Val-d’Isère (France) (AFP) – Faire parler son ski plutôt que de lui-même: l’Azuréen Mathieu Faivre a mis sa devise à l’honneur en dominant dimanche le slalom géant de Val d’Isère, sa première victoire à bientôt 25 ans en Coupe du monde de ski alpin.
Champion du monde junior en 2010, Faivre s’est imposé devant les références de la discipline, l’Autrichien Marcel Hirscher, repoussé à 49/100e, et son compatriote Alexis Pinturault, à 1 sec 11/100e.
Le skieur des Alpes-Maritimes l’a fait dans une station qu’il connaît bien pour des raisons personnelles, qu’il adore, et sur la piste Oreiller-Killy (OK) remise au goût du jour, dix ans après sa dernière utilisation par les messieurs.
Sans Hirscher, quintuple tenant du gros globe de cristal et « empêcheur de tourner en rond », la France aurait réalisé un incroyable quatre sur quatre.
Thomas Fanara, qui s’est fait mal au genou droit, et Victor Muffat-Jeandet ont en effet terminé quatrième et cinquième sur l’OK qui accueillait les épreuves annulées à Beaver Creek (États-Unis) en raison du manque de neige dans le Colorado.
Quatre Tricolores aux cinq premières place, cela ne s’était plus vu depuis 1967, l’année de l’inauguration du Cirque blanc, qui fête ses 50 ans cette saison.
– « Pas du tout une finalité » –
« Parfois je fais des erreurs, comme ce dimanche en première manche, et je dois les gérer. C’est toujours une histoire de mixer l’attaque et la sécurité. Je partage cette belle journée avec Mathieu et le reste de l’équipe: voir que du bleu autour de Marcel Hirscher, c’est formidable », a souligné Pinturault, remonté de la sixième à la troisième place d’une manche à l’autre.
Le chef de file du ski tricolore, troisième au général, à 96 points de Hirscher, a aussi vanté les qualités techniques du vainqueur, son « excellent toucher de neige », et son calme.
S’il est né dans une clinique à Nice, Faivre est un vrai montagnard, qui a passé toute sa jeunesse à Isola 2000. Dans cette station du massif du Mercantour, à la frontière italienne, son père y est moniteur de ski.
Alors n’attendez pas de l’exubérance de ce sudiste qui ne s’intéresse pas au football.
« Le plus dur commence maintenant. Il va falloir se poser les bonnes questions pour continuer à progresser. Ce n’est pas une libération dans la tête, car je ne vois pas du tout ça comme une finalité. Par contre, c’est une petite libération sur les skis, car j’ai réussi à skier comme à l’entraînement, ce qui ne m’est pas arrivé souvent en Coupe du monde », a expliqué Faivre, qui avait conclu le premier +run+ à 1/100e de Hirscher.
– Profils différents –
« C’est top. On a tous un profil vraiment différent. Malgré tout, on arrive à réussi ensemble, ça montre que cet été on ne s’est pas endormi. On a tous notre histoire, notre gabarit. Alexis, Thomas et Mathieu ont déjà gagné. Ça donne de l’espoir », remarque Muffat-Jeandet.
Le week-end prochain, la station savoyarde accueillera à nouveau le Cirque blanc pour sa traditionnelle étape des disciplines techniques masculines (géant vendredi et slalom dominical) sur la Face de Bellevarde.
Un profil bien différent de celui de l’OK, qui a exalté à ses débuts les qualités d’acrobate de Hirscher.
« J’y reviens toujours avec émotion et plaisir », a rappelé le Salzbourgeois, qui avec sa deuxième place dimanche a réalisé la bonne opération au classement général de la Coupe du monde, avec désormais 80 points d’avance sur le Norvégien Kjetil Jansrud et 96 sur Pinturault.
© AFP PHILIPPE DESMAZES
Mathieu Faivre, entourré par ses dauphins Marcel Hirscher (g), et Alexis Pinturault sur le podium du slalom géant de Val d’Isère, le 4 décembre 2016