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Tahiti « poisson » de Raiatea ?

©Natan Decarrière

Bruno Saura présentait son dernier ouvrage à la presse mercredi matin à la maison d’édition Au Vent des îles. Intitulé Un poisson nommé Tahiti, mythes et pouvoirs aux temps anciens polynésiens, cet ouvrage se focalise sur le mythe le plus célèbre sur l’origine de Tahiti. Elle serait en fait un poisson, un morceau détaché de Raiatea qui serait la terre originelle de la Polynésie. Fruit de quatre années de travail, de nombreuses lectures, et d’innombrables recherches, ce livre se base sur de nombreux travaux et écrits d’ethnologues d’Hawaii mais aussi de Nouvelle-Zélande. Bruno Saura sera en séance de dédicace samedi de 9h à midi à la librairie Odyssey et au Salon du livre samedi 16 novembre.

Professeur de civilisation polynésienne à l’Université de Polynésie, Bruno Saura est un véritable spécialiste de la société tahitienne contemporaine, que ce soit sur le plan religieux, politique ou identitaire. Il choisit aujourd’hui de changer de cap et de se plonger dans l’étude du passé polynésien en s’intéressant à ses traditions et ses mythes. Fruit d’un long travail de recherche et de documentation, ce livre conte le mythe d’une anguille qui aurait avalé une jeune fille avant d’ébranler la terre de l’île de Raiatea. Cette secousse provoque le détachement d’un morceau de terre qui a dérivé avant de s’enliser à l’emplacement actuel de Tahiti. Cela remet en perspective les pouvoirs subalternes entre Raiatea et Tahiti, qui serait à l’origine une île sans chefs anciens ni dieux. Le livre tente de répondre à ces interrogations comme sur une éventuelle domination antérieure de Raiatea où se trouve le marae international de Taputapuatea. Bruno Saura qualifie ce mythe d’inspirant.

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Raiatea est une référence de l’origine de la Polynésie dans l’imaginaire collectif, ce que ne contestent pas vraiment les habitants de Tahiti. Bruno Saura insiste sur le fait que ce mythe n’existe pas chez les ethnologues maori de Nouvelle-Zélande ou de Hawaii, ni dans les récits des premiers navigateurs arrivés sur les îles comme James Cook. Bruno Saura explique qu’il s’agit aussi de déterminer si Tahiti est née grâce à Raiatea ou si elle est le produit du ventre de l’océan, un hawaiki.

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Bruno Saura s’appuie sur une bibliographie conséquente qu’il évoque dans la deuxième partie de son ouvrage. L’auteur s’est rapproché des sources du mythe datant du 19ème siècle pour rester le plus proche possible de la réalité. Il a pour cela consulté le travail de nombreux ethnologues océanistes comme E.S Craighill Handy ou Peter Buck Te Rangi Hiroa. Il s’est aussi documenté grâce aux travaux  de lettrés tahitiens tels que Jean-Marius Raapoto. Ce mythe du départ du poisson est le plus connu et le plus inspirant encore aujourd’hui dans les écoles de danse et chez les écrivains contemporains.

Enfin, la dernière partie du livre relativise les lectures politiques du mythe, qui ne le remettent jamais en question. Il existe des traditions dans la culture polynésienne où Tahiti n’est pas un poisson de Raiatea et n’aurait même aucun lien avec elle, d’où l’importance de nuancer le propos pour Bruno Saura. L’écrivain sera présent à la librairie l’Odyssey samedi de 9h à midi pour faire dédicacer son livre. Il le présentera également le samedi 16 novembre lors du salon du livre organisé à la Maison de la culture.

Pratique :

Un poisson nommé Tahiti, mythes et pouvoirs aux temps anciens polynésiens (372 pages), éditions Au Vent des Îles

Prix : 2 950 Fcfp

samedi 9 novembre : séance de dédicace de 9h à midi à la librairie Odyssey

samedi 16 novembre: présentation au salon du livre à 13h30