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Sous le regard de ses habitants, Teahupo’o achève sa mue avant les JO

Finitions des travaux, « détails opérationnels à régler », inauguration d’une statue, arrivée des surfeurs, distribution des laissez-passer à la population… A Teahupo’o, la période olympique débute dans moins de dix jours. Plus de 1 200 personnes ont été accréditées, ce qui n’est pas sans chambouler le quotidien des habitants. 

Il y avait foule, ce mercredi matin au PK0. Sur le reef bien sûr, avec une houle des bons jours. Généreuse, mais non sans risque, pour preuve le wipeout de Arenui Parker, la passe de Hava’e a distribué les rouleaux à la pelle, au grand bonheur des meilleurs spécialistes locaux et de quelques internationaux venus se tester en free-surf ou s’entraîner avant les Jeux Olympiques. Du monde, il y en avait aussi sur terre, « au bout de la route », où les élus de la commune, le président Moetai Brotherson, ses ministres Nahema Temarii et Ronny Teriipaia, quelques officiels, et plusieurs bénévoles en t-shirt orange ont assisté au dévoilement d’une statue en bronze signée Évrard Chaussoy, représentant la légendaire surfeuse Vēhiatua i te māta’i.

Pour l’artiste, c’est l’aboutissement de quatre mois de travail. Pour l’organisation des Jeux, « la phase critique commence », souligne la ministre des Sports Nahema Temarii. À partir du 20 juillet, les sessions officielles d’entraînement débuteront, accompagnées de restrictions de circulation sur le site, qui aura achevé sa mue en village olympique éphémère. Il en sera ainsi jusqu’au 5 août, dernier des dix jours prévus par l’organisation pour boucler la compétition, qui débute officiellement le 27 juillet. « Tout le monde me disait que le gros du travail serait fini après le relais de la flamme, mais c’est faux. C’est maintenant et pendant les dix prochains jours : il y a encore énormément de petits détails opérationnels qui sont en train de trouver leurs solutions. La bonne nouvelle est qu’on travaille tous main dans la main, donc ça va beaucoup plus vite », poursuit la ministre, citant notamment le travail effectué par la cellule Tū’aro Nui.

Au moins 1 200 personnes accréditées

Sans compter les 500 personnes détentrices d’une invitation quotidienne en fan-zone, au moins 1 200 personnes ont reçu une accréditation pour la fenêtre olympique, la moitié en local, l’autre venue de l’étranger. Parmi eux, les 48 athlètes, environ 90 officiels d’équipe, 30 officiels techniques, 85 techniciens chargés de la télédiffusion, une centaine de journalistes, 709 membres du staff de Paris 2024 et 267 bénévoles. « Nous avons quelques membres qui vont travailler sur la logistique, ils sont au taquet, tout le monde a hâte que ça commence », s’impatiente le président de la Fédération tahitienne de surf, Max Wasna. Depuis deux jours les équipes de la mairie, assistées du haussariat, distribuent les laissez-passer aux résidents du village, qui côtoieront ce grand barnum pendant les Jeux. « Tous ceux qui y habitent en ont reçu un, mais pas les propriétaires de résidences secondaires. Nous avons bien expliqué aux résidents de Teahupo’o qu’il n’y avait aucun souci pour circuler, mais il faut constamment avoir son laissez-passer, à tout moment, à partir de la mairie de Teahupo’o, sinon ils ne pourront pas passer », rappelle la tavana déléguée de Teahupo’o, Roniu Tupana-Poareu.

Un « engouement » pour certains, « hâte que ça se finisse » pour d’autres

Au village justement, les derniers préparatifs sont en cours avant la fermeture de la route. Même chose au domaine Rose, où les derniers coups de pinceaux viennent habiller les clôtures du futur centre opérationnel des Jeux. Certaines équipes, comme Team USA, sont déjà arrivées dans leur pension. Les Brésiliens, nombreux sur l’olympiade, sont attendus ce vendredi. Tous les bungalows sont bookés et certains particuliers ont même loué des chambres dans leur habitation principale. Chez Milton Parker, figure du village, des ouvriers s’affairent encore pour terminer les logements spécialement construits pour l’occasion et rénover les anciens bungalows. « On est sur les finitions : des clôtures, un mur, un garage pour stocker les jetskis à l’abris », présente celui qui hébergera notamment des représentants de la fédération internationale (ISA) et le staff local de Paris 2024. S’il reconnaît là « une bonne opportunité », il explique avoir déjà « hâte que ça se finisse ». « On accueille une compétition de surf tous les ans, mais les JO ça n’a rien à voir en termes de monde, d’exigence… On n’a pas l’habitude d’organiser un tel évènement ».

« Ça chamboule un peu le quotidien, on a l’habitude du calme et là il y a déjà beaucoup de monde », abonde Hiriata Parker, dans la maison voisine. Ces riverains regrettent notamment l’interdiction de circuler en bateau ou les restrictions de baignade pendant la compétition, sur un site où ils apprécient pêcher. « Les enfants ont l’habitude d’aller se baigner pendant leurs vacances, donc quand on a appris l’interdiction, ça nous a mis le moral à zéro. Il faut faire avec, mais on a hâte que ça se termine », dit-elle aussi. « On aimerait bien retrouver notre quotidien, les gens commencent à être un peu remontés, mais de manière raisonnable », ajoute Milton Parker. Un peu plus loin, Mélanie, gérante d’un snack au village, est plus mesurée. « Aujourd’hui, ça va mieux. Au début, les anciens n’acceptaient pas car ils sont habitués au calme. Nous qui sommes plus jeunes, on accepte plus facilement, et puis l’organisation a refait beaucoup de choses », la passerelle et la marina de Teahupo’o notamment, « donc ils ont accepté de plus en plus ». « Les doléances de la population ont été entendues… Après, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais on sent un engouement », estime la tavana déléguée. « De manière générale, le sentiment est bon », confirme Nahema Temarii, qui a profité de la matinée pour visiter les riverains.

Au cœur de toutes les polémiques il y a encore quelques mois, la tour des juges ne fait, de son côté, plus beaucoup parler. Désormais pavoisée aux couleurs olympiques, elle a été baptisée jeudi, Te paepae o te are nui no Teahupo’o, en français, la tour de la vague de Teahupo’o.

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