Le sénateur UMP de l’Essonne se dit victime de chantage dans les affaires de Corbeil-Essonnes.
Et si Serge Dassault voulait simplement remettre les voyous dans le droit chemin ? C’est en tout cas ce qu’il affirme dimanche dans une interview au Journal du Dimanche. Visé par une enquête sur des achats de votes présumés aux élections de Corbeil-Essonnes, Serge Dassault concède avoir fait dans le passé de généreux dons à ses administrés. Le sénateur UMP assure toutefois que cet argent visait à aider « certains voyous à changer », mais certainement pas à inciter les Corbeil-Essonnais à voter pour lui.
Les faits reprochés. La justice enquête à Corbeil-Essonnes, ville dont le sénateur UMP a été maire pendant une quinzaine d’années, de 1995 à 2009, sur deux affaires. La première concerne les soupçons d’achats de voix aux élections. Ces soupçons portent sur la campagne municipale de 2010 remportée par le successeur de l’industriel, Jean-Pierre Betcher. En mars dernier, une information judiciaire a été ouverte pour achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux.
>> Les explications de Dassault. Alors que des juges parisiens ont demandé la semaine dernière la levée de son immunité parlementaire dans le cadre de cette enquête, Serge Dassault concède avoir fait dans le passé de généreux dons à ses administrés. Il assure toutefois : « je n’ai jamais donné un sou à qui que ce soit pour voter pour moi ». Et d’ajouter : « l’erreur que j’ai faite, c’est de penser que certains voyous peuvent changer si on s’occupe d’eux. » Le sénateur UMP se dit en effet « victime de chantage et de racket », et accuse « une petite bande de voyous » d’être « à l’origine de tous ses problèmes actuels ».
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Il reconnaît notamment avoir fait un don d’1,2 million d’euros à un certain Mamadou Kebbeh. « Pendant deux ans, il m’a harcelé tout le temps », explique-t-il. « Il voulait de l’argent, point final. » Pour avoir « la paix », il lui aurait donc fait ce don, via le Liban. « Il m’a menacé pendant des mois en disant : ‘Si vous ne me donnez pas plus d’argent, je vais raconter que l’argent que vous m’avez donné a servi à payer les élections' », ajoute l’industriel.
Les faits reprochés. Outre le volet « achat de voix », Serge Dassault est également inquiété dans une affaire de tentative d’assassinat. Le 19 février dernier, un boxeur amateur de 32 ans est grièvement blessé après avoir reçu trois balles de calibre 38. Trois semaines plus tôt, un autre habitant de la commune avait été victime d’une tentative d’homicide. Les enquêteurs se demandent donc si la mairie de Corbeil-Essonnes et Serge Dassault ont pu jouer un rôle dans ces deux tentatives d’homicide. Car le point commun entre les victimes est qu’elles auraient touché, ou espéré toucher de l’argent de Serge Dassault, pour l’aider à se faire élire.
>> Les explications de Dassault. « Quelle histoire ! », lance le milliardaire. « J’ai toujours dit que je n’avais rien à voir avec cette affaire, ni d’une façon ni d’une autre. Faire croire que j’aurais pu donner l’ordre de faire tirer sur quelqu’un est une abomination », estime-t-il. Dans cette affaire, le principal suspect Younès Bounouara, un proche de l’ex-maire de Corbeil, est mis en examen pour une tentative d’assassinat. L’industriel affirme pourtant que l’argent qu’il a versé à Younès Bounouara en 2011 « n’a strictement rien à voir avec un achat de voix en 2010 » mais était lié à « des investissements en Algérie ».
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« Le complot contre moi pour me démolir et me déconsidérer a commencé. Mes opposants locaux, et un communiste particulièrement, en ont rajouté. Je n’ai rien dit pendant des mois pensant que cela n’en valait pas la peine… Je dis aujourd’hui que tout cela est faux », affirme Serge Dassault qui envisageait un temps de se représenter à Corbeil-Essonnes pour les municipales.