Radio1 Tahiti

Syrie: premier convoi humanitaire à Daraya depuis 2012, sans nourriture

Beyrouth (AFP) – Un convoi humanitaire est entré mercredi à Daraya, le premier depuis le début du siège imposé en novembre 2012 par le régime à cette ville rebelle de la province de Damas, mais l’aide n’inclut pas de nourriture au grand désespoir des habitants affamés.

Cette livraison a été rendue possible après l’entrée en vigueur mercredi, dans cette ville qui se situe à 10 km au sud-ouest de Damas, d’une trêve de 48 heures décidée à l’initiative de la Russie et coordonnée avec Washington et le régime de Damas.

En dépit des appels des habitants, des exhortations de l’ONU et des organisations des droits de l’Homme, le gouvernement avait toujours refusé de laisser entrer de l’aide à Daraya, alors qu’il l’a autorisé dans plusieurs autres localités depuis l’instauration d’un cessez-le-feu partiel le 27 février.

Daraya représente un fief rebelle très symbolique pour l’opposition car elle a été l’une des premières villes à se soulever contre le régime en 2012, et l’une des premières aussi à être assiégée.

Mercredi, l’aide a finalement pu entrer et des membres de l’ONU et du Croissant-Rouge syrien ont accompagné le convoi, a affirmé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur Twitter.

Mais selon les Comités locaux de coordination (LCC, militants) de cette ville entièrement détruite qui a perdu 90% de ses 80.000 habitants, le convoi porte « des aides médicales » mais pas de nourriture, alors que la population souffre de graves pénuries et de malnutrition. 

– ‘Promesses et mots creux’-

« C’est une bonne nouvelle que les habitants de Daraya aient pu aujourd’hui recevoir leur première livraison d’aide depuis 2012 mais il est choquant et complètement inacceptable que les camions ne soient pas autorisés à transporter de la nourriture », a déploré dans un communiqué Sonia Khush, responsable de Save the Children en Syrie.

« Les enfants syriens affamés ne peuvent plus avaler des promesses et des mots creux », a-t-elle ajouté.

Plus de 4,5 millions de personnes en Syrie sont toujours prises au piège dans des zones assiégées ou difficiles d’accès et au cours du mois dernier, seules 3% d’entre elles ont reçu une aide de l’ONU, selon l’ONG. 

L’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Mistura avait tiré la sonnette d’alarme jeudi à Genève, avertissant que « beaucoup de civils risquent de mourir de faim », citant, entre autres, la localité de Daraya.

La ville devait accueillir son premier convoi d’aides le 12 mai, mais il s’était finalement vu refuser l’entrée par les forces du régime, « malgré une autorisation préalable de toutes les parties », selon le CICR.

Une trêve entre régime et rebelles instaurée en Syrie depuis le 27 février sous l’impulsion des Russes et des Américains a été violée à plusieurs reprises.

Pressé par son allié russe de cesser ses bombardements dans les zones rebelles au sud-ouest de Damas afin de donner une chance aux pourparlers de paix, le régime a accepté, en coordination avec Washington et à l’initiative de Moscou, une trêve de 48 heures à Daraya.

« Afin d’assurer la livraison de l’aide humanitaire à la population en toute sécurité, une trêve de 48 heures a commencé le 1er juin 2016 à partir de 00H01 à Daraya, dans la province de Damas », selon un communiqué du ministère de la Défense de Moscou.

Pour Basma Kodmani, membre du Haut comité des négociations (HCN) qui rassemble les principaux représentants de l’opposition et de la rébellion syriennes, « les Russes ont clairement exercé une pression, le régime a envoyé un convoi ». Mais « nous voulons un changement radical de stratégie, la fin de la stratégie de famine ».

Les Etats-Unis et la Russie sont les parrains du processus diplomatique, pour l’heure sans avancées notables, visant à trouver une issue durable au conflit qui a fait plus de 280.000 morts en cinq ans.

© AFP/Archives FADI DIRANI
Des Syriennes assisent à Daraya, au sud-ouest de Damas, le 23 mai 2016