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Steve Chailloux : « Ce tatouage, il marque mon engagement culturel »


Pris à partie sur les réseaux sociaux, ces derniers jours, pour son tatouage facial réalisé à l’occasion du Festival des Marquises, le député apporte du contexte à cet « acte personnel, culturel mais pas politique ». Il dément au passage avoir été empêché d’embarquer vers les États-Unis et ne se montre pas vraiment inquiet de la réception qu’aura ce choix à l’Assemblée nationale. 

On ne se fait pas tatouer sur un coup de tête. Encore moins sur le visage. Steve Chailloux n’avait pas réellement prévu de sauter le pas lors de son passage au Matavaa o te Henua Enana, courant décembre, mais sa décision, était bien « réfléchie de très longue date ». Sept ans, exactement. L’âge d’un tatouage aux motifs similaires que le professeur de reo avait fait réalisé avec des techniques traditionnelles à Hawaii, et qui depuis lui parcourt la jambe. Comme il l’avait évoqué pendant la campagne législative, son idée était de « prolonger » ce motif, qui est la « marque d’une divinité polynésienne », mais dont le député, aussi élu Tavini à l’assemblée depuis avril dernier, souhaite garder la signification exacte « pour lui ».

Un tatouage « en continuité » d’un parcours

L’artiste, lui aussi, avait été choisi de longue date : Patu, professionnel reconnu et installé à Papeete, mais qu’il a croisé à Nuku Hiva à son arrivée, mi-décembre. « Il est très occupé, moi aussi, on arrivait pas à s’organiser. C’était l’occasion », explique le parlementaire. Ce tatouage, ça n’est pas une revendication, « pas un engagement politique », « mais c’est un engagement culturel, « soutenu » et « pas superficiel », « en continuité du parcours que j’ai pu avoir dans notre pays. » « C’est de ce milieu que je viens, ce sont nos cultures qui nourrissent mon engagement politique », rappelle-t-il.

Tout « personnel » qu’il est, ce choix ne pouvait pas manquer de faire réagir, le député ne l’ignorait pas. Rumeurs et ricanements n’ont pas tardé à circuler du côté de certains comptes sociaux proches du camp autonomiste. Il faudra aussi s’attendre – a minima – à de l’étonnement lors de la prochaine visite à Paris du député, à la fin du mois. « Il faut arrêter d’écouter les haters, sourit Steve Chailloux. Mon ressenti avec mes concitoyens, avec les gens dans la vraie vie, c’est qu’on me félicite, on m’encourage, on prend des photos avec moi. Le reste… »

« Il y a toujours eu un infini respect entre tous les députés »

L’élu indépendantiste dément au passage ne pas avoir pu embarquer vers la métropole du fait de son tatouage. Ce changement d’apparence physique implique pourtant bien de se munir d’une nouvelle pièce d’identité. « Mais je devais quoiqu’il arrive renouveler mon passeport, explique le parlementaire. Je suis invité à un déplacement en Australie en février, et la date de fin de validité était trop proche. Ça tombait bien, et j’ai maintenant un passeport avec une photo récente. » Quant à la réaction de ses collègues parlementaires, elle n’a pas l’air d’inquiéter l’élu de 38 ans qui assure que les discussions sur son port du pareu ou sur le lavalava de Moetai Brotherson avaient animé beaucoup plus de discussions à Papeete qu’au Palais Bourbon. « Il y a toujours eu un infini respect entre tous les députés, que ça soit de l’opposition ou de la majorité, et notamment envers les députés ultramarins qui sont des porte-flambeaux de leur culture et de leurs identités, vestimentairement ou de manière différente. Il y a toujours eu du respect parmi les parlementaires. »

Reste que Steve Chailloux sera le premier député a arborer un tel tatouage dans l’hémicycle… Ce qui ne devrait pas laisser indifférents les élus ou le public métropolitain.

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