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Social : Minarii Galenon dégaine son « plan de la dignité humaine »

Invitée de la rédaction de Radio1 ce mardi, la vice-présidente, ministre des Solidarités, en charge de la Famille, de la Condition féminine et des personnes non autonomes a révélé les grands axes de son « plan de la dignité humaine », qui court jusqu’en 2028. Un vaste programme qui ambitionne de répondre aux besoins des publics vulnérables, en s’appuyant beaucoup sur la société civile à défaut de disposer de suffisamment de travailleurs sociaux.

Minarii Galenon a présenté au gouvernement les orientations 2024-2028 du ministère des Solidarités. La ministre invoque une « portefeuille quand même assez lourd » pour justifier cette longue attente avant la livraison de ce « plan de la dignité humaine ».

Il s’agit d’abord d’« améliorer le cadre de vie des personnes en difficulté ». Un centre d’hébergement de nuit pour les sans-abri dit voir le jour avant Noël. Un temps envisagé à Vaininiore, où la ville de Papeete a d’autres plans, il sera situé à Fare Ute. Les anciens hangars de l’emprise militaire rétrocédée à la commune pourront accueillir « une centaine de SDF pour débuter », dit Minarii Galenon qui venait d’obtenir l’accord de Michel Buillard quelques minutes avant d’entrer en studio.

La ministre projette également des « éco-villages », descendants du concept qu’elle avait évoqué l’année dernière après l’incendie d’un immeuble d’appartements à Faa’a. Composés d’une vingtaine de containers aménagés et mobiles, rebaptisés « tere houses », ils accueilleront en priorité aux familles sans logement, « qui seront suivies, accompagnées pour pouvoir les réinsérer dans des logements normaux », mais aussi des SDF prêts à tenter la réinsertion sociale et professionnelle durant des séjours de 3, 6 ou 9 mois. La gestion sera confiée aux confessions religieuses. Le premier site ouvrira en 2026 à Taravao, sur un terrain de 2 hectares de la DSFE.

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Le deuxième site sera situé à Tahaa sur un terrain de l’Église protestante ma’ohi, et le troisième aux Marquises ; tous deux ouvriront en 2027. Il était aussi question de Moorea, mais le projet a provoqué une levée de boucliers des riverains, regrette la ministre.

Minarii Galenon projette également plusieurs actions en faveur des handicapés dans les îles. Un premier centre sera construit à Bora Bora en 2025, avec « un très grand soutien du maire et du conseil municipal », et un autre à Raiatea en 2026.

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Un nouveau Code du handicap est « pratiquement prêt » et sera présenté au gouvernement avant la fin de l’année. Les conditions d’attribution du statut Cotorep, « souvent contestées », vont être modifiées en 2025, les conditions financières aussi. Notamment par la « déconjugalisation » annoncée par la déléguée interministérielle au handicap pour octobre 2023 et à présent repoussée à 2025 : pour les personnes handicapées en couple, le montant de l’allocation ne sera pas réduit en fonction des revenus du conjoint.

Pour lutter contre les violences envers les enfants (22 signalements par jour), les femmes et les personnes LGBTQ+, Minarii Galenon veut mettre en place l’année prochaine une véritable permanence pour les urgences sociales, « un point d’entrée unique » par numéro vert, qui bénéficiera de la collaboration de la police.

Un effort de sensibilisation et d’affirmation de soi sera entrepris pour « faire évoluer les mentalités » sur les violences – avec le concours d’associations et de Terainui Hamblin qui avait organisé le mois dernier une marche blanche contre les violences – mais aussi sur le « leadership féminin » ou les droits LGBTQ+.

C’est le chapitre « vivre ensemble » du plan de Minarii Galenon, et sa mesure phare est la tenue de « camps de famille » pendant les vacances scolaires, là aussi avec le concours du Sefi, des associations et des confessions religieuses. Plusieurs de ces camps ont déjà été organisés depuis février dernier, notamment à Moorea, Punaauia, Huahine et Raiatea. La ministre veut qu’ils servent au renforcement des liens et à la résolution des conflits familiaux, sur fond de valorisation des traditions polynésiennes et d’éducation à la parentalité.

Minarii Galenon veut également renforcer le cadre réglementaire des crèches et garderies et la formation des taties. Elle envisage aussi de créer une « allocation monoparentale », tout en reconnaissant que l’accueil des élus à qui elle en a parlé a été « très mitigé » : « On me dit que les allocations servent aux mamans à jouer au bingo. Si on part dans tous ces travers de la société, on ne fera rien pour les enfants en difficulté. »

Enfin, un terrain a été identifié pour construire une nouvelle pouponnière qui accueillera les enfants en instance d’adoption, en application des nouvelles règles en la matière : un enfant de moins de deux ans ne peut pas être remis directement par la famille biologique à la famille adoptante, et un délai d’au moins deux mois doit être respecté pendant lequel les enfants seront sous la garde des services sociaux.

La carte prépayée Faatupu, initiée sous la précédente mandature, est prête au déploiement sur l’année 2025, assure la ministre des Solidarités, le test mis en place dans la circonscription de Punaauia est concluant. Les 3 000 bénéficiaires potentiels verront leurs aides alimentaires et d’autres prestations versées sur cette carte, et ils pourront l’utiliser dans les commerces munis de terminaux de paiement.

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L’ombre au tableau peint par la ministre des Solidarités, c’est le manque de travailleurs sociaux. La DSFE, qui pourtant finance les formations, perd des agents au profit d’autres administrations, notamment l’éducation, où ils sont mieux rémunérés et peut-être moins confrontés à la détresse sociale. On parle de 60 postes non pourvus, et en 2025 Minarii Galenon espère pourvoir « une vingtaine de postes vraiment urgents. » Une indemnité de sujétion spéciale est à l’étude pour renforcer l’attractivité du secteur social, et « on a décidé de mettre en place un contrat. Quand on paye la formation d’une étudiante, il faut qu’il y ait un retour sur investissement », dit la ministre. En revanche, elle assure que les arbitrages budgétaires de 2025 lui permettront de mettre son plan en œuvre.