ACTUS LOCALESEMPLOISECTEUR PRIMAIRESOCIAL Statut du marin-pêcheur : « les modalités ne sont peut-être pas encore bien comprises » Waldemar de Laage 2024-10-06 06 Oct 2024 Waldemar de Laage Alors que pêcheurs et armateurs prévoient de manifester mardi, et qu’un préavis de grève arrive à expiration mercredi dans les trois plus importantes sociétés de pêche hauturière, le ministre en charge des Ressources marines, Taivini Teai, revient sur les changements attendus dans le statut du marin-pêcheur, « une véritable avancée sociale ». Il évoque « un échelonnement sur dix ans » pour la mise en place du statut de droit commun, « avec une prise en charge du Pays sur les cotisations patronales ». La réforme du statut du marin-pêcheur ne passe pas sur les quais. Mardi, le syndicat des pêcheurs professionnels côtiers et l’association des armateurs de pêche hauturière organisent une manifestation en mer. En vigueur depuis 2012, et en révision depuis plus d’un an, le statut dérogatoire du marin-pêcheur permet actuellement aux concernés de cotiser sur « la base du salaire plancher de la pêche, c’est à dire un revenu qui est inférieur, de loin au Smig », rappelle le ministre en charge des Ressources marines, Taivini Teai. Le salaire plancher de la pêche est fixé à 95 000 Fcfp mensuels depuis 2014, complété par des parts du produit des campagnes de pêche répartis entre armateur et pêcheurs. Le gouvernement souhaite réformer, « pour étendre la protection sociale des ces professionnels, c’est à dire augmenter le niveau de cotisation, pour permettre une protection vis-à-vis des accidents du travail. Par exemple, lorsque l’on se retrouve avec un hameçon coincé dans le bras ou la jambe, qu’on puisse avoir une prise en charge pendant les jours d’arrêt de travail, ce qui n’est pas le cas dans le statut dérogatoire actuel », explique-t-il. « Le deuxième point, ajoute le ministre, c’est d’avoir une retraite sur la cotisation salariale définie, et non pas sur le salaire de pêche comme actuellement, ce qui conduit certains à avoir des retraites à moins de 30 000 francs par mois. Donc pour nous, c’est une véritable avancée sociale ». « Il y a une véritable adaptation par rapport aux conditions de travail » Revenir au droit commun, l’idée hérisse pourtant le poils des armateurs : « cette voie amènera à la destruction de l’emploi. On ne peut pas se le permettre », expliquait lundi dernier le président de l’association des armateurs de pêche hauturière Yann Ching. Il évoquait une menace pour 30% des emplois. « J’ai bien entendu les positions des armateurs et du syndicat des pêcheurs côtiers, c’est pour ça que nous les avons vus plusieurs fois les deux dernières semaines, pour leur présenter la mise en place de ce statut de droit commun, mais avec un échelonnement sur dix ans avec une prise en charge du Pays sur les cotisations patronales », enchaîne Taivini Teai. Il tient à rappeler que « le gouvernement est bien au fait des particularités de travail du monde de la mer », notamment horaires. « Ces dispositions sont prises pour le secteur, on ne parle pas de cotisations à la semaine ou à l’heure, mais dans leur globalité, par séquence de campagne. Il y a donc une véritable adaptation par rapport aux conditions de travail. Mais les modalités ne sont peut-être pas encore bien comprises de la part de nos professionnels ». Et notamment celles « de soutien à l’emploi, comme les dispositifs Tiama ou Tiaturi, qui doivent répondre à certaines interrogations. On souhaite que cette filière perdure, on doit sécuriser l’emploi et le rendre attractif. Et cette attractivité au niveau de nos jeunes, elle passe notamment par les prises en charge maladie et surtout la retraite ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/10/TAIVINI-TEAI-PECHE-1.wav La réforme devrait entrer en vigueur en début d’année prochaine, « sachant que le statut dérogatif arrive à son terme en cette fin d’année ». « C’est donc une priorité, car si nous ne faisons pas évoluer le statut, il passer a dans le droit commun total à partir de 2025, avec une assiette de cotisation qui n’est pas du tout celle que nous avons travaillé avec les professionnels ». « Les zones de pêche ont pour objectif premier de sauvegarder nos techniques traditionnelles » Mercredi, au lendemain de la manifestation, c’est une grève qui pourrait débuter dans les plus importantes sociétés de pêche hauturière du pays (Vini Vini, Ocean Products, Wild Tahitian Tuna). Grève qui pourrait toucher d’autres sociétés à partir de jeudi (Armement Ariipeu Raufea, SC Tonaui) : outre la question du statut, le préavis pointe notamment la restriction des zones de pêche. Un projet qui vise à définir des zones de pêche artisanale où les palangriers et les thoniers ne pourraient pas exercer, au contraire des côtiers, et ce, alors que le gouvernement vise le triplement des prises dans la ZEE. Cet objectif n’est pas incompatible avec le zonage, estime le ministre. « C’est ce qu’il va falloir expliquer, ce sont encore des discussions que nous menons au ministère. Ces zones de pêches ont pour objectif premier de sauvegarder nos techniques traditionnelles. Je parle notamment des techniques en poti marara ou sur les bonitiers. » Autre ambition, rappelle le ministre, « faire en sorte qu’il n’y ait pas de conflit d’usage entre les pêcheurs côtiers et hauturiers, qui doivent tous aller vers cet objectif commun d’augmenter nos capacités de pêche ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/10/TAIVINI-TEAI-PECHE-2.wav Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)