civile des fonctionnaires ultramarins avec les fonctionnaires de l’hexagone ». La députée compte bien « démontrer que ça ne coûte pas tant que ça », en avançant des chiffres pour l’instant difficiles à se procurer auprès des ministères nationaux. « On essaie de faire le forcing », assure-t-elle.