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Social : Paris ne veut pas de vague avant Teahupo’o, la CSTP-FO pose ses conditions

Lors de rencontres syndicales organisées rue Oudinot il y a quelques jours, le ministère de l’Outre-mer aurait demandé à la CSTP-FO de respecter une trêve sociale pendant la période olympique. Son secrétaire général, Patrick Galenon a posé ses conditions et notamment une avancée des discussions, d’ici le mois de juin, sur le dossier de la retraite des fonctionnaires d’État. Le syndicaliste pointe au passage que la grève qui couve à l’hôpital d’Uturoa n’est pas « isolée » : c’est tout le secteur public de la santé, et plus généralement l’administration du Pays qui subit un « malaise »… Et qui, à l’approche des élections de la fonction publique, pourrait se mobiliser.

Le président du comité olympique, Tony Estanguet, l’avait déjà appelé de ses vœux, comme, d’ailleurs plusieurs membres du gouvernement parisien. Cette fois c’est le ministère de l’Outre-mer qui évoque une « trêve sociale » avant les Jeux Olympiques. Une « paix des braves », même, comme l’ont demandé, la semaine dernière lors d’une rencontre rue d’Oudinot, les conseillers de la ministre déléguée Marie Guevenoux, aux syndicalistes ultramarins de Force Ouvrière. Et particulièrement au représentant de la Polynésie, seule collectivité accueillant une épreuve des JO.

Pas de vague avant Teahupo’o pour la CSTP-FO ? Pas sûr, à entendre Patrick Galenon, le secrétaire général de l’organisation, qui a participé à la réunion parisienne. « À la limite, pourquoi pas, on va accueillir les Jeux olympiques comme une manifestation grandiose, mais il y a des problèmes à régler avant, explique le syndicaliste. On a proposé qu’on puisse se revoir au mois de juin pour que les problèmes que nous rencontrons soient ‘amoindries’ à défaut d’être réglés tout de suite. Nous on veut bien de la ‘Paix de braves’, mais la balle est dans leur camp ».

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L’ITR… Et le nucléaire

Et ces discussions, ma CSTP-FO veut les tenir avec le Haussariat et le ministère sur au moins deux dossiers nationaux. D’une part la retraite des fonctionnaires d’État. Le système de capitalisation compensatoire à la disparition de l’ITR – accepté « sous condition » par l’UNSA – ne convient pas à FO, qui se revendique « première organisation de la fonction publique d’État, en Polynésie comme au niveau national ». Tant pis si le dispositif, jugé « inutile » et « ridicule », est déjà voté, en attente de décrets et d’adhésion volontaire des agents. La « compensation » promise par l’État lors de la programmation de la disparition progressive de l’ITR n’est pas là pour le syndicat, qui a formulé une proposition « alternative » et « indolore » budgétairement pour l’État. Il s’agirait de faire cotiser les agents sur toute leur rémunération y compris l’indexation – ce qui n’est actuellement pas le cas – en échange d’une retraite « au même niveau que celle des agents de l »Hexagone, c’est-à-dire 75% du dernier salaire ». Une proposition qui n’a pas été formellement rejetée par le ministère. « Ce qu’on veut, c’est que ça avance d’ici le mois de juin », rappelle-t-on chez FO.

L’autre dossier évoqué par Patrick Galenon à Paris, c’est bien sûr celui du nucléaire et du remboursement de la CPS, dont il est le président du conseil d’administration. Sur ce sujet, en revanche, le ministère de l’Outre mer s’est montré beaucoup moins ouvert… Et renvoie les discussions vers Bercy. « Les Polynésiens souffrent deux fois : des bombes nucléaires et de la note, puisque ce sont eux qui doivent payer pour les maladies », s’agace le responsable… Qui maintient le chiffrage de la dette de l’État envers la caisse, contesté par Paris. Soir une centaine de milliards de francs, un chiffre qui comprend le traitement de toutes les victimes de maladies potentiellement radio-induites (cancer du sein, du poumon, de l’utérus, de l’estomac et 19 autres pathologies) depuis 1985, et pas seulement celles pour qui le lien entre le nucléaire et leur maladie a été établi.

Rendez-vous le 1er mai

À côté de ces discussions nationales, il y a les tensions locales, notamment dans le secteur public de la santé. « Carences » de personnel, « détresse » de certains agents isolés, manque de réponse du gouvernement sur des dossiers importants ou de réactivité quand des solutions sont proposées… D’après Patrick Galenon, la menace de grève à l’hôpital d’Uturoa n’est pas un malaise isolé. « C’est un cas que l’on prend comme référence, parce qu’il se passe la même chose, même pire, aux Marquises, ou dans les dispensaires des différentes îles qui sont très embêtés par cette fameuse circulaire qui n’a toujours pas été modifiée, explique le secrétaire général. Ça se passe aussi à Taravao et même à Moorea, où il y a un peu moins de problèmes, quoi qu’ils sont aussi en sous-effectifs. Tout ça a bien sûr des impacts sur l’hôpital ». Moins de personnel et moins de moyens dans les îles, ce sont plus d’évasans vers le CHPF et des pathologies qui empirent et sont plus difficiles à traiter. Pour le syndicaliste la situation de la médecine publique a un « coût pour toute la société ».

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À moins d’un mois des élections dans la fonction publique territoriale, Patrick Galenon n’oublie pas de préciser que les « graves problèmes dans l’administration » vont au-delà de la santé. Et parle, entre autres exemples, du manque d’agents de l’urbanisme affectés à la délivrance des permis de construire, dont la lenteur « ralentit aussi l’activité dans le privé ».

Rendez-vous le 1er mai ? « Entre autres », répond le leader du premier syndicat du Pays, qui a demandé une audience avec le Haut-commissaire pour cette journée traditionnelle de mobilisation. Quant au gouvernement, « on ira les voir s’ils ont des solutions à nous proposer ».