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Sur la côte Ouest, un « hôpital de jour » plutôt qu’un Pôle de santé privé

Une des nouvelles salles de bloc à la clinique Paofai. Si le pole de santé unique est devenu moins urgent, c’est aussi que les cliniques ont investi dans leurs rénovations. ©C.R.

Après deux ans sans nouvelles du projet, le gouvernement a confirmé, devant les élus de Punaauia, que le Pôle de santé privé unique, qui devaient rassembler les cliniques sur les hauteurs d’Outumaoro, ne se fera pas. Ou en tout cas pas sous cette forme. Moetai Brotherson et Cédric Mercadal privilégient plutôt le renforcement du pôle de Santé de Taravao, au travers d’un partenariat public – privé. Sur la côte Ouest, un hôpital de jour pourrait ensuite être ouvert. Reste à savoir où : sur le site de l’ancien drive-in, sur un grand terrain en cours de préemption au PK18… ou à Paea.

Lire aussi : Village tahitien, ex-Casino, enfouissement de la RDO… Le Pays souffle le chaud et le froid sur Punaauia

C’est l’autre grand projet, à côté du Village tahitien, la réhabilitation de l’ancien Géant Casino ou l’enfouissement de la RDO, que la mairie de Punaauia voulait évoquer avec le gouvernement mercredi. Discuté depuis 2017, le Pôle de santé privé unique (PSPU), censé regrouper l’activité des principales cliniques du fenua – Paofai, Cardella ou Mamao – a longtemps été promis à la commune de la côte Ouest. Installer ce PSPU et ses plateaux techniques modernes à Punaauia, c’était « rééquilibrer l’offre de soin » dans la zone urbaine, c’était éviter aux habitants de la côte Ouest de devoir traverser Papeete pour rejoindre les urgences ou la maternité du Taaone et offrir aux touristes du ex-futur Village Tahitien un accès direct aux soins. Principaux défauts du projet : son coût, et un intérêt variable des cliniques concernées.

Certes, l’idée d’une installation à Punaauia a toujours intéressé les professionnels. Cardella avait d’ailleurs, un temps, projeté d’installer son centre Mana Ora derrière l’hôtel de ville. Après une certaine insistance du gouvernement sous la mandature d’Édouard Fritch et le ministère de Jacques Raynal, les patrons des cliniques avaient même signé un accord, en 2021, visant à ouvrir ce PSPU à l’horizon 2027. Mais, malgré la mise à disposition d’un terrain avec vue mer et accès direct sur la RDO – le lot « Kosovo », qui domine les plateaux d’Outumaoro et qui après avoir accueilli un drive-in, sert de dépôt pour l’Équipement – le doute subsistait côté privé comme côté public. Pour preuve : le projet, depuis 2022 ne trouvait plus que très peu d’écho du côté des autorités de Santé. Les cliniques, notamment celle de Paofai, ayant investi pour se moderniser, le projet de PSPU est devenu de moins en moins urgent. Et le nouveau gouvernement ne l’a pas évoqué depuis le début de la nouvelle mandature.

« On ne marie pas des gens qui ne veulent pas se marier »

C’est donc naturellement que les élus de Punaauia ont interrogé Moetai Brotherson et son ministre de la Santé, Cédric Mercadal, lors du conseil des ministres délocalisé de ce mercredi. Et la réponse a été claire : le pôle de santé privé unique ne se fera pas. Comme lors des précédents soubresauts du projet, c’est le constat d’un manque d’engagement des acteurs privés qui est mis en avant : « on ne marie pas des gens qui ne veulent pas se marier », a expliqué le ministre face aux élus de Punaauia. Si le PSPU est enterré – ou en tout cas remis au tiroir, en attendant, peut-être d’en être ressorti par d’autres – c’est aussi qu’en matière de rééquilibrage, l’exécutif a d’autres priorités. « Pour nous, quand on parle de la côte Ouest, elle va jusqu’à Taravao. Donc on a décidé de renforcer considérablement le pôle santé de Taravao avec un montage publicprivé, qui va se faire et qui est quasiment bouclé » expose le président du Pays. L’hôpital actuel de la Presqu’île serait rénové et de nouveaux bâtiments y seraient accolés pour faire entrer une activité privée au sein du pôle, et maintenir, sur place une maternité, des blocs et urgences, entre autres. Un projet qui n’obère pas l’idée d’un établissement de santé à Punaauia ou ses environs. « En complément de ça, ce qui est envisagé entre Punaauia et Paea, c‘est la mise en place d’un hôpital de jour, ce qui est différent d’un pôle de santé unique », complète Moetai Brotherson.

Le terrain Kosovo, utilisé par l’Équipement, et qui avait été sorti du projet du Village Tahitien pour laisser la place au pole de santé privé unique.

Kosovo, Panek ou Paea

Un projet différent par son ampleur, sa fonction et en l’occurrence, son portage. Plutôt qu’un consortium des cliniques, le gouvernement pourrait lancer un appel à projets et choisir un opérateur unique pour cette structure. Quant à la localisation, toutes les options restent sur la table. « Il pourrait occuper une partie du terrain dit Kosovo, pas toute la surface puisque c’est un projet moins gourmand en espace que le pôle de santé privé unique », reprend Moetai Brotherson. Le président évoque aussi cet hôpital de jour comme un des aménagements possibles sur le domaine « Panek », grand terrain en cours de préemption par le Pays au PK18. Ce domaine doit accueillir l’éventuelle bretelle d’accès à la route du Sud, qui passerait par ses hauteurs, libérant ainsi de la place pour d’autres équipements. Simplicio Lissant et son équipe ont manifesté de l’intérêt à l’idée d’équiper le Sud de la commune d’une garderie, d’équipements sportifs et pourquoi pas d’un nouveau groupe scolaire. Cet établissement de santé serait donc une autre possibilité. « Et il y a également la possibilité de mettre cet hôpital de jour à Paea si le maire de Paea est plus convaincant que le que le maire de Punaauia, et surtout s’il y a un foncier adapté », complète Moetai Brotherson.

À chacun de défendre ses projets, donc, et au gouvernement de lancer des appels à concurrence. Ce ne devrait pas être pour tout de suite : à la Santé, la priorité en matière d’infrastructure, c’est le développement du pôle de Taravao, les rénovations de dispensaire dans les îles, ou la reconstruction de l’hôpital d’Uturoa, qui a été promise au personnel et aux habitants de Raiatea.

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