Seul candidat à la succession de Frédéric Dock, Steeve Hamblin a été élu mercredi soir à la présidence du Medef Polynésie, par 53 voix et 17 absentions. Son bureau est constitué de Heimana Fiori, Mike Alezrah, Yannick Cadet, Thierry Mosser et Patrick Rivière.
C’est une assistance plutôt morose qui s’était rassemblée au Hilton mercredi soir pour donner quitus de sa gestion à Frédéric Dock, qui achevait son deuxième mandat de deux ans à la tête du Medef Polynésie et n’avait pas souhaité rempiler, estimant qu’il n’était sans doute pas « la bonne personne » pour le gouvernement actuel. « Plus de son, plus d’image », c’est ainsi que le vice-président Olivier Kressman résume les rapports actuels entre le Pays et de l’organisation patronale qui se veut « l’interlocuteur privilégié des décideurs et des pouvoirs publics » pour « promouvoir la liberté d’entreprendre ». Le bureau sortant a donc estimé que pour poursuivre cette mission, il fallait sans doute au Medef un nouvel attelage. Pour autant l’ancien président se dit fier du bilan de ses deux mandats, et restera sans doute administrateur du Medef au titre de Sistra (médecine du travail), dont il est président depuis juin 2023.
« J’espère pouvoir assurer le dialogue avec le politique »
Une seule liste avait alors émergé : celle menée par Steeve Hamblin, ministre du Tourisme sous Gaston Tong Sang entre 2009 et 2011 après avoir débuté sa vie professionnelle à la Brasserie de Tahiti, passé également par la présidence du conseil d’administration de Tahiti Tourisme. Reconverti en conseiller tourisme auprès du gouvernement calédonien, Steeve Hamblin avait ensuite fondé la Business Maker Academy, mêlant coaching financier et développement personnel. Il a également fondé Tahiti Pub et les magasins Manini Market.
Steeve Hamblin a constitué sa listre avec Heimana Fiori, à la tête de Bois et Création (menuiserie) et de Pacific Nui Travaux (BTP), administratrice de la CPS et juge-commissaire au tribunal de commerce. Elle sera en charge de la commission Emploi et formation du Medef. Michael Alezrah, fondateur de E-Motors Pacific, Villa Mahana, Good Regen Tahiti, Bulle de Saveur, Yummy, Profil Pacifique et Pacific Enseignes, sera en charge de la commission Innovation et Développement durable. Yannick Cadet, directeur chez Poe-ma Assurances, sera en charge de la commission Économie. Thierry Mosser, ancien directeur général de la Brasserie de Tahiti, membre du Cesec et du conseil d’administration de la CPS, est le seul qui faisait partie du bureau sortant, et il restera à la tête de la commission droit social et PSG. Steeve Hamblin l’en a remercié, reconnaissant que « sans lui ça aurait été très compliqué. » Enfin Patrick Rivière, directeur général délégué de la Banque de Tahiti, sera le nouveau trésorier du Medef.
« J’ai toujours été dans la contribution, dit Steeve Hamblin, c’est du bénévolat, donc du temps passé à essayer de contribuer au développement du Pays. » Il explique qu’il revient à présent de l’étranger avec son épouse, qui a été vice-présidente du CESC, pour participer au débat dans des temps qui s’annoncent difficiles. « Pour protéger l’emploi, on doit forcément protéger nos entreprises. »
Le nouveau bureau a du pain sur la planche. Le Medef a le moral dans les chaussettes, et une amertume certaine, presque un an après le changement de gouvernement. « On avait décidé de laisser 200 jours au ministère de l’Économie et des Finances pour prendre ses marques. On a vu la loi fiscale tomber, on s’est aperçu que ça ne servait à rien de discuter », dit Gaël Lamisse, qui présidait la commission Économie du Medef. Olivier Kressmann, qui présidait la commission Formation, a fustigé l’inaction sur le dispositif de l’apprentissage, qui était plutôt bien parti selon lui, et la position dogmatique du gouvernement sur la protection de l’emploi local, alors que « 92% des emplois sont occupés par des gens qui ont plus de 10 ans de territoire », affirme-t-il, et que parmi les 8% restants, beaucoup d’emplois relèvent du domaine de la santé, impossible à faire tourner sans apport extérieur. Thierry Mosser, lui, attendait des avancées sur le code du travail, notamment dans le secteur des aides à la personnes, mais n’a rien vu venir, dit-il. Même la réforme de la retraite, considérée comme prioritaire, est repassée au second plan. « La CPS devient de plus en plus une chambre d’enregistrement, là non plus il n’y a pas de concertation, des réunions se passent sans nous, le planning n’est pas respecté… On n’est plus dans la co-construction. »
« Reconnecter les liens du privé et du public »
Steeve Hamblin prend acte de la situation dont il hérite : « Je pense que l’équipe sortante est fatiguée de la manière dont sont traitées toutes les propositions qui ont été faites par les professionnels, donc j’espère que nos élus réaliseront par ce qui vient de se passer que nous sommes à leur disposition pour faire évoluer le Pays et travailler main dans la main. J’espère être accueilli très prochainement par les instances gouvernementales et reconnecter les liens du privé et du public. » Sur sa page FacebooK, Moetai Brotherson a félicité Steeve Hamblin comme si de rien n’était : « Au plaisir d’échanger avec tes équipes et toi, comme nous l’avons fait avec ton prédécesseur que je salue au passage. »
S’il avoue ne pas s’être immergé dans le « livre blanc » du Medef qui a tenu lieu de Bible au Medef depuis la campagne des élections territoriales, Steeve Hamblin insiste sur le combat qui lui semble primordial pour « aller plus vite » et « se protéger de la crise qui arrive » : obtenir un meilleur service aux entreprises de la part de l’administration.
Nul doute qu’on entendra bientôt le Medef remettre sur la table le sujet du Registre du commerce et des sociétés, devenu la bête noire des entreprises locales, et qui n’est toujours pas résolu.