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Sport : « Le problème des doubles fédérations est loin d’être résolu », regrette Louis Provost

Le président du Comité olympique, regrette que le projet de loi du Pays visant à réformer l’organisation du sport ne traite pas le problème des doubles fédérations. « Il manque beaucoup de choses », note le membre du Cesec, où le texte a été examiné mardi, et laisse un sentiment « mitigé ».

Boxe, taekwondo, escrime, ou autrefois le rugby… Deux fédérations pour une seule discipline sportive engendrent souvent d’interminables conflits. Et pour cause, si le Pays peut accorder son agrément à chaque fédération, il ne peut accorder qu’une DSP par sport, un précieux sésame qui permet à la fédération récipiendaire de représenter le fenua à l’international, et surtout de bénéficier de subventions du Pays. Le projet de réforme du monde du sport, présenté mardi au Cesec, était attendu par le mouvement sportif, qui espérait pouvoir régler la question, « mais ce problème est loin d’être résolu », rumine le président du COPF Louis Provost. Le Cesec n’a d’ailleurs pas tranché, faisant ses recommandations et concluant par un « tel est l’avis ». « Les gens étaient mitigés sur sa conception, car il manque beaucoup de choses ».

« On ne peut pas interdire la liberté d’association »

Le projet de loi prévoit bien la suppression de l’agrément du Pays, « source de confusions et de rivalités lorsque plusieurs fédérations agréées coexistent dans une discipline ». « Au fil du temps, il a été constaté que les fédérations s’attachaient à obtenir un agrément uniquement dans le but de solliciter une délégation, et ainsi pouvoir accéder aux aides », précise l’exposé des motifs du texte. Mais « la possibilité de coexistence de plusieurs fédérations dans une même discipline n’est pas remise en cause ». Le problème reste finalement le même, avec ou sans agrément, puisque le principe d’une DSP unique par discipline reste en vigueur. « L’agrément n’existe pas, mais ce n’est pas pour autant qu’on ne peut pas monter une autre fédération », et donc postuler à la DSP, poursuit le président du Comité olympique, qui reconnait là « un sujet compliqué, puisqu’on ne peut pas interdire la liberté d’association ».

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La DSP étendue à huit ans

Louis Provost regrette que « tout tourne autour de la DSP » dans ce texte, et sur ses conditions d’octroi. Le Pays souhaite mettre en place quatre conditions préalables, dont quatre années d’existence de la fédération demandeuse et un quota minimum de 100 licenciés, mais aussi 17 « missions de service public », « avec des affiliations internationales obligatoires, des conventions avec des fédérations françaises voire des affiliations. Ce qui ne va pas du tout, puisque le sport est une compétence Pays et que la DSP ne doit pas avoir valeur à créer des fédérations françaises en Polynésie, mais plutôt des fédérations polynésiennes. Il y a donc pas mal de choses à revoir » estime Louis Provost. Celui-ci salue toutefois le projet d’extension de la durée de la DSP à huit ans, contre quatre aujourd’hui., ou encore la création d’une « conférence polynésienne du sport », basée sur un modèle métropolitain. Ce nouvel organisme consultatif a « vocation à être consulté pour toutes questions liées au sport, afin de de participer à l’élaboration et à la définition des orientations publiques en matière de politique sportive ».

Le Cesec recommande d’intégrer le COPF dans l’attribution des DSP

S’il ne sait pas quand le texte sera examiné à Tarahoi, Louis Provost souligne qu’il souhaiterait que « le mouvement sportif puisse participer à la commission jeunesse et sport qui va plancher sur ce texte, pour éventuellement apporter des amendements ». De son côté, le Cesec a déjà formulé plusieurs recommandations, notamment « un accompagnement plus important de la prise en charge de conseillers techniques fédéraux », « l’augmentation des investissements publics dans la formation, les infrastructures, le matériel et l’organisation des compétitions », ou « le développement des licences loisir ». Dans le cadre de la DSP, « enjeu principal du projet de texte, l’institution s’interroge sur le délais de quatre ans d’existence pour postuler à la délégation, « en cas de défaillance d’une fédération existante ». Et recommande « de prévoir une dérogation à ce principe dans des cas particuliers ». Enfin, le Cesec souhaite « limiter la politisation de l’octroi et du retrait des DSP » en proposant d’associer le COPF aux prises de décision, jusque là réservées au ministère de tutelle.