Le Casa des Forces armées de Polynésie Française doit décoller très tôt ce mercredi de Tahiti en direction de Nuku Hiva. Il devrait prendre en charge trois marins d’un navire de pêche équatorien présentant des symptômes qui évoquent le coronavirus. L’un d’entre eux, en détresse respiratoire, est considéré comme étant en « urgence vitale ». Il s’agirait du Charo, un navire senneur, qui devrait ensuite continuer sa route vers Tahiti, sans débarquer son équipage.
Le navire, qui aurait quitté l’Équateur pour une campagne de pêche fin avril, devrait arriver au petit matin au Nord de l’île. « À peu près en même temps que le Casa de l’armée », qui atterrira à l’aéroport de Terre Déserte, comme le précise le maire de Nuku Hiva, Benoît Kautai. Une équipe médicale devrait alors être envoyée à bord, à l’aide d’un bateau de la mairie, afin de réaliser des prélèvements pour dépister les cas Covid-19 au sein de l’équipage. Au moins trois des marins présentent des symptômes évoquant le coronavirus, dont de la fièvre. Au moins l’un d’eux, « en détresse respiratoire », est considéré comme « en urgence vitale » par les autorités.
« Quand une vie est en jeu, on ne doit pas se poser la question », dit le tavana Benoît Kautai
C’est cette urgence qui aurait poussé le navire à émettre un appel de détresse et à se dérouter vers les Marquises. Mais en fonction de l’état des malades, l’équipe médicale pourrait évacuer les trois cas suspects. Ils repartiront en Casa vers Tahiti dans la matinée, où ils devraient être admis au Centre hospitalier de la Polynésie Française, à Taaone. Le Dr Jean-Marc Segalin avait précisé hier que des procédures existaient déjà pour assurer que le transport et le traitement de ces potentiels « Covid+ » ne représentent pas de risque de contamination pour le fenua.
A Nuku Hiva, la municipalité devrait déployer ses muto’i pour limiter l’accès à la zone de Terre Déserte. « Il n’y aura que les techniciens nécessaires pour faire le plein de l’avion, accompagner les équipes », précise le tavana de l’île, qui parle aussi de désinfection des lieux après l’opération. « Bien sûr que ça nous inquiète ce genre d’événements, c’est pour ça qu’on essaie de prendre toutes les précautions, explique-t-il. Mais quand il y a une vie en jeu, que quelqu’un est en train de mourir, on ne doit pas se poser la question ». Le Charo n’attendra pas ses marins : « il est prévu qu’il quitte les Marquises », explique le maire. D’après nos informations, il ferait ensuite route vers Tahiti.
Une présence « pas exceptionnelle »
La présence d’un bateau de pêche dans la zone des Marquises, à plus d’une journée de mer de l’archipel lors de son appel de détresse, n’est en soi pas une surprise : des dizaines de bateaux pêchent légalement dans les eaux internationales qui séparent le fenua du continent sud-américain. Certains font même des escales d’urgence à Nuku Hiva, sans avoir le droit de pêcher à partir de leur entrée dans la zone économique exclusive, dont la limite ne se trouve qu’à environ 230 miles nautiques de l’île. « On a l’habitude de voir passer ce genre de bateau senneur qui pêche au large, reprend Benoît Kautai. Pendant le confinement, l’un d’eux avait déjà déposé un blessé chez nous ».