Le compte à rebours des 1000 jours avant les Jeux du Pacifique sera lancé à la fin du mois lors d’une cérémonie à la pointe Vénus. Les organisateurs veulent créer de l’engouement autour de Tahiti 2027, mais certains responsables sportifs s’inquiètent : les rénovations et construction d’infrastructures pour accueillir les compétition n’ont toujours pas démarré. Nahema Temarii veut rassurer : leur lancement est prévu au premier semestre 2025. « Improbable », donc, que tout soit prêt pour 2026, comme c’était envisagé – et même promis au Pacific Games Council – mais la ministre assure que les sites seront bien livrés avant les Jeux.
« J-1000 ». C’est ce que veut célébrer le Comité organisateur des Jeux du Pacifique (Coj) le 27 octobre prochain à la point Vénus. Une manière de créer une dynamique populaire autour de ces XIIIe Jeux du Pacifique qui auront lieu du 26 juillet au 8 août 2027 entre Tahiti, Moorea et Raiatea. Une page Facebook « Road to Tahiti 2027 », a même été créée pour permettre à la population de suivre les actualités qui y sont liées. L’engouement est déjà palpable dans beaucoup de fédérations ou autour de futurs membres de la délégation tahitienne, déterminée à faire briller le fenua comme jamais au tableau des médailles de ces Jeux « à la maison ». Mais pour certains responsables sportifs, cette motivation est doublée d’une inquiétude et d’une question : les infrastructures sportives promises seront-elles prête à temps ?
Car Tahiti 2027 a besoin de nombreux chantiers pour être organisé. Certes, le gouvernement Brotherson, quelques mois après sa prise de fonction, avait revu à la baisse les ambitions de l’organisation. En rangeant au placard le centre aquatique d’Aorai promis au COPF et à la Fédération de natation, et en recentrant les projets d’équipement sur des réhabilitation plutôt que des nouveautés, l’enveloppe d’investissement, fixée à 30 milliards sous l’ère Fritch a été réduite à 18 puis finalement à 13 milliards par la nouvelle ministre des Sports Nahema Temarii. Mais Rénovation importantes à Pater, au stade Fautaua, création d’une piste d’athlétisme au format olympique à Hitia’a – un projet qui n’a jamais convaincu la fédé concernée -, installation de bassins temporaires – là aussi, au format et aux normes olympiques – du côté de Mamao, ou encore création d’une salle de squash à Pirae… À cette liste s’ajoutent les projets de « réhabilitations » à Fei Pi, Excelsior, Venus ou bien JT. Autant de sites qui n’ont pour l’instant connu aucun coup de pelle : des infrastructures du Pays aux équipements des « club bâtisseurs », leur préparation sont toujours en attente.
Livraison en 2026 ? « Humainement improbable »
Si la question anime tant les conversations à deux ans et demi des Jeux, c’est parce que le Pacific Games Council (PGC) avait insisté, lors de son dernier passage au fenua en avril, sur la nécessité de livrer les équipements qui accueilleront les compétitions dès 2026. Un calendrier qui semblait alors parfaitement convenir aux représentants du Coj ou du comité olympique de Polynésie. Car avoir des stades et des salles prêtes un an avant les Jeux, c’est se prémunir contre les retards et autres malfaçons, fréquentes sur ce genre de chantiers. C’est aussi donner l’opportunité aux athlètes tahitiens de se les approprier… et ainsi conserver l’avantage du domicile. Le Pays ne semblait pas d’un avis différent, d’autant qu’en 2026 doivent être organisés, à Tahiti, et après une série de jeux dans les archipels, les « Jeux de Polynésie », sorte de répétition générale avant Tahiti 2027… qui gagneraient bien sûr à se tenir sur les installations définitives.
Et pourtant, six mois après la visite du PGC l’objectif de livraison en 2026 semble ne plus être retenu par les autorités. « L’ensemble des infrastructures vont être livrées pour 2027, ça, c’est certain, rassure Nahema Temarii. Maintenant compte tenu du retard de deux ans et demi pris au moment où on récupère le dossier à notre nomination, évidemment tous les chantiers ne seront pas au rendez-vous en 2026, c’est humainement improbable. Il va falloir composer avec et s’adapter ». De quoi créer des frictions avec le PGC ? Non, assurent les services du Pays, qui retiennent que des dérogations pour retard ont été fréquemment accordées lors des précédentes éditions, au point qu’elles en deviennent presque la règle aux Jeux du Pacifique. Le changement de majorité et de têtes dans l’administration, les péripéties parallèles de l’organisation des JO, qui ont « mobilisées beaucoup d’énergie » et la réorientation de certains projets ont coûté de précieux mois aux organisateurs. Mais les autorités insistent sur le fait que les études ont bien été lancées, et même, pour beaucoup, déjà rendues. « Tous les chantiers seront lancés courant 2025 », insiste la ministre des Sports.
Deux milliards pour la natation et des bassins toujours pas commandés
Le calendrier reste tout de même serré, surtout pour les projets les plus ambitieux comme la nouvelle piste d’athlétisme à Hitiaa – dont les études, qui ont pris fin, confirment sa faisabilité – ou encore l’installation de bassins éphémères à Mamao, qui pourraient révéler quelques défis techniques… Et qui n’ont pas encore été commandé. Le projet est chiffré désormais à deux milliards de francs avec les vestiaires et tous les aménagements annexes et en comptant bien sûr les bassins, qui devraient être installés « en dur » et hors de la zone urbaine après les Jeux.
Le défi pour le Pays et notamment l’IJSPF, mis en charge des plus gros chantiers, reste de taille, mais Nahema Temarii se dit confiante. Quant au Coj, certains de ses responsables ont participé ces derniers jours à l’assemblée générale du PGC à Palaos, pays hôte des Mini Jeux 2025. C’est là qu’a été acté le choix des îles Cook pour les mini-Jeux de 2029 et de Tonga pour l’organisation des Jeux du Pacifique 2031. Mais les responsables du Pacific Games Council, « propriétaires » des Jeux, ont bien les yeux rivés, dès aujourd’hui, sur Tahiti, et sur l’avancée de ses chantiers.