ACTUS LOCALESLÉGISLATIVESPOLITIQUE Sylviane Terooatea : « L’état souverain associé peut nous sauver » Charlie Réné 2022-06-02 02 Juin 2022 Charlie Réné Candidate dans la troisième circonscription, l’ancienne tavana de Uturoa, toujours fidèle à Gaston Flosse, veut être la figure de proue du projet du Amuitahira’a. Qu’elle parle d’emploi, d’économie ou de foncier, la clé de voûte c’est l’état souverain associé à la France. Un statut qu’elle espère l’obtenir à Paris en « s’unissant » avec d’autres parlementaires ultramarins et grâce au soutien très hypothétique de Marine Le Pen et du Rassemblement national. « Je suis toujours avec lui parce que j’y crois fort ». Avec Vaitea Le Gayic et Teura Tarahu, Sylviane Terooatea fait partie des trois élues orange de l’assemblée à avoir accepté de suivre Gaston Flosse dans son tournant souverainiste et dans la transformation du Tahoera’a en Amuitahira’a. À entendre l’ancienne tavana d’Uturoa, battue en 2021 par Matahi Brotherson, le Vieux Lion, « du haut de son âge avancé », a encore « beaucoup de choses à partager, de l’expérience, et un programme qui peut sauver notre pays ». Un programme dont la clé de voûte est la création d’un état souverain associé à la France. Une « suite logique » à l’autonomie dans la marche vers « l’émancipation » : « Nous avons un sceau, un hymne, un drapeau, une médaille de Tahiti nui, nous avons déjà tous les attributs qui font que nous sommes un pays prêts à continuer vers la souveraineté, mais toujours avec un partenaire privilégié qu’est la France », insiste-t-elle. Ancienne ministre, tête de liste en 2018 des orange aux Raromatai, suppléante, en 2020, de Nuihau Laurey aux sénatoriales, Sylviane Terooatea a pourtant toujours défendu l’autonomie. Mais « après 38 ans » et surtout après une crise sanitaire où « nous avons vu que c’est l’État qui nous dicte ce qu’il faut faire dans notre pays », « nous ne pouvons pas fermer les yeux« , dit-elle. « L’État restera toujours le partenaire privilégié, mais nous avons besoin d’être chez nous, de décider chez nous, avec nos lois qui ne seront pas inquiétées ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/06/SYLVIANE-1.wav Une référence à la loi du Pays des « 1 000% » sur le foncier, votée à l’unanimité de Tarahoi et dont beaucoup de juristes doutaient de la conformité légale avant que le Haussariat ne la porte devant le Conseil d’État. Avec ce nouveau statut d’État associé, reprend l’ancienne tavana, plus de risque de ce genre : les élus du pays pourront décider et « avancer », que l’on parle de foncier, d’emploi local ou de développement économique. Le Pen pour avancer vers la souveraineté ? Reste à convaincre Paris. « Il faudra aller au-delà des divergences politiques, et s’unir », insiste Sylviane Terooatea. Avec les parlementaires polynésiens – à condition qu’ils soient du même bord sur la question institutionnelle – et avec les élus d’outremer : « nous ne sommes pas les seuls qui voulons avancer » sur le statut, pointe-t-elle. Mais pour une réforme constitutionnelle de grande échelle, il faudra aussi compter sur des grands partis. Où siégeront les éventuels élus du Amuitahira’a au Palais Bourbon ? Du côté de Marine Le Pen et du Rassemblement national, assure l’élue orange. Une voix que le président de la République « ne peut pas ignorer » après « la sanction », « le cri de détresse » de la présidentielle. Après Jean-Luc Mélenchon au premier tour, c’est en effet Marine Le Pen qui s’est placée en tête au second tour dans les territoires ultramarins, loin devant Emmanuel Macron. La candidate d’extrême-droite est-elle « prête à soutenir la souveraineté de la Polynésie » ? Sylviane Terooatea et le Amuitahira’a l’affirment. Mais pas le programme du RN, qui n’évoque pas de changement de statut majeur pour les collectivités ultramarines. Ses représentants, pas plus que la candidate elle-même, n’ont d’ailleurs défendu l’idée d’une Polynésie « état associé » lors de la présidentielle. Côté législatives, ni Charles Atger, seul candidat du Te Nati – Rassemblement National pour ce scrutin, ni Nuihau Laurey, que le parti soutient officiellement dans cette troisième circonscription, ne sont des partisans de la souveraineté polynésienne. Moetai Brotherson ? « Qu’est ce qu’il a fait pour les Raromatai ? Rien du tout » Qu’importe, pour Sylviane Terooatea comme pour d’autres, l’important c’est le changement. En 2017, les orange avaient soutenu Moetai Brotherson lors du deuxième tour. « Qu’est ce qu’il a fait pour les Raromatai ? Rien du tout, à aucun moment il s’est rapproché de nous pour nous demander quelles sont les lois que nous pouvons adapter à notre réalité du terrain, dénonce l’ancienne maire d’Uturoa. Aujourd’hui je dis, voilà, je suis là ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/06/SYLVIANE-2.wav Le Amuitahira’a et le Tavini se retrouvent tout de même sur certains points, et notamment la critique de la gestion de la crise sanitaire. Pour les électeurs, « ça n’est pas du passé », explique la candidate, qui dénonce le manque de clarté des autorités dans la lutte contre la pandémie, le nombre important de décès, et surtout la responsabilité de Paris qui a « imposé ses règles » : « L’État doit payer pour les conséquences de cette crise, et ça n’est pas le cas« . Le Pays est lui aussi visé, dans sa gestion quitte à faire quelques écarts avec la réalité. « On s’est abstenu » sur l’obligation vaccinale affirme Sylviane Terooatea. La représentante était absente lors de la séance du 20 août 2021, lors du vote de l’obligation à Tarahoi, mais elle avait donné procuration à Geffrey Salmon, qui a voté « pour » en son nom, et avec les autres élus orange. Enfin l’élue veut s’engager davantage pour l’emploi local, et le retour des fonctionnaires polynésiens au pays : « Voter pour moi c’est sauver nos enfants qui sont à l’extérieur et qui souhaitent revenir chez nous », lance-t-elle. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)