Le gouvernement travaille sur une modification du Code de l’énergie qui veut réformer les tarifs de rachat de la production résiduelle des autoconsommateurs : ils pourraient sérieusement baisser pour les entreprises, et augmenter pour les particuliers… mais dans des limites très vite atteintes. Les professionnels du secteur craignent que ces publics ne soient, en fait, découragés de s’équiper.
Si le plan énergétique de la Polynésie française prévoit toujours 75% d’énergies non renouvelables, notamment en doublant le nombre de toitures équipées de panneaux solaires, d’ici à 2030, une hypothèse de travail dans le cadre d’une prochaine modification du Code de l’énergie dit, pour l’instant, tout autre chose.
Depuis 2011, EDT rachète le kWh au tarif de 15,98 Fcfp à Tahiti, et 23,68 Fcfp dans les autres îles. Dans le projet de loi en gestation, les producteurs d’électricité qui voudraient revendre leur production seront séparés en deux catégories.
Pour les premiers, les « producteurs exclusifs », le tarif de rachat du kWh dans les îles reste inchangé à 23,68 Fcfp, et à Tahiti il varie de 12 Fcfp pour les installations les plus puissantes à 20 Fcfp pour les plus petites.
Pour les seconds, les « autoconsommateurs en revente de surplus », deux cas de figure : ceux dont l’installation est d’une puissance supérieure à 3 kWc, comme les entreprises ou magasins qui installent des panneaux solaires sur leurs toits, le tarif de rachat va tomber de 15,98 Fcfp à seulement 5 Fcfp. En revanche, les petits consommateurs dont l’installation est d’une puissance inférieure à 3 kWc – les particuliers, principalement – le tarif monte à 20 Fcfp. Cette puissance de 3 kWh est réputée suffisante pour une maison abritant quatre personnes, d’une surface de 100 à 150 m2, hors climatisation, piscine, ou borne de recharge rapide pour une voiture électrique. La capacité de revente à EDT serait donc limitée, aussi alléchant le tarif soit-il sur le papier. Tous ces autoproducteurs d’électricité verraient ainsi se rallonger la durée d’amortissement de leur installation, qu’ils auront donc « intérêt à bien dimensionner », dit un professionnel du secteur.
Les professionnels insatisfaits
Les installateurs de centrales photovoltaïques sont pour l’instant insatisfaits. Le projet de loi serait loin des déclarations du rapport d’orientation budgétaire qui stipule : « la révision du cadre des installations en toiture sera une priorité afin de couvrir l’éventail complet des possibilités de développement des EnR. Ces installations bénéficieront tant aux particuliers qu’aux entreprises. » Ils craignent au contraire que les tarifs projetés ne découragent ces publics, et que l’objectif affiché de doubler la surface de panneaux solaires en toiture ne soit pas atteint. Certains dénoncent aussi la marge bénéficiaire que EDT dégagerait en rachetant à ces tarifs un kWh facturé ensuite « 40 Francs en moyenne », même si EDT et la TEP supportent les coûts de construction et de maintenance du réseau électrique.
La messe n’est pas encore dite : le travail sur le projet de loi et les premières concertations datent d’avant l’entrée en fonction du ministre de l’Économie et des Finances en charge des énergies, Warren Dexter, qui a eu fort à faire jusqu’ici sur le front budgétaire mais va devoir s’intéresser de plus près à ce dossier. Car il pose la question de la pertinence de la réinjection dans le réseau de l’énergie renouvelable produite par les petits producteurs d’électricité.