SUCCÈS – Lors de la présentation des derniers iPad, deux développeurs français sont montés sur scène pour montrer leur application de montage vidéo.
Jeudi dernier, aux alentours de 20 heures, le téléphone de Sébastien se met à vibrer sans interruption, affichant les notifications de plusieurs textos qui posaient tous, à quelques mots près, la même question : “C’est pas votre appli’ qu’on est en train de voir à la keynote Apple ?”. François et Jean-François, deux associés de Sébastien au sein de la jeune entreprise Stupeflix, viennent en effet de monter sur la scène de la présentation qui a lieu au siège d’Apple, près de San Francisco.
Regarder la présentation de Stupeflix à partir de 55 minutes :
Retransmise en direct dans le monde entier, cette “keynote” a notamment présenté les derniers modèles de tablettes de la marque. Et pour faire la démonstration de la superpuissance de ces nouveaux iPad, l’entreprise américaine a demandé à ces deux “frenchies” de montrer leur application maison, Replay, devant le monde entier. Europe 1 a rencontré les entrepreneurs trentenaires de Stupeflix, cette start-up parisienne qui a séduit le géant américain de la High-Tech. Présentation.
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C’est quoi Replay ? Le principe est très simple : vous sélectionnez, dans votre bibliothèque de photos et vidéos, certaines séquences et clichés que vous souhaitez assembler. Mais il n’est pas ici question de se plonger dans un obscur montage, c’est l’application qui fait tout le travail : après avoir appuyé sur le bouton “Aperçu”, l’outil, disponible sur iPhone et iPad, propose un montage clé en main.
Musique, effets de transition et même filtres d’images sont sélectionnés aléatoirement. L’utilisateur peut ensuite faire ses propres choix d’assemblage via l’écran tactile et les différentes options proposées par Replay. L’application de base est gratuite mais intègre un logo “Replay”. Pour le supprimer, ou pour acheter de nouvelles options, il faut payer quelques euros : c’est ainsi que Stupeflix se rémunère et paye sa douzaine de salariés parisiens.
Comment Apple a contacté les développeurs. L’application a vu le jour, pour la première fois, en décembre 2013 sur l’App Store, la boutique en ligne d’Apple. Dès le mois de janvier, Stupeflix est contacté par une équipe de Cupertino, le siège californien d’Apple, pour que l’entreprise française fournisse des éléments visuels permettant de mettre en avant l’application sur l’App Store. Mais les contacts entre les deux parties sont toujours indirects : Apple fait preuve d’une extreme précaution afin de ne pas être taxé de favoritisme envers certains développeurs d’applications. La firme californienne veut faire preuve de bonne foi quant à la qualité des contenus sélectionnés pour être mis en avant. La marque tient à sa réputation, un héritage de feu Steve Jobs, pour qui la communication autour de ses produits était presque aussi importante que la qualité de ceux-ci.
Vers le 15 septembre, à quelques jours de la commercialisation des nouveaux iPhone 6 et 6 Plus, Apple invite deux développeurs de l’entreprise parisienne à passer quatre semaines au sein des locaux américains de la marque, en plein coeur de la Silicon Valley. L’idée est de tester, en avant-première, la future version de l’iPad qui sera présentée à la presse le 16 octobre. Ce type de test permet à la marque à la pomme d’avoir des retours de développeurs sur ses nouveaux produits et peut ainsi vérifier le bon fonctionnement des nouveautés en situations réelles. “Tout est toujours très nébuleux, très secret et extrêmement cadré chez Apple”, nous explique le développeur Sébastien Périer. Le fait que Stupeflix compte dans ses rangs un associé basé en Californie, près du siège d’Apple, a également fait penché la balance : “Apple n’aurait pas pris le risque d’un développeur qui ne parlait pas bien anglais, cela aurait été trop compliqué pour la présentation”, ajoute Sébastier Périer.
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Quand Apple cite une appli’, les téléchargements affluent. Dès les premières mises en avant sur la boutique de la marque à la pomme, le succès est au rendez-vous et les téléchargements grimpent : “en à peine six mois, un milion de personnes ont téléchargé Replay sur leur iPhone. Il nous avait fallu trois fois plus de temps pour atteindre le même stade sur le Web”, se félicite Nicolas Steegmann, cofondateur et PDG de Stupeflix. Au mois d’octobre, Replay a passé le cap des 3 millions de téléchargements. Le 16 octobre au soir, l’app’ connaît un pic de téléchargements, passant en quelques heures de la 1.343e place à la 250e place du classement global des applications aux États-Unis – “le plus gros marché”, précise Sébastien Périer.
L’entreprise basée dans le 9e arrondissement de Paris a “triplé de volume, passant d’une poignée d’ingénieurs entassés dans le bureau d’un incubateur à une équipe de 20 personnes”, ajoute le patron de la start-up. Pas question pour autant de s’enflammer : “bien sûr, notre audience a eu joli coup de boost mais on travaille déjà sur de nouvelles améliorations de l’application”, confie un développeur de Stupeflix. Et le rachat par Apple, c’est pour quand ? “Pas pour tout de suite”, répond gêné François Lagunas, l’un des deux développeurs monté sur la scène d’Apple. “Enfin sauf s’ils mettent 2 milliards sur la table…”.