Pas moins de 464 Polynésiens avaient rendez-vous cet après-midi à la présidence. Tous avec le même but : intégrer le corps de soutien technique et administratif de la gendarmerie nationale. Un concours qui connait chaque année un peu plus de succès chez les jeunes du fenua, en quête d’une carrière stable sur un marché du travail sous tension.
« Ca ne m’impressionne plus, il y a du monde à chaque fois », commente Heilani en rentrant sous le grand chapiteau de la Présidence. Un des seuls sites assez vastes pour recevoir cette épreuve écrite d’admissibilité pour le corps de soutien technique et administratif de la gendarmerie nationale (CSTAGN). La jeune fille, âgée de 29 ans, n’en est pas à son premier concours, elle « regarde très souvent sur le site du Haussariat » pour ne pas en louper un. Et ce corps affecté suivant les spécialités à la gestion logistique, financière ou administrative de la gendarmerie, aux affaires immobilières, à la restauration ou encore à l’armurerie ou à la gestion du parc d’engins, est son objectif principal. Elle n’est pas la seule : 464 Polynésiens étaient inscrits à cette session annuelle, confirmant le succès de la session 2020.
Malgré les quelques dizaines d’absents, Tahiti reste donc, pour la deuxième année consécutive, le premier centre d’examen et de recrutement de France pour le CSTAGN. « Incontestablement, les métiers de la gendarmerie attirent », se félicite le maréchal des logis-chef Thibault Miège. Le chef du centre de recrutement insiste sur les efforts de communication et d’organisation, réalisés « en partenariat avec le Pays ». Comme le relève Dominique Sorain, passé en visite « d’encouragement » avant le début de l’épreuve, les jeunes Polynésiens « ont toujours été attirés par ce genre de recrutement ». « Il ne faut pas oublier que la Polynésie est aussi une terre de recrutement pour l’armée, avec 500 à 600 jeunes qui s’engagent tous les ans dans l’Armée de Terre, de l’Air ou la Marine, note le Haussaire. Et la gendarmerie offre elle aussi de très beaux débouchés ».
Partir vivre en métropole ? « Tant pis »
Entre les tables d’examens, les candidats parlent eux aussi des « débouchés ». Mais à la question des motivations de chacun, c’est souvent l’état du marché du travail polynésien – et ses perspectives plutôt moroses ces temps-ci – qui est cité en premier. « Pour nous, c’est la seule option pour trouver un emploi stable, on va dire », explique Hauarii, inscrit en spécialité « gestion logistique et financière », et qui en est à sa deuxième tentative. Vu les difficultés économiques actuelles au fenua, « je suis même étonné qu’il n’y ait pas plus de monde » explique le jeune homme, déjà expérimenté en comptabilité. Heilani, elle aussi a déjà tenté le concours. « J’ai du mal à trouver du travail alors que j’ai un BTS et une licence, note la jeune femme. Mais c’est aussi parce que c’est un métier que j’aimerai bien découvrir ». Et « tant pis » si il faudra, pour ça, se former et commencer sa carrière hors du fenua, avec des possibilités de retours d’autant plus restreinte que les Polynésiens sont de plus en plus nombreux dans le CSTAGN.
74 admis en 2020
Mais avant de lancer cette carrière, il faudra réussir le concours. Comme le précise Thibault Miège, cette « épreuve d’admissibilité écrite » n’est qu’un premier pas. « Dans un mois ils auront les résultats et si ça passe ils auront la phase d’admission à passer : des épreuves sportives, des tests psychotechniques, un entretien avec un jury et un psychologue, liste le chef du centre de recrutement. Avec, en espérant pour eux, un départ en métropole ». Un parcours du combattant très sélectif : environ 150 places pour les 1 200 candidats nationaux. L’année passée, les candidats – et surtout les candidates – du fenua avaient impressionné par leur réussite : 74 admis, un record pour n’importe quelle collectivité française. Le groupe parti le mois dernier a ainsi constitué un tiers de la promotion de mars l’école de gendarmerie de Rochefort.