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Syrie: le régime proche de son objectif de reconquête d'Alep

Alep (Syrie) (AFP) – Les forces progouvernementales syriennes se rapprochent de leur objectif de reprendre le contrôle de la totalité d’Alep, deuxième ville de Syrie, et ont déjà reconquis plus de 60% des secteurs tenus par les rebelles.

Devant la situation désastreuse que subissent les civils pris dans les combats, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer lundi sur un projet de résolution demandant une trêve des hostilités d’au moins sept jours à Alep.

Au 20e jour d’une offensive de grande ampleur, les forces du régime ont encore progressé dimanche vers la reconquête de l’ensemble de la deuxième ville du pays, divisée depuis 2012 en quartiers tenus par les rebelles à l’est et quartiers contrôlés par le régime à l’ouest.

Elles ont déjà repris plus de 60% des secteurs tenus par les rebelles, qui tentent de résister malgré des moyens limités, selon une ONG, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Depuis le 15 novembre et le début de leur offensive, les forces prorégime font pleuvoir les bombes, les obus et les barils d’explosifs sur ces quartiers tout en avançant au sol avec l’appui de combattants étrangers, notamment irakiens et du Hezbollah libanais.

Après avoir repris aux rebelles les quartiers nord d’Alep-est, l’armée et ses alliés tentent désormais de s’emparer des quartiers sud, notamment ceux de Chaar et Cheikh Saïd, où elles livrent combat aux insurgés.

– De nouveaux quartiers repris –

Ils se sont emparés dimanche des quartiers de Karam al-Myessar, Karam al-Tahhan et de parties du quartier de Qadi Askar, selon la télévision d’Etat.

Les hélicoptères de l’armée ont largué sur Alep-est des milliers de tracts appelant « les combattants à abandonner leurs armes », a indiqué l’agence de presse officielle Sana. 

Le pouvoir du président Bachar al-Assad fait fi des protestations de nombreux pays occidentaux qui dénoncent des crimes de guerre ainsi que de l’ONU qui l’exhorte à autoriser l’entrée de convois humanitaires dans Alep-est.

La Russie, fidèle alliée du régime, qui ne participe pas actuellement aux bombardements d’Alep mais assure un soutien tactique, a annoncé l’envoi d’aide humanitaire aux habitants de la ville. « Plus de 30 camions sont arrivés avec des habits chauds, des couvertures et de la nourriture », selon un commandant russe sur place.

En 20 jours, au moins 311 civils, dont 42 enfants, ont été tués dans les quartiers rebelles d’Alep et environ 50.000 de leurs 250.000 habitants ont fui leurs foyers, selon l’OSDH.

Et près de 70 personnes ont été tuées dans les quartiers gouvernementaux par des tirs rebelles.

La reprise de l’ensemble des quartiers rebelles, assiégés depuis plus de quatre mois et manquant de tout, assurerait au régime sa plus importante victoire depuis le début d’une guerre qui a fait plus de 300.000 morts et jeté sur les routes plus de la moitié de la population.

Impuissante elle aussi à peser sur la situation, l’opposition politique en exil a de nouveau demandé « au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’assumer leurs responsabilités et d’agir immédiatement pour faire cesser les bombardements et les massacres et assurer la distribution de l’aide sans conditions ».

– Projet de trêve d’au moins sept jours –

Le Conseil de sécurité doit voter lundi à New York sur un projet de résolution demandant une trêve d’au moins sept jours à Alep et un accès humanitaire aux habitants d’Alep-est pris au piège des combats, ont indiqué des diplomates.

Le texte a été mis au point par l’Egypte, la Nouvelle-Zélande et l’Espagne après de longues négociations avec la Russie, très réticente. Malgré des concessions faites par ses promoteurs, il n’est pas certain que Moscou laisse passer ce projet.

La Russie avait proposé une trêve de 24 heures seulement, renouvelable, et voulait que les groupes armés extrémistes comme le Front al-Nosra soient explicitement exclus du cessez-le-feu.

Dans la province d’Idleb (nord-ouest), voisine de celle d’Alep et en très grande partie contrôlée par les rebelles, au moins 46 personnes, en majorité des civils, ont péri dimanche dans des raids aériens, probablement russes, selon l’OSDH.

A Maaret al-Noomane, où 18 civils ont péri, un photographe de l’AFP a vu des habitants et des secouristes tenter de retrouver des survivants dans les décombres d’un marché de légumes touché par les raids.

Six civils, dont quatre enfants, sont par ailleurs morts dans des raids aux barils d’explosifs menés par le régime sur un secteur du sud de la province d’Idleb contrôlé par l’Armée de la conquête, une coalition de rebelles islamistes et de jihadistes de Fateh al-Cham.

© AFP George OURFALIAN
Des soldats des forces syriennes dans le quartier de Karam al-Myessar, le 4 décembre 2016 à Alep