Honolulu (Etats-Unis) (AFP) – Après près de 300 jours d’une interminable escale technique, l’avion solaire Solar Impulse 2 a repris jeudi son envol et son tour du monde inédit, en quittant Hawaï pour rallier la côte ouest des Etats-Unis dans deux jours.
L’appareil expérimental révolutionnaire qui fonctionne grâce à une batterie nourrie de l’énergie solaire a décollé sous un ciel dégagé de l’aéroport Kalaeloa à 16H15 GMT et se dirige vers Mountain View près de San Francisco, en Californie, selon des images retransmises en direct sur internet.
« C’est beau! On est dans les airs », a crié au moment du décollage le pilote suisse Bertrand Piccard, qui était seul aux commandes pour ce neuvième vol. Lui et son compatriote André Borschberg se relaient pour accomplir chaque étape.
A la faveur d’une fenêtre météorologique favorable, le « SI2 » a décollé « sans une goutte de carburant » pour un périple « qui doit durer 59 heures jusqu’à l’atterrissage à (l’aéroport) Moffett Airfield de Mountain View », a expliqué Solar Impulse dans un communiqué.
En mettant presque trois jours pour accomplir ce vol, le Solar Impulse prend environ dix fois plus de temps qu’un vol commercial classique.
A quelques secondes du décollage, André Borschberg s’est dit « très heureux » que l’avion puisse reprendre son périple dans les airs, après que l’incertitude a plané dans la matinée en raison de vents ayant retardé le départ.
« Nous sommes très sereins », pour cette première étape du Solar Impulse en 2016, a confié le pilote, évoquant un « mélange d’émotion et de technique ».
« Tous les matins, vous avez le suspense de savoir combien d’énergie il vous reste dans les batteries. Puis avec la levée du soleil vient le cycle vertueux du vol sans fin », a raconté Bertrand Piccard, cité par Solar Impulse.
Le tour du monde inédit des deux aventuriers et militants pour l’énergie propre avait subi un brutal coup d’arrêt à l’arrivée de l’appareil en juillet à Hawaï, soit à mi-parcours du périple de 35.000 kilomètres.
L’avion y était immobilisé depuis 293 jours pour une escale technique, le temps de recharger et réparer ses batteries mais aussi dans l’attente d’avoir des conditions météorologiques idéales pour redécoller.
Les batteries du Solar Impulse 2 avaient été endommagées lors de sa dernière étape au-dessus du Pacifique, un voyage d’une durée record de 5 jours et 5 nuits entre Nagoya au Japon et l’archipel américain de Hawaï dans le Pacifique.
– Avion en papier –
« Même pendant ces neuf derniers mois, l’aventure ne s’est jamais arrêtée », assure le blog du projet Solar Impulse. « Nous avons construit un avion expérimental que nous utilisons pour explorer non seulement les altitudes, mais aussi des territoires inconnus dans le domaine de la technologie propre ».
Bertrand Piccard et André Borschberg sont partis le 9 mars 2015 d’Abou Dhabi, dans les Emirats arabes unis et ont volé près de 18.000 kilomètres jusqu’à Hawaï.
L’avion doit faire le tour du monde en une douzaine d’étapes, représentant quelque 500 heures de vol, afin de promouvoir l’usage des énergies renouvelables.
Une fois arrivés à San Francisco, il restera plusieurs étapes aux pilotes pour compléter leur tour du globe. Deux dans le centre des Etats-Unis pour atteindre New York et la côte est, avant d’entamer la traversée de l’Atlantique.
Ils décideront au dernier moment de faire escale en Europe de l’Ouest ou en Afrique du Nord. L’avion s’arrêtera ensuite sur les côtes méditerranéennes avant de boucler la boucle en rentrant à Abou Dhabi.
Le périple devait initialement durer 5 mois, entre mars et août 2015, mais en est déjà à 13 mois à mi-chemin.
L’appareil construit en Suisse avait été transporté à Abou Dhabi en janvier 2015 par avion cargo.
Ses ailes sont couvertes de plus de 17.000 cellules photovoltaïques, qui chargent les batteries la journée.
Surnommé le « paper plane » (avion en papier), il a une envergure de 72 mètres, plus grande que celle d’un Boeing 747, et un poids de 2,3 tonnes, soit celui d’une petite camionnette.
© AFP Eugene TannerL’avion Solar Impulse 2 avant que le pilote Bertrand Piccard ne monte à bord à l’aéroport Kalaeloa à Hawaii le 21 avril 2016