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Stupéfiants : l’État bien décidé à « harceler » les dealers et trafiquants

Dépistages routiers, destruction de plantations, démantèlement de réseaux, et contrôles des points de deal… Le Haut-commissariat, la gendarmerie et le parquet ont détaillé les résultats de leur opération Matai Rorofai, lancée dans le cadre de l’effort national « Place nette » de lutte contre la délinquance avant les JO. En un peu plus d’une semaine, 134 infractions à la législation sur les stupéfiants ont été sanctionnées sur les routes, 5 130 pieds de cannabis détruits, 2,8 kilos de paka et 1,4 kilos d’ice – déjà annoncés – ont été saisis, de même que 1,5 million de francs d’avoirs criminels.

La procureure de la République avait pris les devants en annonçant, hier, les résultats d’une « opération cyber » qui a permis de faire fermer quatre sites de vente de paka en ligne. Mais l’opération baptisée Matai Rorofai, dont ce coup de filet numérique fait partie, est bien plus large, comme l’ont souligné ce mardi midi les responsables du Haut-commissariat et de la gendarmerie. Elle a été menée du 15 au 24 mars dans le cadre des opérations nationales anti-délinquances « Place nette » lancées par l’État en vue des Jeux Olympiques de juillet et août. Après s’être focalisées, courant février, sur les infractions environnementales, les autorités polynésiennes sont revenues aux basiques : la lutte contre les trafics de stupéfiants.

La drogue « gangrène » la Polynésie

En plus des cyberpatrouilles, ce sont donc près de 150 gendarmes qui ont été mobilisés chaque jour durant la période. Pour des contrôles routiers, d’abord : 823 véhicules arrêtés, 226 dépistages, 134 infractions à la législation stupéfiants sanctionnées, dont 31 en tant que délits. Le paka « qui peut avoir des conséquences dramatiques sur les routes », est bien sûr au centre de ces contrôles, menés à Tahiti, mais aussi à Taha’a, Bora Bora ou Moorea. Même mobilisation sur les destructions de plantations, cette fois jusqu’aux Australes et aux Marquises, sans oublier la très prolifique Huahine. De patrouilles en perquisitions, en passant par les surveillances par hélicoptère, ce sont pas moins de 5 130 plants de cannabis qui ont été saisis et détruits. Les gendarmes ont aussi mené une quarantaine d’opérations ciblées sur des points de deal connus, récoltant au total 2,7 kilos d’herbe et 1,5 million de francs de saisies d’avoir criminels, principalement des espèces. S’ajoute à ce bilan les 1,4 kilos d’ice saisis après interception et surveillance d’un conteneur, affaire sur laquelle le parquet avait déjà communiqué.

Mais les « bons chiffres » de Matai Rorofai suffiront-ils réellement à endiguer les trafics, très installés au fenua ? Oui, répond Éric Spitz, car cette opération n’est pas isolée. Le haut-commissaire rappelle que les services de gendarmerie ont vu augmenter de 42% le nombre de faits constatés « à l’initiative des services ». « Ça montre qu’on intensifie toujours plus notre combat contre cette drogue qui gangrène la société, touche des enfants toujours plus jeunes et quelques fois gangrène les états, reprend le représentant de l’État. On doit lutter de manière permanente, de manière à ce qu’elle reste à sa place, c’est à dire très marginale dans notre société. »

« Légaliser le cannabis, ça n’est pas une bonne chose »

Un discours qui assimile totalement le paka et l’ice. Et qui semble parfois en décalage avec le contexte international – après le Canada, le Mexique et une dizaine d’états américains, l’Allemagne légalisera au 1er avril le cannabis récréatif pour les adultes, quand d’autres pays d’Europe ont dépénalisé sa consommation – voire le contexte local, vu les efforts du gouvernement pour avancer vers une règlementation et une production locale de cannabis thérapeutique. Pas de quoi troubler le message, pour le haut-commissaire : du cannabis thérapeutique, « il y en a déjà dans certains médicaments, qui doivent être pris sous contrôle médical. » Quant au mouvement international de légalisation et de dépénalisation – certes lent et encore limité principalement aux Amériques et à l’Europe – « certains en sont revenus parce que contrairement à ce qu’on croyait, ça a été une porte ouverte à la consommation de cocaïne et de drogues beaucoup plus dures. »

« En tout cas je pense que ça n’est pas une bonne chose de légaliser le cannabis », appuie le représentant de l’État. Et les opérations de gendarmerie vont bien continuer à « harceler » les points de deal, et cibler tous les trafiquants, avant ou après les Jeux. « On est dans une dynamique d’opération qui va se poursuivre, pas dans un solde tout compte, mais dans une opération qui est amenée à se reproduire dans les semaines et mois qui viennent, explique le colonel Grégoire Demézon, commandant de la gendarmerie en Polynésie. Évidemment, une fois les Jeux Olympiques passés, il y aura d’autres directives qui seront données aux services, qui impliqueront d’autres séquences opérationnelles. »

 

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