Un homme de 23 ans était jugé pour trois faits de violences conjugales survenus en l’espace de dix jours, début juin. Des violences physiques, mais aussi des humiliations répétées, qu’il reconnaît sans pour autant prendre conscience de leur gravité. Il échappe à la prison ferme, et pourra continuer à vivre auprès de sa compagne, qui attend un enfant. « Il est mon seul soutien », a-t-elle expliqué.
« Le chemin va être long, pour qu’il parvienne à comprendre », estime la procureure. À la barre du tribunal correctionnel, un homme de 23 ans, jusqu’ici inconnu de la justice, comparait pour trois faits de violences conjugales commis à Punaauia début juin, tous en présence d’enfants, les siens ou ceux de sa compagne.
La victime n’avait déposé plainte qu’au troisième épisode, commis en public au parc Vairai. Après avoir trouvé refuge auprès de l’agent de sécurité, le corps couvert d’hématomes, elle s’était vu prescrire quatre jours d’ITT, pour s’être notamment fait tirer les cheveux et trainer au sol. Le travail des enquêteurs de Faa’a avait alors permis d’ajouter au dossier de l’accusé les deux faits précédents, commis quelques jours plus tôt, qui avaient valu huit et cinq jours d’ITT à la victime, sans qu’elle ne dépose plainte. « Une fois, j’avais tellement mal que je suis restée allongée sur le lit. Si j’avais pu bouger, je me serais suicidée », avait-elle déclaré aux gendarmes.
« Parfois, je ne la tape pas pour rien »
Face aux juges, l’homme reconnaît les faits. Pour chacun d’eux, il évoque une jalousie intense, au point d’avoir abandonné son travail de maçon pour contrôler la vie de sa compagne. Tenues vestimentaires, coiffures, communications, fréquentations… Rien n’échappe à son radar. Un point semble particulièrement l’agacer : que les enfants de sa compagne puissent encore avoir des échanges avec leur père biologique.
À la maison, parler de cette ancienne relation est un tabou : la simple idée que les petits puissent prévoir des cadeaux pour la fête des pères le rend fou furieux. Et lui donne un nouveau prétexte pour détruire du mobilier, cogner sa femme et l’humilier en public. « Regarde cette pute », avait-il notamment ordonné à l’un des enfants, alors qu’il tirait la victime par les cheveux. « Allez regardez les titis de ma femme », avait-il aussi hurlé à ses amis du quartier, après lui avoir déchiré le t-shirt. « Ça, ce n’est pas grave », minimise-t-il à l’audience, provoquant l’ire de la procureure. « Je n’aime pas la violence mais elle me pousse à bout. Parfois, je ne la tape pas pour rien, car elle continue de parler à son ex », poursuit-il encore. « Une banalisation féroce de la violence conjugale », martèle le ministère public.
Il « fume des joints » pour éviter de recommencer
À sa sortie de garde à vue, l’homme avait appris la grossesse de sa compagne. Sans aucune solution d’hébergement, celle-ci était revenue au domicile familial, quand bien même les deux parties avaient interdiction d’entrer en contact. « Il est mon seul soutien », explique celle qui n’a plus de contact avec son père adoptif, sa seule famille, et qui a déjà été victime de violences dans une précédente relation.
« On essaye de changer », poursuit-elle. Lui, jure ne pas avoir recommencé depuis son interpellation : désormais « je me mets dans un coin et je fume un joint pour me calmer », se défend-il face aux gros yeux des juges. « J’ai des choses aussi à faire de mon côté, mais ça va changer », tente de se persuader la victime. « C’est toujours pareil… à vous de voir si vous voulez être battue toute votre vie. Si vous acceptez de l’être, la loi ne le permet pas et il existe un moyen, c’est Nuutania », rétorque le président du tribunal. Celui-ci n’a finalement pas mis sa menace à exécution. Plus clément que les réquisitions de la procureure, qui demandait douze mois dont six fermes, le tribunal a condamné le conjoint violent à 18 mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, assorti d’une obligation de soins et de travail.