Beyrouth (AFP) – Des bombardements aériens ont touché ces dernières 24 heures quatre hôpitaux de campagne et une banque de sang à Alep en Syrie, aggravant la situation humanitaire pour les 200.000 habitants des quartiers rebelles assiégés par les forces du régime.
Trois de ces hôpitaux étaient hors de service dimanche et le quatrième, où un nouveau-né est décédé, a été sérieusement endommagé, a indiqué le « service de la santé » géré par les rebelles dans cette ville du nord du pays en guerre.
Outre le risque de ne plus pouvoir bénéficier de soins médicaux, les dizaines de milliers d’habitants bloqués dans les secteurs est sous contrôle des rebelles à Alep sont confrontés à des pénuries croissantes de produits alimentaires et de médicaments.
Les établissements touchés samedi soir et dimanche avant l’aube sont situés dans le quartier al-Chaar, a précisé l’Association des médecins indépendants (IDA) qui soutient des centres médicaux d’Alep.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a aussi fait état de ces raids mais n’était pas en mesure de dire s’ils avaient été menés par l’aviation du régime de Bachar al-Assad ou par celle de son allié russe.
Les quartiers rebelles sont totalement assiégés depuis le 17 juillet et fréquemment pris pour cible par les deux aviations. Les prorégime contrôlent les quartiers ouest et cherchent à reprendre les secteurs rebelles d’Alep, l’un des principaux enjeux du conflit.
Dans l’un des hôpitaux visés, un nourrisson de deux jours est décédé après la rupture de son alimentation en oxygène provoquée par une frappe à 01H00 (22H00 GMT samedi), la deuxième contre l’établissement en quelques heures, selon IDA.
« L’hôpital est sérieusement endommagé et ce n’est pas la première fois » qu’il est touché, a dit Malika, l’infirmière en chef de l’hôpital des enfants.
Selon le « service de la santé », les médecins « ne peuvent plus faire sortir les blessés de la ville ou y faire entrer des médicaments ».
– ‘Désastre majeur’ –
Ces derniers mois, de nombreux hôpitaux ont été endommagés et des membres du personnel médical tués par des bombardements sur les quartiers rebelles.
Seuls cinq hôpitaux sont encore opérationnels dans ces quartiers, a indiqué IDA dans un communiqué. « Nous sommes face à un désastre humanitaire majeur, avec la suspension de l’aide médicale » et « le siège et la destruction des soins de santé constituent des crimes de guerre ».
Marianne Gasser, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Syrie, s’est dite « submergée par le désespoir ».
Dimanche après-midi, les raids aériens ont repris sur le secteur est d’Alep après une brève pause, selon un correspondant de l’AFP sur place.
Cinq civils dont un enfant ont péri dans les frappes durant la journée, a indiqué l’OSDH.
Plus au nord, à Minbej, de violents combats opposaient dimanche des combattants du groupe Etat islamique (EI) aux Forces démocratiques syriennes (FDS) après l’expiration de l’ultimatum que cette alliance arabo-kurde avait donné aux jihadistes pour qu’ils évacuent leur bastion.
« Les FDS mènent des attaques et essaient d’encercler l’EI dans le centre » de Minbej, a affirmé l’OSDH, en précisant qu’elles avaient réussi à s’emparer d’un quartier du nord-ouest de la ville.
Huit civils ont été tués par l’EI alors qu’ils tentaient de fuir la ville assiégée, a précisé l’ONG en faisant état de la mort de cinq membres des FDS et de 18 jihadistes dans les combats.
– Efforts diplomatiques –
Déclenché en mars 2011, le conflit syrien s’est mué en une guerre complexe impliquant une multitude d’acteurs locaux, régionaux et internationaux. Il a fait plus de 280.000 morts et forcé des millions de personnes à fuir.
Toutes les tentatives de faire respecter durablement les trêves entre rebelles et régime ont échoué, de même que les efforts d’un règlement politique.
Dimanche, le régime s’est dit « prêt à poursuivre le dialogue inter-syrien sans aucune condition préalable, dans l’espoir qu’il conduira à une solution globale ».
Il a également souligné sa « disposition à coordonner les opérations aériennes contre le terrorisme dans le cadre de l’accord entre la Russie et les États-Unis ».
La semaine dernière, Moscou et Washington se sont mis d’accord pour coopérer militairement en Syrie contre les groupes jihadistes EI et le Front Al-Nosra, branche locale d’Al-Qaïda. Le secrétaire d’Etat John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov doivent de nouveau en discuter en début de semaine au Laos.
© AFP Thaer Mohammed
Un enfant blessé évacué après un raid aérien le 23 juillet 2016 à Alep en Syrie