Paris (AFP) – L’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy et actuel PDG d’Orange Stéphane Richard « a décidé » de ne pas témoigner au procès de la patronne du Fonds monétaire international (FMI) devant la Cour de justice de la République (CJR), a annoncé mercredi son avocat.
M. Richard, considéré comme l’un des hommes-clés dans l’affaire de l’arbitrage Tapie qui vaut à Mme Lagarde d’être jugée, est lui-même mis en examen dans le volet non ministériel de l’enquête.
Cela lui donne « le droit de se taire » et ferait de lui « un sous-témoin », a souligné Me Jean-Etienne Giamarchi devant la CJR où il devait initialement être entendu dans la matinée.
« Il n’y avait que de mauvaises solutions », a dit l’avocat, en assurant qu’il avait dû dissuader son client de venir.
Il a proposé à la Cour de recevoir plutôt une déposition écrite de M. Richard, mais cette demande a été sèchement rejetée.
Dans ce texte, transmis à la presse, l’actuel patron d’Orange se dit désormais convaincu que l’arbitrage Tapie a donné lieu à des « manoeuvres inacceptables », mais assure qu’il a, avec Mme Lagarde, toujours voulu « servir l’intérêt public ».
Le procureur général Jean-Claude Marin a remarqué que la loi permettait certes de faire venir de force un témoin, mais souligné que M. Richard « n’en était pas un », au sens juridique.
La présidente Martine Ract-Madoux a « pris acte » de cette décision sans cacher son mécontentement. « C’est tout à fait son droit de ne pas se présenter », a-t-elle dit, en regrettant toutefois que cette annonce arrive à la dernière minute.
Pour préserver sa propre défense dans l’enquête sur l’arbitrage controversé, M. Richard aurait en effet témoigné sans prêter serment, et aurait pu refuser de répondre à certaines questions.
La confrontation n’en était pas moins très attendue.
Mme Lagarde, accusée de « négligence » pour avoir autorisé un arbitrage très favorable à Bernard Tapie en 2008, et ayant coûté quelque 400 millions d’euros au contribuable, insiste depuis le début du procès lundi sur la « confiance » qu’elle portait à son directeur de cabinet pour le traitement de ce dossier.
L’audience se poursuivait mercredi avec le témoignage de Bruno Bézard qui, à l’époque des faits, occupait un poste-clé à Bercy, celui de dirigeant de l’Agence des participations de l’Etat (APE).
© AFP STEPHANE DE SAKUTIN
Stéphane Richard, le 8 juin 2016 à Paris